Allemagne : la croissance a baissé fin 2022, à la surprise générale

L'Allemagne a enregistré une chute de 0,2% de son PIB au quatrième trimestre 2022, plombé par la crise énergétique et l'inflation. Et ce, alors que les prévisions tablaient sur stagnation de la croissance. Une contraction qui relance le spectre de la récession pour la première économie européenne. Mais le gouvernement allemand se veut confiant, estimant que, si récession il y a, elle sera « plus courte et moins dure » et « compensée par un retour de la croissance à partir du printemps ».
Sur l'ensemble de l'année, l'économie allemande a connu une hausse de 1,8% du PIB, légèrement révisée à la baisse par rapport à la première estimation (1,9% mi-janvier).
Sur l'ensemble de l'année, l'économie allemande a connu une hausse de 1,8% du PIB, légèrement révisée à la baisse par rapport à la première estimation (1,9% mi-janvier). (Crédits : Reuters)

L'économie de la première puissance européenne a cédé au quatrième trimestre 2022. « Après avoir bien tenu, dans des conditions difficiles au cours des trois premiers trimestres, la performance économique a légèrement diminué », a indiqué l'institut Destatis dans un communiqué publié ce lundi 30 janvier.

Le PIB allemand a diminué de -0,2% par rapport aux trois mois précédents en données corrigées des variations saisonnières (CVS). Or, les économistes prévoyaient en moyenne une croissance nulle au quatrième trimestre.

Ce coup de frein, l'institut statistique allemand l'explique par la consommation des ménages qui a flanché à l'entrée de l'hiver, après avoir, elle aussi, résisté tout au long de l'année et porté l'activité.

Sur l'ensemble de l'année, l'économie allemande a connu une hausse de 1,8% du PIB, légèrement révisée à la baisse par rapport à la première estimation (1,9% mi-janvier).

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L'ombre de la récession plane de nouveau sur l'Allemagne...

Reste que cette baisse de croissance n'était pas attendue et surprend tous les experts et, avec elle, l'ombre de la récession plane de nouveau sur l'Allemagne. « Une récession, au moins de courte durée, devient plus probable », commente Jens-Oliver Nikasch, analyste pour la banque LBBW. En effet, si le PIB reculait également au premier trimestre 2023, la première économie européenne entrerait techniquement en récession.

Ce coup de frein de l'économie allemande s'explique principalement par la crise énergétique, causée par la guerre en Ukraine, qui a bousculé le modèle économique allemand. Ce dernier était en effet basé notamment sur l'importation massive de gaz peu cher venant de Russie. La guerre a mis fin aux livraisons russes, occasionnant, pendant une partie de l'année, une flambée des prix en Europe.

... mais le gouvernement reste optimiste pour les mois à venir

L'inflation s'est du coup envolée, comme les coûts de production de l'industrie, moteur de la croissance allemande, alimentant les craintes d'une crise économique majeure pour le pays. Même si l'économie allemande a chuté, elle a globalement mieux résisté que redouté au regard de l'impact de l'invasion russe en Ukraine, selon le gouvernement.

« Si jamais une récession survient, elle sera plus courte et moins dure », et sera « compensée par un retour de la croissance à partir du printemps », a récemment assuré le ministre de l'Économie Robert Habeck, assurant qu'une « crise économique grave » avait été évitée.

Le gouvernement allemand se veut optimiste pour les mois à venir. L'exécutif prévoit ainsi une croissance de 0,2% sur l'ensemble de l'année 2023 et non plus une récession comme c'était le cas à l'automne dernier.

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Les facteurs de résilience de l'économie allemande

Plusieurs facteurs expliquent cette résilience. Les prix de l'énergie, et notamment du gaz, ont baissé ces derniers mois, grâce à un hiver doux en Europe, et aux efforts de Berlin pour accroître son approvisionnement en gaz liquéfié.

Sur le front de l'offre, l'amélioration progressive des tensions sur les chaînes d'approvisionnement dans les marchés mondiaux a soulagé l'industrie exportatrice.

Il faut aussi noter que l'Allemagne a dépensé sans compter pour soutenir les ménages. La politique de Berlin a consisté à débloquer un budget inédit de l'ordre de 200 milliards d'euros fin 2022 pour amortir le choc énergétique sur les foyers allemands et les entreprises, notamment industrielles. Le montant colossal de l'enveloppe avait d'ailleurs provoqué l'ire de ses partenaires européens, inquiets de l'avantage concurrentiel offert aux entreprises allemandes.

Toutes ces mesures ont permis de calmer l'inflation, qui a commencé à décroître après le pic de 10,4% en octobre. Le ministère de l'Économie s'attend à ce que cette tendance continue cette année. D'après des chiffres publiée la semaine dernière, l'inflation devrait revenir à 6% cette année, après avoir atteint 7,9% en moyenne en 2022, du jamais-vu doit-on rappeler dans l'Allemagne d'après-guerre.

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(avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 30/01/2023 à 15:14
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le seul element negatif qui persiste, est le prix de l electricite qui est prevu, a moyen terme, 3 a 4 fois plus cher qu avant la guerre en ukraine. C est une resilience de court terme. Au long terme ou moyen terme, on risque des deloccalisations. Bo...

à écrit le 30/01/2023 à 15:11
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Un non article : -0.2% au lieu de 0%, c'est dans la marge d'erreur des calculs de prévision

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