L'Américaine Fiona Scott Morton renonce à un poste clé de l'UE après une semaine de polémiques

La nomination de cette économiste américaine, ancienne de l'administration Obama et ex-consultante pour les Gafam, à un poste clé de la Commission européenne lié à la régulation des géants de la tech avait suscité une vive polémique et l'opposition de plusieurs élus européens et du gouvernement français.
« Fiona Scott Morton m'a informé de sa décision de ne pas accepter le poste d'économiste en chef de la concurrence. Je l'accepte avec regret », a expliqué Margrethe Vestager sur Twitter.
« Fiona Scott Morton m'a informé de sa décision de ne pas accepter le poste d'économiste en chef de la concurrence. Je l'accepte avec regret », a expliqué Margrethe Vestager sur Twitter. (Crédits : YVES HERMAN)

La polémique aura eu raison de sa nomination à la Direction générale de la concurrence à Bruxelles. L'économiste Fiona Scott Morton a annoncé ce mardi à la commissaire européenne Margrethe Vestager qu'elle renonçait à prendre ce poste clé de l'UE le 1er septembre comme prévu, dans une lettre publiée mercredi par Margrethe Vestager et dans laquelle l'Américaine explique son retrait par la « polémique politique autour de la nomination d'une extra-européenne à ce poste ».

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« Fiona Scott Morton m'a informé de sa décision de ne pas accepter le poste d'économiste en chef de la concurrence. Je l'accepte avec regret », a expliqué Margrethe Vestager sur Twitter. La nouvelle de sa nomination avait provoqué une vague d'indignation des élus européens, en particulier ceux français qui ont notamment épinglé ses anciennes fonctions de responsable de l'analyse économique à la division antitrust du ministère américain de la Justice, entre mai 2011 et décembre 2012, puis de consultante pour des grands groupes de la tech comme Amazon, Apple et Microsoft. Ils dénoncent ainsi de possibles conflits d'intérêts et le risque d'une ingérence de Washington dans des décisions de l'UE.

Opposition ferme du gouvernement français

Au sein du gouvernement français, cette nomination avait également fait réagir. Fait rarissime, celui-ci a même réclamé jeudi à la Commission européenne de « réexaminer son choix » par la voix du ministre en charge du Numérique Jean-Noël Barrot. « À l'heure où l'Europe s'engage dans la régulation numérique la plus ambitieuse du monde, la récente nomination de l'économiste en chef de la DG Concurrence n'est pas sans soulever des interrogations légitimes », avait ainsi pointé le ministre dans un tweet en fin de semaine dernière. Il a d'ailleurs salué la décision de l'économiste américaine ce mercredi.

« Je salue cette décision responsable. La régulation numérique est une des clefs de la souveraineté de l'Europe », a-t-il déclaré sur Twitter.

Emmanuel Macron lui-même s'était montré « dubitatif » mardi sur cette nomination. « Si nous n'avons aucun chercheur (européen) de ce niveau pour être recruté par la Commission, ça veut dire que nous avons un très grand problème avec tous les systèmes académiques européens », avait-t-il répliqué, interrogé par des journalistes, regrettant l'absence de « réciprocité » de la part des Etats-Unis et de la Chine pour nommer des Européens qui seraient « au coeur de (leurs) décisions ».

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Emmanuel Macron avait souligné avoir « beaucoup de respect » pour l'experte américaine. Mais « elle a été embauchée par beaucoup d'entreprises et devrait se porter en retrait de ces situations ce qui rend assez inopérant ce pour quoi on l'embauche », a-t-il estimé. Et d'ajouter : « Je pense que les Européens ont besoin de développer des compétences européennes, d'avoir une autonomie stratégique (...), il faut avoir une autonomie de pensée » et le recrutement de Fiona Scott Morton « n'est pas forcément la décision la plus cohérente à cet égard ».

 (Avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 19/07/2023 à 20:39
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Excellente intervention par M. Macron. Ses paroles rapportées dans la presse britannique étaient bien plus forts. Merci.

le 20/07/2023 à 7:17
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Le gars que plus personne ne veut écouter parce que diffusé jusqu'à la nausée, passionnant. Tiens d'ailleurs même moi ça ne m’intéresse pas mais je vous crois !

à écrit le 19/07/2023 à 18:56
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Fair! My dear lady!

le 20/07/2023 à 13:28
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j'aurais aimer voir le même truc aux USA avec un chinois ; les allemands aux pouvoir en Europe fond du n'importe quoi ils faut les dégager en 2024. exit Germania !

à écrit le 19/07/2023 à 18:22
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Bonjour, Dans tous les cas , si elle est si performente et exceptionnelle, elle peux etre consultante pour l'union européenne, mais elle ne peux prendre un poste a responsabilité, avec sont passé et ses actions contre les intérêts de notre union....

à écrit le 19/07/2023 à 14:47
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Bone solution pour que ceux qui ont fiat la bourde de la nommer puisse sauver la face. L'intérêt général prévaut, c'est rassurant.

à écrit le 19/07/2023 à 12:05
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Yale était déjà critique sur les publications de recherche de Scott Morton: "Le professeur Scott Morton rédige occasionnellement des documents de recherche et entreprend d'autres travaux publics qui présentent une apparence potentielle de conflit d'i...

à écrit le 19/07/2023 à 10:47
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En tout cas ,on peut noter que nos chaînes d'info sont plutôt discrète sur ce sujet.

à écrit le 19/07/2023 à 10:32
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C'était la seule manière de sauver "la face" de la commission bruxelloise ! J'espère qu'elle est bien dédommagé ! A part ça, tout est "démocratiquement" fait !;-)

à écrit le 19/07/2023 à 9:36
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C'est vrai dites moi que tout ces européistes qui venaient troller à tour de bras pour nous dire que l4UE c'était génial qu'on était trop bête pour le comprendre, on ne les lit plus ici. Ben vous êtes où les névrosés ? En hôpitaux psychiatriques cert...

à écrit le 19/07/2023 à 9:24
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Tempête dans un verre d eau. Quand on connaît un peu la manière dont fonctionne la commission et le nombre d intervenants derrière une décision, il y avait peu de chances que cette personne puisse déterminer l agenda politique de la commission. Il fa...

le 19/07/2023 à 9:52
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Ben ouais l'UE c'est nulle donc et dire que tu auras passé toutes ces années non seulement convaincus du contraire mais en plus à chercher à nous forcer de nous convaincre nous aussi ? Ça va pas trop dur la chute quand même ? Enfin je suppose que plu...

à écrit le 19/07/2023 à 9:09
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Elle n'aurait jamais dû être candidate. Mais les hauts fonctionnaires de la Commission Européenne n'auraient aussi jamais dû considérer sa candidature, et encore moins la susciter : c'est simplement une forme de trahison. Bien entendu, ils ne parlen...

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