Chamboulée par les manifestations d'agriculteurs, la Pologne menace de fermer sa frontière avec l'Ukraine

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, n'exclut pas de fermer « temporairement » la frontière aux échanges avec l'Ukraine. Le pays fait face à des manifestations et des blocages des agriculteurs. Les exploitants protestent contre l'importation de produits agricoles ukrainiens et dénoncent une concurrence déloyale.
« Nous discutons également avec la partie ukrainienne de la fermeture temporaire de la frontière et de la fermeture des échanges de marchandises en général », a déclaré Donald Tusk.
« Nous discutons également avec la partie ukrainienne de la fermeture temporaire de la frontière et de la fermeture des échanges de marchandises en général », a déclaré Donald Tusk. (Crédits : ALEKSANDRA SZMIGIEL)

Solution de dernier recours pour le gouvernement polonais ? Face à la grogne sociale que connaît le pays à cause de l'importation des produits ukrainiens, exemptés de droits de douane depuis le début de la guerre en février 2022, le gouvernement pourrait fermer temporairement sa frontière aux échanges de marchandises avec l'Ukraine. Le Premier ministre polonais n'a, en tout cas, pas exclu cette option, lors d'une conférence ce mercredi.

« Nous discutons également avec la partie ukrainienne de la fermeture temporaire de la frontière et de la fermeture des échanges de marchandises en général », a déclaré Donald Tusk, soulignant qu'il s'agirait d'une solution « douloureuse pour les deux parties ».

Déjà, le 8 février, le ministre polonais de l'Agriculture, Czeslaw Siekierski, avait déclaré à la radio publique nationale que des interdictions « totales » d'importations pourraient être nécessaires pour de nouveaux groupes de produits. « Cela pourrait être nécessaire pour le sucre, si son afflux est trop important, pour la volaille », a-t-il estimé, ajoutant que le gouvernement avait l'intention de soulever la question lors de discussions avec Kiev.

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Des manifestations d'agriculteurs polonais qui empirent

La Pologne compte pourtant parmi les plus grands soutiens de l'Ukraine depuis l'agression russe contre ce pays. Les frictions liées à l'interdiction unilatérale des importations de céréales par Varsovie ont toutefois entamé les relations entre les alliés. La Pologne avait pris cette mesure sous le précédent gouvernement nationaliste, mais l'a maintenue après l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle coalition pro-UE en octobre.

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A l'origine de ces tensions, depuis novembre dernier, les agriculteurs polonais bloquent régulièrement plusieurs points de passage de la frontière avec l'Ukraine. Objectif : protester contre la concurrence de leur voisin qui pèse sur leurs revenus et qu'ils trouvent injuste, l'Ukraine n'étant pas soumise aux règles de l'UE, notamment en matière de bien-être animal.

Or, ces derniers jours, la situation a empiré. Le 11 février dernier, des agriculteurs polonais ont arrêté un camion transportant des céréales ukrainiennes alors qu'il traversait la frontière, puis ont déversé sa cargaison. Vendredi dernier, des manifestants polonais ont aussi déversé des cargaisons de blé ukrainien d'un train.

Les dirigeants polonais appellent leurs homologues à l'aide

Juste après l'annonce de l'incident, Oleksandre Koubrakov, le ministère ukrainien des Infrastructures a dénoncé ce « crime » et appelé Varsovie à en punir les coupables. Le ministre a aussi précisé que « des inconnus ont endommagé des graines de colza dans trois wagons céréaliers ». D'après ses informations, « la cargaison transitait par la Pologne à destination de Hambourg, en Allemagne ».

« Je ne peux que constater que des crimes impunis continuent à se répéter. (...) Les criminels doivent être retrouvés et punis immédiatement afin que d'autres ne soient pas tentés de recommencer », a par ailleurs dénoncé le ministre, sur Facebook.

Par ailleurs, le dirigeant a confirmé qu'une réunion sur le sujet entre les gouvernements polonais et ukrainien se tiendra le 28 mars, à Varsovie. Il a assuré que les entretiens politiques entre les ministres des deux pays « se tiennent sans arrêt » et que lui-même restait « en contact permanent » avec son homologue ukrainien. En attendant cette réunion, le Premier ministre ukrainien et des membres de son gouvernement se sont rendus vendredi dernier à la frontière avec la Pologne pour tenter d'apaiser la situation.

De son côté, la Commission européenne a indiqué le 19 février « continuer » à chercher des « solutions » qui permettraient de préserver « un soutien économique maximal à l'Ukraine », ravagée par deux ans de guerre. « Nous pensons que le travail doit être fait pas à la frontière, pas dans une situation de pression, mais en s'asseyant à la table des négociations », a déclaré le porte-parole de la Commission, Olof Gill. Dans cette optique, le 21 février, les Etats membres de l'UE ont approuvé la reconduction de l'exemption des droits de douane pour les importations agricoles ukrainiennes, mais assortie de « mécanismes de sauvegarde » renforcés pour limiter leur impact.

(Avec AFP)

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