Avec le Brexit, Cherbourg a triplé son activité de fret avec l'Irlande en 2021

L'an passé, le Brexit a fait les affaires des ports français transmanche qui ont vu l'essor de nouvelles liaisons de fret de marchandises entre l'Irlande et le continent, aux dépens des ports britanniques. Dans le même temps, certaines PME britanniques risquent d'être impactées par les nouvelles procédures commerciales et l'engorgement dans les ports.
La seule multiplication par trois du trafic de remorques vers l'Irlande n'a pas permis de compenser la chute du trafic passagers avec l'Angleterre, très très forte
"La seule multiplication par trois du trafic de remorques vers l'Irlande n'a pas permis de compenser la chute du trafic passagers avec l'Angleterre, très très forte" (Crédits : STEPHANE MAHE)

Après avoir vu la démission de son ministre et négociateur du Brexit mi-décembre, c'est une autre ressource que le gouvernement britannique est en train visiblement de perdre: le trafic transmanche. De fait, en 2021, tel un effet collatéral de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne impliquant de nouvelles formalités douanières avec l'ex-État membre, le trafic de remorques entre Cherbourg (Manche) et l'Irlande a, lui, triplé. Mieux que le trajet via l'île voisine britannique, l'axe maritime direct - et plus long - entre la France et l'Irlande est jugé "plus compétitif" que le passage par l'Angleterre, selon un communiqué du port français publié fin décembre.

"Depuis le 1er janvier 2021, Cherbourg Port est pass(é) de 33.888 remorques à fin décembre 2020, à 100.000 à fin décembre 2021", détaille le port. En conséquence, "en 2021, Cherbourg Port a recruté 7 dockers en CDI et 12 en CDD. La qualité de leur travail alliée au développement du trafic va permettre de pérenniser leurs contrats courant 2022."

De même, le nombre de remorques non accompagnées a doublé (de 20.000 à 45.000 environ), selon le communiqué.

Le trafic remorques n'a pas compensé la chute du trafic passagers

Les résultats de l'activité transmanche et commerce du port de Cherbourg ont même été "rééquilibrés (...) grâce au cumul de la multiplication par trois du trafic de remorques avec l'Irlande et des bons résultats sur le trafic pour les énergies marines renouvelables", a précisé le service de presse de Ports de Normandie, syndicat mixte qui gère les ports de Cherbourg, Ouistreham et Dieppe.

Toutefois, "la seule multiplication par trois du trafic de remorques vers l'Irlande n'a pas permis de compenser la chute du trafic passagers avec l'Angleterre, très très forte", depuis le début du Covid, précise la même source.

Le port de Cherbourg propose "l'une des routes maritimes les plus courtes entre l'Irlande et le continent avec une durée moyenne de traversée de 17 heures", soit quelque 6 heures de plus qu'en rejoignant Calais par l'Angleterre, selon le communiqué.

Trois compagnies y proposent des liaisons entre Cherbourg et Rosslare ou Dublin: Stena Line, Irish Ferries et Brittany Ferries.

Les ports concurrents en embuscade

Cherbourg, qui est en concurrence avec d'autres ports, n'est d'ailleurs pas le seul à profiter de ces nouvelles liaisons directes. Au Havre, la Brittany Ferries vient de relancer (le 12 novembre) une ligne hebdomadaire pour le fret avec le Connemara, un quart de siècle après le départ d'Irish Ferries.

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Tous ports confondus, la Brittany ferries a constaté une hausse de 70% du fret transporté entre la France et l'Irlande sur les huit premiers mois de 2021 comparé à la même période de 2020.

La compagnie danoise DFDS propose elle une ligne entre l'Irlande et Dunkerque (Nord).

Les PME anglaises importatrices pénalisées

Dans ce contexte de pertes pour les ports britanniques se pose aussi la question de l'importation des produits européens en Grande-Bretagne. L'accord avec Bruxelles prévoit en effet de maintenir l'Irlande du Nord dans l'UE et ainsi préserver l'accord de paix de 1998. Mais des contrôles sont prévus pour les marchandises qui traversent la mer d'Irlande en provenance de Grande-Bretagne. De quoi alourdir la paperasserie pour les PME britanniques qui attendent d'être livrées.

Si elle n'anticipe pas de "grands embouteillages de camions dans les ports ou aux frontières", la fédération britannique des industries alimentaires (FDF) juge "inévitable que les entreprises rencontrent des problèmes" qui pourraient dans certains cas "bloquer complètement les livraisons de fournisseurs de l'UE, au moins temporairement".

De quoi provoquer la colère des "unionistes" qui revendiquent l'appartenance de l'Irlande du Nord au Royaume-Uni. D'ailleurs, l'idée d'un pont reliant la Grande-Bretagne à la province britannique d'Irlande du Nord a même resurgi en fin d'année. Mais une nouvelle étude de faisabilité a enterré l'idée promue par le Premier ministre Boris Johnson. Il faudrait "près de 30 ans" pour qu'une telle traversée devienne opérationnelle, avaient conclu des experts.

Selon le calendrier actuel des autorités britanniques, des déclarations de douanes complètes et certains contrôles seront introduits dès le 1er janvier, ainsi que l'exigence d'une notification préalable à l'importation de produits sanitaires et phyto-sanitaires.

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(avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 04/01/2022 à 8:19
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Ce qui ne peut que faire du bien à Cherbourg, par contre en effet l’Irlande c'est beaucoup plus loin.Mais bon c'est pas polluer toujours plus pour faire du fric qui arrêtera ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant hein, sinon ça se verr...

à écrit le 03/01/2022 à 19:02
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De Cherbourg, l'Irlande ça fait loin, mais alors là du havre ! Pour que ce soit rentable, il faut vraiment que les anglais y mettent du leurs !

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