France + Pologne ? Macron et Szydlo se rapprochent sans cacher la poussière sous le tapis

Jeudi, le président français et son invitée la présidente polonaise Szydlo ont cherché des compromis sur les conflits des derniers mois, et ont évoqué une sortie de crise par le haut en relançant la coopération économique dans l'industrie et notamment dans des secteurs clés comme le nucléaire et la défense...
Pour la dirigeante polonaise, sans une coopération entre la France et la Pologne, toutes les réformes nécessaires de l'Union européenne sont vouées à l'échec.

Entre Paris et Varsovie, les tensions ont été des plus vives ces derniers mois (voire, ces dernières années avec l'affaire des Caracal) : dans la longue liste des contentieux, il y a notamment l'emblématique dossier du travail détaché avec les accusations de dumping social à l'encontre des transporteurs routiers low-cost polonais.

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Emmanuel Macron et la Première ministre polonaise, Beata Szydlo, ont exprimé jeudi leur volonté de dissiper des malentendus et de trouver des compromis, sans masquer les divergences, après de fortes tensions ces derniers mois.

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Développement économique et questions qui fâchent

Le président français a fait état de perspectives de développement économique bilatéral dans les secteurs de la défense, de l'industrie et du nucléaire, lors d'une conférence de presse conjointe après un entretien à l'Elysée.

Au chapitre des choses qui fâchent, Emmanuel Macron n'a pas hésité à s'exprimer sur les craintes entourant la réforme de la justice en Pologne, un sujet de "préoccupation" selon lui, même s'il a répété que la France n'avait pas à juger des réformes menées dans d'autres pays. Il s'agit d'une réforme du tribunal constitutionnel polonais, qui pourrait menacer l'indépendance de la justice dans ce pays. Cette réforme a incité la Commission européenne à ouvrir en juillet une procédure d'infraction contre Varsovie pour violation des principes communautaires.

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Beata Szydlo a assuré de son côté que la Pologne respectait "tous les principes, toutes les valeurs, tous les droits".

"Toutes les réformes qui sont en cours sont conformes à ces principes", a-t-elle assuré, ajoutant vouloir expliquer ces décisions en toute transparence avec la Commission européenne.

Ce à quoi, le président français a rétorque que "la France aura une position très simple, elle suivra les travaux de la Commission européenne".

"S'il est avéré que ce qui est fait n'est pas conforme aux textes européens, tout le monde en tirera les conséquences. Si des accords sont trouvés et qu'il est avéré que c'est conforme, ou que la Pologne modifie la réforme en cours pour s'y conformer (...) nous n'aurons plus de problèmes."

Pour Szydlo, sans la France et la Pologne, pas d'Europe

Pour la dirigeante polonaise, sans une coopération entre la France et la Pologne, toutes les réformes nécessaires de l'Union européenne sont vouées à l'échec.

"Je ne crois pas qu'il y ait de grandes difficultés entre la France et la Pologne (...) c'est vrai qu'il y a des divergences de vue et c'est naturel mais je me réjouis de cette rencontre, nécessaire, qui nous a permis de préciser des doutes et des différences", a-t-elle déclaré.

Un travail bilatéral important va être mené par plusieurs ministres, a-t-elle souligné.

Travail détaché (et transport routier), la grosse pomme de discorde

Après l'opposition de la Pologne, de la Hongrie, de la Lituanie et de la Lettonie à la réforme de la directive sur le travail détaché, fortement poussée par Emmanuel Macron, ce dernier s'est dit optimiste sur un compromis sur la future révision des règles du transport routier.

"La France protègera les transporteurs routiers français et défendra leurs intérêts mais je pense qu'ils sont compatibles avec une activité légitime que la Pologne recherche, c'est ça la volonté de compromis et de consensus que nous partageons", a-t-il dit.

Baisse de tension après l'escalade verbale de l'été

Le président français avait jugé fin août que les Polonais méritaient mieux que des dirigeants qui trahissent selon lui les valeurs européennes. "Ce pays décide aujourd'hui de se mettre en marge de l'Histoire, du présent et du futur de l'Europe, ce que je regrette", avait-il dit.

Beata Szydlo l'avait alors taxé d'arrogance et d'inexpérience et assuré qu'Emmanuel Macron "ne décidera pas de l'avenir de l'Europe".

Les contentieux entre la Pologne et la France, avant cette escalade estivale sur le travail détaché, s'étaient auparavant concentrés sur le secteur de la défense. En octobre 2016, la Pologne a déclenché une crise sans précédent entre Paris et Varsovie en rompant brutalement, juste avant de recevoir officiellement François Hollande -suprême affront-, les négociations exclusives avec Airbus Helicopters portant sur la vente de 50 hélicoptères Caracal (3,1 milliards d'euros).

Lire aussi : Mais de qui se moque la Pologne en achetant des hélicoptères américains

Emmanuel Macron a annoncé qu'il se rendrait en Pologne l'an prochain.

(avec Reuters)

Commentaires 13
à écrit le 25/11/2017 à 14:05
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Je n'ai aucune confiance envers ce gouvernement Polonais. J'irai même plus loin, j'ai une confiance aussi très limitée envers la Pologne qui depuis bien des années déjà profite de l'UE et ne cesse de lui mettre des batons dans les roues. C'est un peu...

à écrit le 25/11/2017 à 10:41
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La Pologne est devant la France au classement PISA. Son PIB par habitant est 1/3 du PIB français. Les polonais travaillent depuis 30 ans pour s’en sortir alors que la France se repose sur son modèle social qui pompe la classe moyenne pour enrichir le...

le 26/11/2017 à 11:22
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"si ces pays nous devaient quelque chose..." La Pologne est le pays qui touche le plus de l'UE, 10 milliards par an. Yen a marre des messes néolibérales permanentes sur ce forum, comment font ces gens pour se regarder dans une glace bon sang. ...

à écrit le 25/11/2017 à 9:44
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Beata Szydlo n'est pas présidente mais PREMIERE MINISTRE.

à écrit le 25/11/2017 à 7:48
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Exportation françaises vers la Pologne : 2012 : 6632 M€ 2013 : 6745 2014 : 7117 2015 : 7706 2016 : 8201 M€ Donc : + 1,569 Mrd€ / 4 ans, soit près de 24 % d’augmentation. Les importations françaises depuis la Pologne ont progressé à peu près à ...

le 25/11/2017 à 9:51
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Vous essayez de dire quoi au final? Que la France doit se laisser faire et ne pas se défendre? Ne doit pas justement tout faire pour que la Pologne reste un partenaire? Vous croyez que dans le monde cela se passe comment? Vous avancez des chi...

le 25/11/2017 à 12:50
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Bon, je pensais que c'était clair ! La Pologne ne fait pas que profiter de l'UE, parce que son économie progresse vite et qu'elle entraine aussi ses partenaires européens avec elle, principalement l'Allemagne, le Royaume-Uni, la République tchèque, ...

à écrit le 24/11/2017 à 20:23
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Avec ce qu' on leur file par an au plan budgétaire, on peut comprendre les polonais auraient tort de refuser la poignée de la main à Macron l' européiste .. Je l' encourage à continuer de faire le tour de nos créditeurs...

à écrit le 24/11/2017 à 17:39
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Je ne vois pas en quoi on se rapproche. Les polonais ne sont que des opportunistes. Ils sont venus chercher la protection de l'Europe pour échapper à la menace russe, et profitent des avantages sans vergogne. Comble du cocufiage, ils achètent leur ar...

à écrit le 24/11/2017 à 16:27
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"une sortie de crise par le haut....": ca veut dire quoi? la Pologne nous la font a l'envers à chaque fois, eux ne font que profiter de l'UE alors il faut comprendre quoi? que la France va laisser faire à nouveau et elle recommencera encore et encore...

le 24/11/2017 à 18:15
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Cela veut dire que l'on fait une déclaration commune sur des projets à long terme etc... sans avancée concrète. Finir une réunion de chefs d'état sans aucun accord, ce n'est pas bon pour l'image européenne. La Pologne a mis au pouvoir l'équivalent de...

le 25/11/2017 à 8:21
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Parce que vous croyez que l'EU n'est pas aux ordres des USA, ouvrez un peu les yeux. Qui pilote l'OTAN par exemple. Vous critiquez les polonais qui achètent US, certes, mais que viennent de faire les suédois, que vont faire les allemands, voire les b...

le 25/11/2017 à 8:31
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Je viens de lire que la Roumanie aussi se fourni US...

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