Allemagne : recul confirmé au quatrième trimestre, le pays s'installe dans la crise

L'institut de statistique Destatis a confirmé le recul de 0,3% du PIB au quatrième trimestre 2023. Mercredi dernier, le gouvernement s'était révélé sceptique sur les mois à venir, de quoi sabrer sa prévision de croissance.
Cette situation économique délicate provoque de vifs débats entre les trois partis du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz sur la réponse à apporter.
Cette situation économique délicate provoque de vifs débats entre les trois partis du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz sur la réponse à apporter. (Crédits : © Patrick Pleul/dpa via Reuters)

L'Allemagne a bien enregistré un recul de 0,3% de son PIB au quatrième trimestre, sur fond de crise multiforme qui plombe l'industrie, pilier de son économie, selon l'estimation définitive publiée ce vendredi.

« La faiblesse de la demande étrangère, les tensions géopolitiques persistantes et les prix élevés de l'énergie » ont plombé la première économie européenne, après deux trimestres consécutifs de stagnation, a commenté l'institut de statistique Destatis, dans un communiqué.

Ces chiffres confirment une première estimation de Destatis fin janvier. Sur l'ensemble de l'année 2023, l'économie allemande s'est aussi contractée de 0,3%, avait annoncé Destatis plus tôt dans le mois.

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Une économie en berne

L'Allemagne fait nettement moins bien que la moyenne de la zone euro, qui a atteint une croissance de 0,5% en 2023, selon Eurostat, avec des hausses pour la France, l'Espagne ou l'Italie. Le pays est plombé par la crise de son puissant secteur industriel, qui représente environ 20% de la richesse produite.

L'Allemagne souffre depuis la guerre en Ukraine des coûts de l'énergie trop élevés avec la fin des livraisons de gaz russe. En outre, le resserrement de la politique monétaire européenne, pour lutter contre l'inflation, freine la demande et les investissements. Au dernier trimestre 2023, les investissements dans la construction ont ainsi diminué de 1,7% et les investissements en équipement de 3,5%, selon Destatis.

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Le commerce international, plombé notamment par une Chine au ralenti, ne permet pas de compenser la faible demande domestique ni de maintenir le haut niveau d'exportation qui faisait la force de l'économie allemande. À cela s'ajoute le handicap d'une pénurie de main-d'œuvre, avec des milliers de postes vacants et une transition climatique difficile pour de nombreuses branches, qui estiment qu'elles n'ont pas autant de subventions que leurs concurrents, notamment américains.

Scepticisme pour l'année 2024

Après ce mauvais résultat de fin d'année, le démarrage de 2024 est également inquiétant. Le PIB devrait « à nouveau légèrement diminuer au premier trimestre 2024 », a prévenu mi-février la Banque fédérale allemande, alors que les commandes dans l'industrie et le bâtiment sont en baisse. Cette situation « est un défi, un défi extrême », a déclaré le ministre de l'Économie, Robert Habeck.

Mercredi, le gouvernement allemand a ainsi dit ne plus anticiper qu'une hausse de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) en 2024, contre 1,3% anticipé précédemment. Pire, le pays s'expose à un tunnel de croissance anémique, avec un « potentiel » autour de 0,5% par an jusqu'en 2028, selon un rapport ministériel.

Seules bonnes nouvelles ? Un faible taux de chômage (actuellement sous les 6%) et des salaires qui « augmenteront plus que les prix » cette année, sur fond de mobilisations sociales croissantes, grâce à un fort ralentissement de l'inflation « domptée » à 2,8%, ce qui pourrait soutenir la demande intérieure, selon le ministre de l'Economie.

La situation économique délicate que connaît l'Allemagne provoque de vifs débats entre les trois partis du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz sur la réponse à apporter. Un texte prévoyant des mesures fiscales pour les entreprises est l'objet d'âpres négociations depuis des mois. Dans la dernière version, la somme des allégements proposés, initialement de sept milliards d'euros, a été réduite de moitié face à l'opposition des régions, qui craignent pour leurs budgets.

(Avec AFP)

Commentaires 11
à écrit le 26/03/2024 à 16:08
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On affirme à plusieurs reprises que l’Allemagne est celle qui profite le plus de l’UE et de l’euro. Les faits prouvent le contraire. L'Allemagne est de loin le plus grand financier de l'UE. La contribution nette de l’Allemagne au budget de l’UE est d...

à écrit le 24/02/2024 à 15:40
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C'est la version teutonne du fameux "Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe!". :) :) :)

à écrit le 24/02/2024 à 11:59
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Le prix de la soumission aux Anglo Saxons et tous nous suivons

le 26/03/2024 à 16:31
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@ Vladi L’Allemagne aurait dû mieux investir les milliards d’euros qu’elle dépense chaque année pour les migrants et d’autres États de l’UE dans ses propres infrastructures et pour améliorer les conditions économiques sur place. Notre solidarité ave...

à écrit le 24/02/2024 à 9:37
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Tout ça pour pas payer al dette de guerre à la POlogne oui ! Mais qu'ils osnt radins ces allemands c'est pas croyable... ^^

le 26/03/2024 à 15:55
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La Pologne annexa un tiers du territoire allemand. Elle dépossède et expulse la population allemande. Une partie des réparations reçues par la Russie a été transférée à la Pologne. Depuis que la Pologne a rejoint l’UE, elle a reçu chaque année des mi...

à écrit le 23/02/2024 à 15:05
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C’est le prix actuel d’erreurs stratégiques : le gaz russe, la fabrication effrénée de voitures périmées, le sacrifice de la consommation privée et de l’investissement public, le dogme de l’équilibre budgétaire a tout prix…. Bon, un peu de schadenfre...

le 26/03/2024 à 16:24
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@ Xuf Il fallait s'attendre à ce que les Français se réjouissent de la faiblesse économique de l'Allemagne. Après tout, la France considère toujours l’Allemagne comme un rival pour la domination européenne. Le « Traité d'amitié » franco-allemand n'...

à écrit le 23/02/2024 à 14:55
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L'Allemagne qui a tout misé sur l'exportation hors UE pour assurer la croissance de son économie, en sacrifiant le reste de l'UE, sa consommation intérieure, sa croissance démographique et ses investissements, paie cach sa cupidité dans un monde post...

à écrit le 23/02/2024 à 13:47
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Passer en économie de guerre à l'air ( sur le papier et pour un temps !) réussir à la Russie. L'Allemagne pourrait s'en inspirer 😃

à écrit le 23/02/2024 à 12:45
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Oh, cette si chère "locomotive économique" allemande tant vénérée de 2009 à 2018 partie en fumée, mais quelle surprise!🤡🤣 - Allo, allo Merkel, vous les voyez à présent les effets secondaires? Dommage que Schäuble soit parti trop tôt (26 décembre 202...

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