Industrie  : les relocalisations s'accélèrent en Europe et aux Etats-Unis

La relocalisation d'entreprises industrielles et manufacturières, enclenchée en Europe et aux États-Unis depuis la crise sanitaire, est une « lame de fonds » qui va s'accélérer dans les années à venir, montre une étude publiée par Capgemini jeudi.
Selon l'étude de Cap Gemini, « rapporté au PIB, l'effort français de réindustrialisation (13% du PIB) est presque trois fois supérieur à celui des États-Unis (5%) ».
Selon l'étude de Cap Gemini, « rapporté au PIB, l'effort français de réindustrialisation (13% du PIB) est presque trois fois supérieur à celui des États-Unis (5%) ». (Crédits : DR)

La recherche d'une plus grande résilience des lignes d'approvisionnement : c'est la raison principale, selon une étude de Capgemini publiée ce jeudi, pour laquelle les groupes industriels relocalisent massivement des entreprises, tant en Europe qu'aux Etats-Unis.

Capgemini a interrogé en février 1.300 hauts responsables de groupes industriels réalisant plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires annuel, répartis aux États-Unis, en Allemagne, au Danemark, en Espagne, Finlande, France, Grande-Bretagne, Italie, Norvège, Pays-Bas et Suède. L'enquête décrit « une véritable lame de fonds » de réindustrialisation dans tous les pays étudiés et dans tous les secteurs.

 « Nous avons été surpris par l'ampleur du phénomène » de relocalisation, indique à l'AFP Etienne Grass, directeur exécutif de Capgemini Invent, filiale française du cabinet de conseil, l'un des auteurs de l'étude. « C'est vraiment considérable ».

Des investissements équivalent à 8,7% du chiffre d'affaires des sociétés étudiées

Selon l'enquête, le montant global des investissements prévus par les entreprises de 13 secteurs industriels dans les 11 pays étudiés pour renforcer leur capacité de production soit à domicile (« reshoring »), soit dans un pays voisin (« near-shoring »), a gonflé à 3.400 milliards de dollars pour les trois années à venir (février 2024-février 2027), après avoir atteint 2.400 milliards de dollars au cours des trois dernières années (janvier 2021-janvier 2024). Ces investissements équivalent à 8,7% du chiffre d'affaires des sociétés concernées.

Au-delà de la recherche d'une plus grande résilience des lignes d'approvisionnement, avancée par 70% des industriels en réponse aux pénuries de marchandises liées à la rupture des chaînes de fabrication ou de transport pendant la crise sanitaire, trois autres raisons sont avancées.

Lire aussiLa Cour des comptes dresse un bilan en demi-teinte de la politique de relocalisation du gouvernement

Les tensions géopolitiques (Ukraine, Moyen-Orient..) sont invoquées par 63% des répondants. 55% des industriels interrogés mettent en avant leur volonté de réduire les émissions de CO2 - y compris sur les émissions de gaz à effet de serre de scope 3, dites indirectes è pour 55% des industriels interrogés. Enfin, un peu moins de la moitié (49%) des dirigeants expliquent leur motivation par les incitations financières et les politiques publiques de réindustrialisation menées dans leurs pays.

L'Europe plus volontaire que les Etats-Unis

Dans l'étude, les entreprises françaises affichent des projets d'investissement de réindustrialisation s'élevant à quelque 340 milliards de dollars entre 2023 et 2026. Les projets allemands s'élèvent à 673 milliards de dollars, et ceux aux États-Unis à 1.400 milliards de dollars.

« Rapporté au PIB, l'effort français de réindustrialisation (13% du PIB) est presque trois fois supérieur à celui des États-Unis (5%) », ajoute le directeur exécutif de Capgemini Invent. Le gouvernement français avait annoncé en août 2020 un programme d'un milliard d'euros consacrés à la relocalisation d'activités industrielles en France dans le cadre du plan de relance post-pandémie. L'un des principaux objectifs visés était de faire revenir sur le territoire des produits « indispensables à notre indépendance », avait alors précisé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Néanmoins, alors que le laboratoire Novo Nordisk s'apprêter à annoncer un investissement de deux milliards d'euros dans son usine de Chartres, la Cour des comptes jugeait fin novembre 2023 que le dispositif d'aides mis en place en 2020 pour doper les relocalisations comporte « des risques élevés de saupoudrage » de l'argent public et des effets d'aubaine

L'effort allemand (20% du PIB) est quatre fois supérieur. Et ce, malgré le vaste plan Inflation Reduction Act (IRA) annoncé par le gouvernement Biden. Cette loi américaine accorde de généreuses subventions à certaines filières industrielles stratégiques (véhicules électriques, batteries...) mais est accusée par les Européens de fausser la concurrence.

En France, une « vingtaine » de projets de relocalisation d'activités industrielles liées à la défense sont soutenues

Une « vingtaine » de projets de relocalisation d'activités industrielles de défense sont soutenus par les pouvoirs publics dans le cadre du chantier de « l'économie de guerre » destiné à répondre aux besoins de l'Ukraine et à la nouvelle donne géopolitique, selon l'Elysée.

A l'image de la production par Eurenco de poudre propulsive pour obus, usine dont Emmanuel Macron a posé jeudi dernier la première pierre à Bergerac certains des projets visent à faire revenir sur le territoire français des productions qui avaient été abandonnées par le passé.

C'est notamment le cas de la fabrication de corps de bombes de 250 kilos (BA82) par Aresia. Si la création de cette nouvelle chaîne à Rouvignies (Nord) s'est faite en autofinancement, l'entreprise a bénéficié du soutien du ministère des Armées pour accélérer la qualification de ces corps de bombes, qui ne lui a pas été facturée, selon lui. Autre exemple : la start-up Vistory va ainsi implanter à Bourges une « usine de production de modules d'impression 3D ». Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un centre de fabrication additive créé par KNDS France (ex-Nexter) et MBDA, le « Printing Bourges », pour produire plus rapidement certaines pièces de missiles par exemple.

(Avec AFP)

Commentaires 25
à écrit le 20/04/2024 à 12:59
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Du vent , nous ne pourrons jamais être compétitifs

à écrit le 19/04/2024 à 9:15
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Usines à goudron en UE et microprocesseurs aux Etats Unis. C'était pas totalement déplacé de me censurer cette vérité !?

à écrit le 18/04/2024 à 18:22
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@Adieu BCE. Pour bien comprendre l'anarcho-capitaliste que vous êtes (libertarien, ultra-libéral et fervent partisan de l'école autrichienne), vous nous avez (déjà) servi que "nous sommes les moins compétitifs dans notre propre bloc commercial" (sous...

le 19/04/2024 à 11:41
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1) les entreprises du CAC 40 ne sont plus des entreprises françaises, mais des entreprises que pour des raisons historiques sont encore cotés à la Bourse de Paris. Elles opèrent dans des secteurs traditionnels et investissent peu et à l'étranger où e...

à écrit le 18/04/2024 à 17:05
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Si le journaliste met dans l'europe la pologne, turquie Maroc et Tunisie pour la France, alors oui l'europe se reindustrialise. Mais la France non. le bilan est négatif des emplois industriels. 19 000 emplois au tapis pour le diesel et quelques mill...

à écrit le 18/04/2024 à 15:17
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J'avais dit que ka Chine se mettait la corde au cou de tous kes côtés, voilà on y est. Cela dit c'est pas pour ça que ca va revenir en France

à écrit le 18/04/2024 à 13:30
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autonomie alimentaire ! la FRANCE. pourrait satisfaire + de 100% de ses besoins alimentaires contre moins de 60% aujourd'hui ! politique du choix à l importation serait elle plus rentable ? comme pour l industrie !

à écrit le 18/04/2024 à 12:16
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Dommage, la physique quantique est non locale.

à écrit le 18/04/2024 à 11:12
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blabla...l’État doit prendre des parts dans certaines entreprises stratégiques comme Biogaran sinon =)) Le leader des médicaments génériques en France, est à vendre ,cette filiale du géant de la pharmaceutique Servier détient un portefeuille de 900 ...

à écrit le 18/04/2024 à 10:55
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Subvention=mort de toute vraie industrialisation. Il faut créer le monde de la libre et saine entreprise, détachée de toute emprise directe d'état. Elle doit être créative, protégée, sécurisée et responsable dans son encadrement général et générique ...

à écrit le 18/04/2024 à 10:19
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Les États Unis changent les règles du commerce mondial et on peut attribuer cette mesure à Drump. L'Europe à suivi aidé par mckinsey sans trop se poser de questions. Quoi que, le patron au salaire pharaonique Alvares( Il y a un côté : comte de monté-...

le 18/04/2024 à 16:56
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@Azerty. Pour les quidams et non-initiés, voici un ouvrage choc à lire pour mieux saisir la trajectoire du capitalisme américain, lequel aura percolé sur l'ensemble de l'Occident jusqu'à la révolution Trumpienne de 2018 (protectionnisme à géométrie v...

à écrit le 18/04/2024 à 10:10
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Souhaitons que cela ne tourne pas comme la production de masques : https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/cotes-d-armor/saint-brieuc/ou-en-sont-les-entreprises-de-fabrication-de-masques-2801681.html

à écrit le 18/04/2024 à 10:08
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Restons prudents. Une bonne partie des projets annoncés ne se fera pas. Il suffit de voir dans les semiconducteurs, où Soitec et STM ont en effet des énormes projets d'investissements en France qui sont certainement comptabilisés dans cette étude ma...

le 18/04/2024 à 16:31
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@Adieu BCE. Un anarcho-capitaliste (libertarien issu du courant de l'école autrichienne, de surcroît ultra-libéral assumé) qui fait l'apologie du subventionnement (forme d'assistanat) du secteur privé avec les deniers publics (État). Au secours!😂🤡

le 18/04/2024 à 16:48
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@Raymond Quand il y a un état qui subventionne un secteur technologique strategique, tous les autres sont malheureusement incités à suventionner. L'alternative (plus souhaitable) est d'imposer des droits douaniers suffisament élevés pour rendre les...

le 18/04/2024 à 21:44
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@Adieu BCE. C'est amusant ce que vous dîtes, car d'une part, ni la Chine, ni la Russie et ni les États-Unis sont des régimes totalitaires. La Chine et la Russie étant des régimes autoritaires et les États-Unis le fer de lance du diktat des marchés fi...

à écrit le 18/04/2024 à 8:54
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Tant que l'on ne relocalise pas de suceptible exportation future, on limitera ainsi nos importations ! ;-)

à écrit le 18/04/2024 à 8:44
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C'est bien beau de relocaliser, mais encore faut-il que ces relocalisations soient rentables. Parce que si c'est pour produire 3 fois plus cher des produits moins bons, ça ne mènera pas à grand chose ... D'autre part pour produire, il faut des exp...

le 18/04/2024 à 9:02
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La rentabilité dans un contexte international est lié aux droits de douane. Avec la fin du libre-echange, les cartes sont rebattues. L’OMC, c’est fini. Chaque bloc commercial fait ce qu’il doit pour favoriser ses intérêts.

le 18/04/2024 à 9:53
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@Math Sauf que nous sommes les moins compétitifs dans notre propre bloc commercial (voire la balance commerciale) et donc ce que vous dites ne sera pas suffisant pour redresser la France et en plus les allemands ne sont pas de votre idée sur les dro...

à écrit le 18/04/2024 à 8:27
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Si l'Europe est plus volontaire, c'est sans doute qu'elle ne jurait encore que par les delocalisations alors que des entreprises américaines commençaient à relocaliser car les progrès techniques permettaient de reduire tellement les effectifs qu'il d...

le 18/04/2024 à 8:59
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Le climat des affaires deviens meilleurs en France. Mais regardez ce qu’il a été. Je pense que vous ne comprenez pas les dégâts du socialisme. Ceux sont des gens qui ne cessent de réfléchir à ce qu’ils vont faire de l’argent des entrepreneurs. Il n’y...

le 18/04/2024 à 10:35
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@Math : vous confondez les causes est les effets : ce n'est pas le socialisme qui pourrit l'économie, mais une société sclérosée qui produit du socialisme. Dans un pays anglo-saxon, un patron demande au candidat "que sais-tu faire?", en Europe du Sud...

le 18/04/2024 à 15:29
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Votre argument ne tient pas la route les grandes années du déclin industriel français vient de nos grands!! leaders visionnaires les nuls en économie M.Mitterand et le non moins célèbre M.Chirac ainsi pour moindre notre bisthmut . La palme ne revient...

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