Inflation : en 2022, à +7,9%, l'Allemagne a battu son record historique de 1951

L'inflation avait pourtant nettement ralenti en décembre en Allemagne, sur fond d'accalmie des prix de l'énergie et grâce aux aides de l'État. Mais cela n'a pas suffi car, sur l'année, la flambée des prix a atteint un plus haut historique à 7,6%. Et une nouvelle remontée est attendue dès ce début 2023...
L'Allemagne n'avait pas connu une telle inflation depuis la Seconde Guerre mondiale, et 2023 verra d'emblée une remontée des prix après la petite accalmie des prix en décembre.
L'Allemagne n'avait pas connu une telle inflation depuis la Seconde Guerre mondiale, et 2023 verra d'emblée une remontée des prix après la petite accalmie des prix en décembre. (Crédits : Reuters)

L'Allemagne a enregistré en 2022 sa pire envolée des prix. D'après des données provisoires publiés ce mardi 3 janvier par l'institut de statistiques Destatis dans un communiqué, l'inflation a en effet atteint +7,9% sur l'ensemble de l'année, dépassant le précédent record de 7,6% en 1951, au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

La première économie d'Europe est frappée de plein fouet par l'envolée des prix de l'énergie dans le sillage de la guerre russe. Et la baisse de 1,4 point en décembre par rapport à novembre, à 8,6%, n'aura pas suffi à éviter ce plus-haut historique. Mais cette baisse de décembre confirme néanmoins le recul amorcé en novembre après le pic d'octobre à 10,4% en glissement annuel (normes nationales).

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Une baisse due à l'aide de l'État et à une météo clémente

Plusieurs facteurs ont joué en faveur d'une accalmie des prix en décembre. À commencer par une aide publique ponctuelle reçue par les ménages et les entreprises sur les prix du gaz. De quoi faire baisser les prix globaux dans une ampleur non encore précisée par Destatis.

Les températures douces ont par ailleurs ralenti la demande tandis que l'offre de gaz reste abondante, avec des réservoirs remplis à plus de 90% dans le pays et alors que surviennent les premières livraisons directes de gaz naturel liquéfié (GNL) sur le territoire allemand. Le géant gazier allemand Uniper a ainsi annoncé ce mardi avoir réceptionné le premier chargement complet de gaz naturel liquéfié (GNL) à son terminal de Wilhelmshaven, en mer du Nord, en provenance des États-Unis. Ce terminal méthanier flottant est entré en service en décembre.

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Dans le détail, la hausse de l'indice des prix harmonisé, qui sert de référence pour la Banque centrale européenne (BCE), recule également en décembre, à 9,6% sur un an. Sur un mois, les prix baissent de 0,8%. Les prix des biens ont augmenté dans l'ensemble de 13,9% sur un an, contre 17,1% le mois dernier.

L'inflation des denrées alimentaires, attisée par la guerre russe en Ukraine, recule, elle, de seulement 0,4 point de pourcentage, à 20,7% en décembre.

Les prix des services ne montrent pas de signe de modération, à +3,9%, signe d'un rattrapage de la demande refoulée pendant les années de Covid-19.

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Le pire est-il à venir ?

Le choc énergétique n'a toutefois pas fini de faire flamber les prix, selon la BCE. « Nous avons de bonnes raisons de croire » que les taux d'inflation en janvier et février « seront susceptibles d'être plus élevés », avait affirmé la présidente de l'institution monétaire Christine Lagarde en décembre. De nombreuses entreprises vont en effet répercuter durant cette période les surcoûts d'énergie sur leurs prix de vente, a expliqué la présidente de la BCE.

Le gouvernement allemand estime que l'inflation devrait reculer à 7% en 2023 et retomber en 2024 et lors des années suivantes. C'est ce qu'a indiqué le ministre allemand des Finances Christian Lindner dans une interview accordée à Bild la semaine dernière.

Les perspectives économiques du pays demeurent moroses pour 2023 avec une possible contraction du PIB allemand, privé d'approvisionnements en gaz russe. L'Ifo, un institut économique de référence, prévoit une récession limitée à -0,1% contre -0,3% précédemment. Dans ces prévisions d'automne, le gouvernement allemand se basait sur une récession de -0,4%. Selon l'institut IfW Kiel, l'Allemagne pourrait toutefois l'éviter et tablait mi-décembre sur une croissance de « 0,3% » l'an prochain, après avoir prévu une récession de 0,7% il y a quelques mois.

« La légère amélioration des perspectives s'explique par la hausse moins forte que prévu des prix de l'énergie (...) en raison notamment de l'intervention de l'État », assure l'institut IfW.

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(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 03/01/2023 à 18:01
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Et tout ça, grâce au covid-19, qui a servi de bouc émissaire parfait pour justifier l'inflation. Oh, regardez, cette horrible maladie, vite, de l'inflation !

le 04/01/2023 à 14:45
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Immédiatement suivie par les sanctions contre la Russie, c'est pas de chance quand même.

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