Allemagne : en atteignant 1,9%, la croissance du PIB a dépassé les attentes en 2022

En Allemagne, la croissance du PIB a « stagné » durant les trois derniers mois de l'année. Une bonne nouvelle malgré « le contexte difficile » de la guerre en Ukraine et la flambée des prix. Berlin ne tablait cet automne que sur une croissance de 1,4% en 2022, après 2,6% en 2021. Les prochains mois promettent toutefois d'être difficiles.
La première économie de la zone euro défie « toujours la récession »/
La première économie de la zone euro défie « toujours la récession »/ (Crédits : HENRY NICHOLLS)

Face à la crise, l'Allemagne résiste. Selon une première estimation, la croissance a « stagné » durant les trois derniers mois de l'année, évitant à ce stade l'entrée en récession tant redoutée de la première économie de la zone euro. Le gouvernement tablait cet automne sur une croissance de seulement 1,4% en 2022 avec un recul du PIB au quatrième trimestre, après une croissance de 2,6% pour l'année 2021.

La première économie de la zone euro défie « toujours la récession », a résumé Carsten Brzeski, analyste pour ING. Néanmoins, « les pertes économiques globales ont tout de même été considérables puisqu'avant l'offensive russe sur l'Ukraine, on s'attendait encore à une croissance environ deux fois plus élevée », commente Fritzi Köhler-Geib, économiste à la banque KfW.

 La crise énergétique bouscule le modèle allemand

La crise énergétique, causée par la guerre en Ukraine, a bousculé le modèle allemand, basé notamment sur l'importation massive de gaz peu cher venant de Russie. La guerre a mis fin aux livraisons russes, occasionnant, pendant une partie de l'année, une flambée des prix en Europe. L'inflation s'est envolée, comme les coûts de production de l'industrie, moteur de la croissance allemande, alimentant les craintes d'une crise économique majeure pour le pays.

Dans ce contexte, c'est la consommation privée qui a pris le relais, devenant l'an dernier « le principal pilier » de la croissance, explique Destatis, avec des dépenses ayant quasiment retrouvé leur niveau d'avant la pandémie. Les aides massives du gouvernement pour soutenir le pouvoir d'achat leur ont évité de s'effondrer lorsque les prix de l'énergie et de l'alimentation se sont envolés.

Des industries « créatives » pour économiser du gaz

Les industries, elles, « se sont montrées créatives » pour économiser du gaz, souligne Jan-Christopher Scherer, expert de l'institut économique DIW. Selon une étude de l'IFO, trois quarts des industries utilisant du gaz ont baissé leur consommation sans limiter la production. Les prix de l'énergie, et notamment du gaz, ont aussi baissé ces derniers mois, grâce à un hiver doux en Europe, et aux efforts de Berlin pour accroître son approvisionnement en gaz liquéfié.

Sur le front de l'offre, l'amélioration progressive des tensions sur les chaînes d'approvisionnement dans les marchés mondiaux a soulagé l'industrie exportatrice.

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Des prochains mois difficiles

Mais la crise n'est pas finie. « Les prochains mois vont être difficiles », estime Oliver Holtemöller, chercheur à l'institut économique IWH. Même si le cours du gaz a plongé ces derniers mois sur les marchés de court terme, les prix resteront longtemps supérieurs structurellement à leur niveau d'avant crise. Le gaz liquéfié, qui remplace les livraisons russes, est en effet plus cher à produire et à transporter que le gaz de pipeline.

Berlin a certes lancé un bouclier tarifaire à 200 milliards d'euros, qui permettra de bloquer les prix de l'énergie et du gaz en 2023 et 2024. Mais il ne pourra pas tout compenser, surtout si les prix remontent brusquement.  D'autant que les comptes publics ont déjà accusé un déficit de 101,5 milliards en 2022, à 2,6% du PIB, qui devrait se creuser à 3,25% l'an prochain.

Des industries très consommatrices d'énergie pourraient quitter le pays

L'automobile, branche phare, devrait connaître l'an prochain un chiffre de vente encore « inférieur d'un quart à celui de 2019 », avant la pandémie, selon la VDA fédération des constructeurs automobiles. Certaines industries très consommatrices d'énergie, notamment dans le secteur de la chimie, pourraient même quitter le pays, selon des experts. Sur un an, en novembre, la production dans ces secteurs a déjà fondu de 12,9% par rapport à une année 2021 pourtant marquée par la pandémie de coronavirus. De plus en plus de voix appellent à abandonner ces branches jugées peu concurrentielles, au profit d'industries plus technologiques et moins énergivores.

Le prêt sur gage aide les Allemands à boucler les fins de mois

La hausse des coûts de l'énergie et de l'électricité ont fait culminer l'inflation à 10,4% en octobre au sein de la première économie européenne, un record depuis les années 1950. C'est la principale raison qui a amené « au moins 25% de clients en plus » l'an passé dans les bureaux de Michael Meiering qui dirige une agence de prêt sur gage à Duisbourg, dans le bassin industriel de la Ruhr. Dans le besoin, des clients sont « prêts à renoncer temporairement à leur console de jeu pour remplir le frigo », explique le gérant. « Les prêts démarrent à 5 euros et peuvent dépasser largement 10.000 euros ».

La recette de ces établissements privés n'a pas changé avec le temps : les clients viennent - surtout vers la fin du mois - pour obtenir de l'argent rapidement, sans enquête sur leur situation privée ou professionnelle, comme le ferait une banque. Avec les crises successives, « pratiquement toutes les couches de la population ont recours au prêt sur gage, entre chômeurs, salariés mal payés, retraités et même entrepreneurs », explique Susanne Rothfuss-Wamsler, vice-présidente de la fédération allemande des maisons de prêts à gage. Environ 500 millions d'euros de ces prêts ont été accordés l'an dernier, selon la fédération.

 (Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 14/01/2023 à 12:25
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Bonjour, Bien pour l'Allemagne, les hausse catastrophique du prix de l'énergie et cette crise énergétique n'ont pas fait détaillé l'industrie Allemande... Maintenant, ils leur faut développer un modèle énergétique viable , économique et réaliste po...

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