L’économie circulaire pourrait permettre de neutraliser les émissions de CO2

Réutiliser plastique et métal pourrait permettre à l'UE de neutraliser ses émissions d'ici 2050. Par Sam Morgan, Euractiv
(Crédits : Mike Blake)

Une nouvelle étude de Material Economics estime qu'en augmentant son taux de recyclage, l'UE pourrait réduire ses émissions industrielles de plus de 50 %. Au lieu de se concentrer uniquement sur la décarbonation du volet de l'approvisionnement, qui inclut une énergie plus propre, il est nécessaire de se pencher sur le potentiel du volet de la demande, insistent les auteurs de l'étude.

En réutilisant et en recyclant davantage quatre des matériaux les plus générateurs d'émissions, l'acier, le plastique, l'aluminium et le ciment, l'UE pourrait réduire l'empreinte carbone de son industrie de 56 %, soit l'équivalent d'environ 300 millions de tonnes (mégatonnes) de CO2 par an d'ici la moitié du siècle.

À eux seuls, la réutilisation et le recyclage permettraient de réduire les émissions annuelles de 178 mégatonnes. Des processus plus efficaces et des modèles d'entreprises réformés mèneraient quant à eux à des réductions de 56 et 62 mégatonnes, respectivement.

Selon les estimations, la production de matériaux devrait générer pas moins de 900 milliards de tonnes (gigatonnes) de CO2 d'ici la fin du siècle si la tendance actuelle persiste. Pour amener ce chiffre au volume plus gérable de 600 gigatonnes, il est essentiel de s'appuyer davantage sur l'économie circulaire, estiment les auteurs de l'enquête.

Si celle-ci reconnait qu'il est difficile de rendre le secteur du ciment plus efficace, elle souligne que le potentiel est énorme pour les secteurs de l'acier, de l'aluminium et du plastique, si ces matériaux sont recyclés de manière à préserver leurs qualités.

L'étude indique que 56 % des plastiques pourraient être mécaniquement recyclés et que les processus de conception et de désassemblage en fin de vie doivent changer, afin de rendre le recyclage économiquement viable. Pour l'acier et l'aluminium, le taux de recyclage possible est de 70 et 50 %.

Le renforcement des capacités de recyclage ne sera néanmoins pas possible sans investissement. À long terme, une hausse du prix du carbone serait également utile. Une tonne de carbone vaut actuellement 15 euros dans le cadre de l'ETS, un record depuis sept ans.

Espoirs pour 2050

La Commission européenne est justement en train de revoir sa stratégie climatique, qui date de 2011, afin de l'aligner sur l'Accord de Paris.

Les fonctionnaires de l'exécutif auraient déjà été invités à travailler pendant l'accalmie estivale, afin que la stratégie soit achevée avant la fin de l'année. Les discussions en cours sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique doivent également se terminer bientôt, ce qui permettrait aux accords définitifs d'être intégrés dans la stratégie.

Des sources ont déclaré à Euractiv qu'il était « vital » que ces pourparlers, qui sont restés dans l'impasse la semaine dernière, soient finalisés le plus rapidement possible, de préférence sous la présidence tournante bulgare, qui expire au début du mois de juillet.

Pour Jyrki Katainen, commissaire à l'emploi, « l'adoption de nouveaux modèles commerciaux circulaires basés sur la réutilisation des matériaux et l'amélioration de l'efficacité ne peut qu'apporter des avantages et donner aux entreprises européennes un avantage compétitif ».

Il a ajouté que cela « conduira également à d'importantes réductions d'émissions, contribuant à nos objectifs ambitieux en matière de politique climatique et à l'amélioration de la qualité de vie en Europe ».

Pour leur part, les auteurs de l'étude insistent également sur le fait que « la priorité devrait être d'ancrer fermement les mesures d'économie circulaire dans le programme de réduction des émissions de carbone ».

Selon les experts de l'ONU, le budget carbone restant (la quantité de CO2 que l'humanité peut émettre pour maintenir les températures en dessous de la limite de 2 degrés Celsius fixée par l'Accord de Paris) est d'environ 800 gigatonnes.

Les estimations montrent que la production matérielle à elle seule devrait contribuer à hauteur de 900 gigatonnes d'ici la fin du siècle si les tendances actuelles se poursuivent. Pour ramener ce chiffre à 300 gigatonnes, les auteurs de l'étude soutiennent que l'économie circulaire est essentielle.

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Par Sam Morgan (traduit de l'anglais par Manon Flausch), EurActiv.com

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Commentaire 1
à écrit le 18/06/2018 à 15:12
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Bah on sait très bien comment notre consortium fait avec des rapports intelligents de la sorte, elle calcule voir combien ça lui ferait perdre d'argent pour l'enterrer définitivement. Pollution = bénéfices Écologie = pertes de marges bénéfici...

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