BCE : la prochaine évolution des taux d'intérêt dans la zone euro sera une baisse, assure Christine Lagarde

Les membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) sont d'accord sur le fait que la prochaine évolution des taux d'intérêt dans la zone euro se fera à la baisse, a déclaré mardi la présidente de l'institution, Christine Lagarde. Alors que les investisseurs parient sur une baisse des taux dès avril, la question est également un sujet brûlant aux Etats-Unis à l'heure où, dans les sondages, une majorité d'Américains n'est pas satisfaite de l'état de l'économie et de la manière dont elle est gérée par Joe Biden.
« Il peut y avoir plusieurs pauses mais le prochain mouvement se fera à la baisse », a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE.
« Il peut y avoir plusieurs pauses mais le prochain mouvement se fera à la baisse », a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE. (Crédits : JOHANNA GERON)

Alors que l'économie européenne s'enlise dans une stagnation, le scénario d'une baisse des taux directeurs, de nature à relancer la croissance de l'activité, se confirme. Une semaine après avoir maintenu une nouvelle fois les taux inchangés, Christine Lagarde, la présidente de la BCE a assuré ce mardi sur la chaîne américaine CNN que la prochaine évolution des taux serait une baisse.

« Il peut y avoir plusieurs pauses mais le prochain mouvement se fera à la baisse », a-t-elle déclaré, en précisant que les membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) étaient sur la même ligne

« Si nous avons le choix entre augmenter et réduire, ce sera de les réduire », a-t-elle ajouté.

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Baisse de l'inflation

Pour rappel, après 10 hausses consécutives pour ralentir l'inflation qui s'était envolée après le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, la BCE a enchaîné trois pauses consécutives concernant la variation de son principal taux d'intérêt, actuellement à un niveau record de 4%, atteint après une succession. Des pauses justifiées par le ralentissement de l'inflation qui se dirige progressivement vers l'objectif de 2%, synonyme de stabilité des prix. De 10% l'an dernière, la hausse des prix a nettement ralenti depuis. En décembre, elle n'était plus que de 2,9%. « Nous sommes sur une tendance désinflationniste, cela ne fait aucun doute », a estimé Christine Lagarde, « mais nous devons être plus avancés dans le processus pour avoir confiance ».
Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche, le gouverneur de la Banque de France, Villeroy de Galhau, a estimé que l'inflation devrait revenir à 2% au plus tard l'ran prochain.

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Les investisseurs misent sur une baisse en avril

Reste donc à fixer le calendrier. Si Christine Lagarde a récemment évoqué la probabilité d'une baisse des taux « aux alentours de juin », plusieurs analystes tablent sur « avril ».

Les investisseurs « ont interprété son absence de forte opposition aux suggestions de baisses de taux à partir d'avril comme un signal » renforçant ainsi les attentes d'une première réduction en avril, détaille Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill. Un point partagé par Lee Hardman, analyste de MUFG. Des interprétations soutenues par les propos de Peter Kazimir. Ce membre du conseil des gouverneurs de la BCE a de son côté évoqué lundi une première réduction de taux d'ici avril ou juin, bien que plus probable en juin, a rapporté l'agence Bloomberg.

Stagnation de l'économie

La pression est d'autant plus forte sur la BCE que l'économie européenne a échappé de peu à la récession en fin d'année et affiche une maigre croissance de 0,5% sur l'ensemble de 2023, très loin de la bonne santé affichée par l'économie américaine. Parmi les raisons mises en avant par les analystes, les taux d'intérêt élevés imposés par la BCE sont notamment mis en avant. La contraction du crédit pèse sur l'investissement et la consommation des entreprises comme des ménages alors que les exportations pâtissent du ralentissement de la demande mondiale.

L'Europe fait pâle figure par rapport aux Etats-Unis dont le PIB a progressé de 2,5% en 2023. Outre-Atlantique, la question de la baisse des taux se pose également. Elle sera au cœur de la réunion monétaire qui se termine ce mercredi, après des chiffres récents meilleurs qu'attendu sur l'inflation et la croissance américaine. Après avoir relevé ses taux à 11 reprises entre mars 2022 et juillet 2023 face à l'inflation, les faisant grimper de 5 points jusqu'à la fourchette de 5,25-5,50%, la Réserve fédérale songe à les abaisser à l'avenir. Ses responsables ont signalé en décembre qu'ils anticipent trois ou quatre baisses cette année, mais sans préciser quand cela pourrait débuter. Dès mars, s'aventurent certains. Plutôt en mai pour la majorité des acteurs de marché, d'après l'évaluation de CME Group. Car les chiffres de l'inflation PCE, la mesure privilégiée par la Fed et qu'elle veut ramener à 2%, ont été publiés la semaine dernière, et ont amené une touche d'optimisme. L'inflation sous-jacente - qui exclut l'énergie et l'alimentation - est au plus bas depuis près de trois ans, à 2,9%. Cela signifie que la cible des 2% pourrait donc bientôt être atteinte.

Biden sous pression

D'autant que la pression politique commence à se faire sentir : le président américain Joe Biden a fait de la réussite économique un de ses principaux axes de campagne, alors que son principal concurrent républicain, son prédécesseur Donald Trump, l'attaque précisément sur le sujet. Dans les sondages, une majorité d'Américains n'est pas satisfaite de l'état de l'économie et de la manière dont elle est gérée par Joe Biden, malgré les chiffres résolument bons du chômage, au plus bas depuis la pandémie, et de la croissance, bien loin de la récession tant annoncée. Le taux de chômage, lui, est toujours à ses niveaux les plus bas depuis 50 ans, à 3,7% en décembre. Mais la hausse des taux a renchéri le coût des emprunts, notamment immobiliers, alors que l'inflation est venue rogner le pouvoir d'achat des ménages, même si les salaires ont dans l'ensemble progressé.

Commentaires 5
à écrit le 31/01/2024 à 13:36
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La question réelle et intelligente, est : quand, pourcentage et combien de fois dans l'année. Pour qu'enfin les européens puissent sortir la tête de l'eau....

le 31/01/2024 à 19:25
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Quand? Au printemps puis en fin d'été Pourcentage? 0.25 puis 0.25% Combien de fois dans l'année? Deux fois pour un total de 0.50%

à écrit le 31/01/2024 à 12:25
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L'article donne l'impression que tous les membres du Conseil des gouverneurs de la BCE sont favorables à une baisse des taux d'intérêt. Ce n'est pas le cas. Ce sont avant tout les États du Club Med, lourdement endettés, qui poussent à une baisse des ...

à écrit le 31/01/2024 à 12:18
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Elle a juste oublié de préciser quand..... ce qui revient du coup a donner autant d'importance a une certitude qu'elle ne maitrise pas ! bon ben au rien de nouveau sous le soleil !

à écrit le 31/01/2024 à 8:40
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"Si j'avance et que tu recules, comment veux tu comment veux tu que je t'..." A l'image exacte du salarié au gros salaire de la BCE que je connais, je vous garantie cela fait aussi peur d'avori des gens aussi sûr d'eux d'être parfaits, que la défaill...

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