La Cour des comptes dresse un bilan en demi-teinte de la politique de relocalisation du gouvernement

Alors que le laboratoire Novo Nordisk doit annoncer un investissement de deux milliards d'euros dans son usine de Chartres, la Cour des comptes juge que le dispositif d'aides mis en place en 2020 pour doper les relocalisations comporte « des risques élevés de saupoudrage » de l'argent public et des effets d'aubaine. Dans un rapport lapidaire, les magistrats pointent aussi l'absence « d'indicateur de résultat convaincant ».
Grégoire Normand
La Cour des comptes souligne que ce plan était surtout une réponse conjoncturelle à des faiblesses structurelles et anciennes de
l’industrie française.
La Cour des comptes souligne que ce plan était surtout une réponse conjoncturelle à des faiblesses structurelles et anciennes de l’industrie française. (Crédits : Reuters)

« Les pénuries de médicaments pour raisons de fabrication lointaine et de priorité nationale, c'est fini ». Au lendemain du premier confinement en juin 2020, Emmanuel Macron avait consacré sa première visite de terrain sur un site lyonnais géant de l'industrie pharmaceutique Sanofi. L'absence de paracétamol dans les pharmacies et les manques de masques de protection et de gel hydroalcoolique en pleine crise sanitaire avaient provoqué une vague de sidération partout en France.

Face à ce terrible constat d'échec, le gouvernement de Jean Castex avait lancé un vaste plan de relance de 100 milliards d'euros pour contribuer à relocaliser certaines activités jugées « stratégiques »pour la souveraineté et la sécurité hexagonale. Trois ans après, la Cour des comptes a dressé un bilan sévère de cette stratégie économique. Dans un rapport lapidaire dévoilé ce jeudi 23 novembre, les magistrats expliquent que « les gains en termes de souveraineté économique sont difficilement mesurables et sont peu visibles à ce stade». En déplacement à Chartres, le président Macron va dévoiler un investissement de deux milliards d'euros du laboratoire Novo Nordisk dans la production de médicaments contre le diabète et l'obésité. Cette enveloppe devrait permettre de créer 500 emplois. Mais derrière cette opération communication du chef de l'Etat, la Cour des comptes pointe l'absence « d'indicateur de résultat convaincant ».

Lire aussiRéindustrialisation: le laboratoire danois Novo Nordisk va investir plus de deux milliards d'euros sur son site de Chartres

Des retards colossaux et décaissement poussif des sommes

A la fin du premier confinement, le gouvernement avait identifié cinq secteurs considérés comme « stratégiques » : l'agroalimentaire, la santé, l'électronique, les intrants essentiels à l'industrie et la 5G. Pour doper la relocalisation de ces activités, l'exécutif avait à l'époque mis en place un dispositif d'appels à projets conçu « dans l'urgence ». Les projets sélectionnés pouvaient in fine bénéficier d'une subvention pour financer des investissements.

Mais l'examen de la Cour des comptes met en lumière des retards colossaux. « Seuls 33 des 531 projets retenus sont totalement terminés trois ans après le lancement de l'appel à projets », souligne l'institution financière. Il est donc prématuré à ce stade de faire une évaluation exhaustive sur un nombre aussi faible de projets. Sur les 838 millions d'euros engagés, seuls 343 millions d'euros étaient décaissés au 30 juin dernier.

Les cabinets de conseil dans le viseur de la Cour des comptes

L'autre carton rouge adressé par la Cour concerne les cabinets de conseil. Pour cibler les projets, le gouvernement s'est appuyé sur le travail de la direction générale des entreprises (DGE) basée à Bercy... mais aussi sur des cabinets de conseil.

Les magistrats de la rue Cambon expliquent que le travail de ces sociétés était réalisé à titre gratuit (Pro Bono). Mais « l'absence de facturation de ces prestations intellectuelles interroge par ailleurs sur les finalités réelles des cabinets concernés et le caractère désintéressé de ces prestations ». Par la suite, une commission d'enquête du Sénat avait jeté une lumière crue sur l'usage de ces cabinets de conseil par les différents ministères sous la Macronie. Le rôle de ces cabinets de conseil dans l'absence de masques de protection avait d'ailleurs été vivement critiqué.

Lire aussi"Plutôt que la relocalisation, l'enjeu est sûrement plus celui de la réindustrialisation"

Grégoire Normand
Commentaires 11
à écrit le 23/11/2023 à 16:35
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Ba, l'isf devait pas faire revenir tous le monde? L'homme de paille nous arai menti ?

à écrit le 23/11/2023 à 16:20
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Novo nordisk une companie pharma avec un seule.produit insulin.Sanofi une entreprise française qui produit aussi d'insulin, et porquoi Nordisk doit monopoliser le marché d'insulin et augmenter des prix de celui-ci?

le 23/11/2023 à 20:28
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Cette société produit des médicaments pour combattre l'obésité qui croit régulièrement , elle se positionne donc sur un marché prometteur , à ses concurrents d'en faire autant .

à écrit le 23/11/2023 à 11:30
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Le gouvernement voit et comprends que le peuple gronde et que les citoyens comprennent que leur gouvernement les trahisse depuis plus de 30 ans. le gouvernement et autres politiciens font des tours de passe passe mais dans le fond ils ne changent r...

à écrit le 23/11/2023 à 10:35
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he oui, le bon peuple de gauche donc bienveillant a mis l'industrie dehors, vu que c'est du grand capital capitaliste, puis decouvre avec effroi ce qui etait previsible, donc elle cherche des solutions, mais il se trouve que ' chat echaude craint l'e...

le 23/11/2023 à 16:38
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Oh, le démantèlement de l'industrie n'était pas non-plus sans déplaire à la droite, d'une part pour la satisfaction d'assister au déclin du PC, d'autre part car la désindustrialisation a orchestré un peu partout un transfert de richesses des nouveaux...

à écrit le 23/11/2023 à 10:35
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C'est comme la suppression de l'ISF , ça devait faire revenir les capitaux , on attend toujours l’afflux massif de capitaux rapatriés en France grâce à cette mesure .

le 23/11/2023 à 11:49
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Il y a en effet deux obstacles encore plus grands que l'ISF pour faire revenir les investissements: 100 milliards de dépenses publiques improductives de trop et donc le records de pression fiscale et un niveau de compétences moyen digne d'un pays du ...

le 23/11/2023 à 21:26
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@AdieuBCE : l'égalitarisme de gauche est à tout prendre encore préférable à la culture aristocratique de la droite en vertu de laquelle vous devriez prêter allégeance à un gros cas social sous prétexte que son nom commence par "de"...

à écrit le 23/11/2023 à 9:58
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Ne serait-ce pas plutôt au Parlement de s'inquiéter de la question? Nous ne sommes plus dans le domaine de la comptabilité. Il est vrai que nos parlementaires ont tant à faire: s'occuper de l'encaissement de leurs indemnités, oublier de déclarer leur...

le 23/11/2023 à 10:13
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Oui, et vous oubliez "voter des nouvelles dépenses"

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