Après la rébellion de son cabinet, Theresa May devrait démissionner vendredi

"Combien peut-elle encore supporter ?" La Première ministre conservatrice, qui a échoué par trois fois à faire adopter depuis la mi-janvier l'accord de retrait négocié avec les Européens, a abattu sa dernière carte mardi. En vain. En outre, la démission d'une de ses ministres, Andrea Leadsom, semble être la goutte d'eau de trop, d'autant que d'autres devraient la suivre, selon la BBC. Pour la plupart des commentateurs britanniques, ses jours au 10, Downing Street sont désormais comptés.
Combien peut-elle encore supporter ? titre le Daily Express avec une photo prise au zoom de la Première ministre les larmes aux yeux, tandis que le Times titre sur la rébellion de son gouvernement, la goutte de trop qui pourrait la conduire à jeter l'éponge, demain pense savoir  le quotidien britannique.
"Combien peut-elle encore supporter ?" titre le Daily Express avec une photo prise au zoom de la Première ministre les larmes aux yeux, tandis que le "Times" titre sur la rébellion de son gouvernement, la goutte de trop qui pourrait la conduire à jeter l'éponge, demain pense savoir le quotidien britannique. (Crédits : DR)

Le sort de Theresa May a occulté jeudi les élections européennes au Royaume-Uni, un scrutin auquel les Britanniques n'auraient jamais dû participer, trois ans après avoir majoritairement voté pour une sortie de l'Union européenne.

La Première ministre conservatrice, qui a échoué par trois fois à faire adopter depuis la mi-janvier l'accord de retrait négocié avec les Européens, a abattu sa dernière carte mardi en proposant des liens commerciaux plus étroits avec l'UE et la possibilité de voter sur un second référendum.

Son offre a cimenté un front du refus, allant des éléments les plus pro-Brexit de son Parti conservateur jusqu'à l'opposition travailliste, avec laquelle May a vainement tenté pendant six semaines de trouver un compromis.

Pour la plupart des commentateurs britanniques, ses jours au 10, Downing Street sont désormais comptés.

Nouvelles démissions en cascade attendues

Citant des alliés de la Première ministre, le quotidien The Times écrit jeudi qu'elle annoncera la date de sa démission à l'issue de sa rencontre prévue vendredi avec Graham Brady, le président du Comité 1922, qui réunit l'ensemble des députés conservateurs à l'exception de ceux qui siègent au gouvernement.

A en croire son ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, qui doit la rencontrer ce jeudi, la Première ministre sera toujours en fonction pour accueillir Donald Trump. Le président américain est attendu en visite officielle au Royaume-Uni le 3 juin.

"Theresa May sera Première ministre pour l'accueillir, et à juste titre", a-t-il dit à la presse. Le secrétaire au Foreign Office a refusé de préciser ce qu'il prévoyait de dire à la cheffe de gouvernement lors de leur entrevue.

Theresa May, pour l'heure, a résisté à la fronde menée par nombre de membres de son cabinet. Mais elle a enregistré mercredi soir la démission d'Andrea Leadsom, sa ministre chargée des Relations avec le Parlement.

"Je ne crois plus que notre approche honorera les résultats du référendum", écrit cette dernière dans sa lettre de démission.

"J'ai toujours soutenu qu'un second référendum serait dangereusement conflictuel, et je ne peux pas soutenir ce gouvernement facilitant de plein gré une telle concession."

D'autres ministres pourraient suivre dans les prochaines heures, rapporte la BBC jeudi matin.

Les larmes de Theresa May ("Tear-Esa") à la Une des tabloïds

Selon The Sun, qui décrit une Première ministre littéralement assiégée à Downing Street, sept ministres auraient prévenu May qu'ils ne la soutiendront plus. Le quotidien tabloïd publie jeudi à sa une la photo en gros plan du visage marqué de la dirigeante conservatrice, les yeux rougis. Titrée "Tearesa" (jeu de mots mêlant larme - tear - et son prénom), cette une renvoie à celle de novembre 1990 consacrée au départ sous la contrainte de Margaret Thatcher.

TheSun, Tear-Esa, Theresa May, tabloïd

Arrivée au pouvoir en juillet 2016 après la démission de David Cameron, l'ancienne ministre de l'Intérieur, dont le mandat correspond à l'époque la plus tumultueuse de l'histoire récente du pays, s'est engagée à quitter ses fonctions si les parlementaires approuvent l'accord de retrait négocié avec les Européens.

Elle est désormais soumise à une pression intense afin de fixer la date de son départ qui donnera le coup d'envoi d'une "primaire".

Les statuts du Parti conservateur prévoient pour l'élection de son dirigeant une première série de votes au sein des élus du parti au Parlement. A chaque tour, le candidat ayant le moins de voix est éliminé. Le processus se répète jusqu'à ce qu'il ne reste plus que deux candidats. Il appartient alors aux adhérents du parti de trancher. En mars 2018, la formation conservatrice comptait 124.000 membres.

Le "Brexiter" Boris Johnson, son ancien ministre des Affaires étrangères d'ores et déjà candidat, est pour l'heure en le favori.

Farage et son "Brexit Party" loin devant les autres partis, discrédités

Dans l'immédiat, Theresa May doit pourtant gérer les élections européennes qui s'annoncent comme un désastre pour son Parti conservateur, déjà malmené aux élections municipales au début du mois.

Exploitant la colère, l'impatience et le sentiment de trahison de l'électorat "brexiter", Nigel Farage, figure de proue du référendum de 2016, fait largement la course en tête avec son Parti du Brexit, lancé le mois dernier seulement mais crédité de 37% des intentions de vote dans un sondage YouGov publié mercredi.

Aux dernières élections européennes, en 2014, Farage et le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip) qu'il dirigeait alors étaient déjà arrivés en tête, mais avec 27% des suffrages.

Le Parti conservateur émerge seulement à la cinquième place, avec 7% des intentions de vote (contre 23% en 2014).

Le Parti travailliste, payant également ses divisions sur le Brexit, ne devrait pas faire beaucoup mieux. Avec 13% des intentions de vote (contre un score de 25% en 2014), il est distancé par les Libéraux Démocrates (19%) et talonné par les écologistes du Green Party (12%), deux partis favorables au maintien dans l'UE.

Aucune projection ne sera diffusée dans la soirée de jeudi et les résultats ne seront pas connus avant dimanche soir, quand les bureaux de vote auront fermé en Italie, dernier pays européen à voter.

Commentaires 10
à écrit le 23/05/2019 à 19:32
Signaler
Theresa May n'a jamais été pour le Brexit, maintenant c'est normal qu'elle se fasse virer ! Les Anglais votent, ensuite on leur présente un projet pro-Européen !!!! Donc out ... l'économie tourne bien, chômage au plus bas ... Bref ça roule. Il n'y...

à écrit le 23/05/2019 à 19:11
Signaler
Elle doit partir, comme l'entraîneur d'une équipe de football dont les résultats ne sont pas satisfaisants, son remplacement ne changera sans doute pas grand chose compte tenu de l'environnement mais son départ est inéluctable.

à écrit le 23/05/2019 à 17:45
Signaler
Theresa May a tenté de faire le job mais tout le monde lui a savonné la planche. J'aimerais bien que Boris Johnson devienne premier ministre pour qu'il subisse le même sort!

à écrit le 23/05/2019 à 15:13
Signaler
"Tearesa" va nous quitter, et ben bon débarras ! En tant que précédente ministre de l’intérieur elle avait déjà toute la rhétorique anti-bruxelloise qui l’empêchait soit disant de boire son thé tranquillement, puis elle s'est convertie à la défense d...

à écrit le 23/05/2019 à 13:22
Signaler
Elle a servit d'interface entre un peuple souverain et une entité administrative hors sol voulant la phagocyter!

à écrit le 23/05/2019 à 13:18
Signaler
vivement qu'ils partent et que nous partions. L'idée de penser que nous pèsons moins qu'avec l'UE est une immense stupidité : l'UE n'agit pas pour nous aider

à écrit le 23/05/2019 à 13:06
Signaler
Quelle déconfiture ! Le nom de Cameron siègera au Panthéon de la stupidité

le 23/05/2019 à 14:18
Signaler
Mais Cameron, c'est celui qui a fait Titanic....

à écrit le 23/05/2019 à 12:58
Signaler
On voit que les anglais veulent sortir du RU et du coup on comprend bien qu'ils gagnent du temps seulement pour utiliser les dysfonctionnements généraux de notre union européenne. Eux aussi, tout comme Trump, ont pris le bâton qu'on leur a tendu ...

le 24/05/2019 à 0:29
Signaler
...et dire quand France même, on a des imbéciles qui ceux qui nous tapent dessus !!!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.