Après avoir été durement éprouvée en 2020 par la pandémie du Covid-19, l'Italie affiche une renaissance inespérée en 2021. Dimanche, à l'occasion du Forum économique organisé par le think tank The European House-Ambrosetti - un mini-Davos de la finance italienne et internationale -, à Cernobbio, sur les bords du lac de Côme, Daniele Franco, le ministre italien de l'Economie, a indiqué prévoir "une croissance de 5,8%" cette année, n'excluant pas "qu'elle soit légèrement supérieure". En avril, le gouvernement tablait sur une hausse de 4,5%. Cette performance s'explique aussi par un effet de base, l'économie s'étant contractée en 2020 de 8,9%, "la plus forte perte de PIB" depuis la Seconde Guerre mondiale, a rappelé Daniele Franco.
De son côté, l'OCDE est encore plus optimiste, relevant lundi ses prévisions de croissance du PIB italien pour 2021, à 5,9% contre 4,5% anticipés précédemment. Et pour 2022, l'Organisation pour la coopération et le développement économique prévoit un nouvelle progression de 4,1%.
Au deuxième trimestre, la croissance a atteint 2,7% par rapport au premier, et le troisième trimestre "se déroule bien", a indiqué le ministre italien de l'Economie, soulignant toutefois que "le défi le plus important est de croître de manière structurelle à un taux plus élevé que par le passé", a rappelé Daniele Franco.
Maillon faible de la zone euro
L'Italie reste en effet le maillon faible de la zone euro. Toute la dette publique émise en 2020 a été quasiment achetée par la Banque centrale européenne (BCE). En cumulé, elle devrait représenter 160% du PIB en 2021, à comparer au 134% en 2019, avant la crise sanitaire.
Ce retour à la croissance coïncide avec l'arrivée à la tête du gouvernement de Mario Draghi, en février 2021. L'ancien président de la BCE, réputé avoir la confiance des marchés financiers internationaux, bénéficie surtout de celle des milieux économiques nationaux. Le moral des entreprises dans la péninsule est au beau fixe. Le marché du travail est lui aussi en train de s'améliorer avec un taux de chômage qui est passé sous le seuil des 10%, malgré la levée redoutée par les syndicats de l'interdiction de licencier appliquée durant la crise sanitaire.
Hausse des investissements de 15% en 2020
Pour soutenir l'activité, Mario Draghi a favorisé une relance massive. D'ores et déjà, le total des investissements italiens, tant publics que privés, devrait augmenter de 15% en 2021 et leur part dans le PIB passera à 20%, contre 18% en 2020, selon son ministre de l'Économie, et ce, quitte à laisser filer le déficit. Au premier trimestre, le déficit public a affiché une hausse de 13,1%.
Mais le président du conseil italien compte surtout sur son Plan national de relance et de résilience (PNRR), approuvé en juin dernier par Bruxelles, pour soutenir sa future croissance. Ambitieux, le PNRR totalise quelque 222 milliards d'euros sur six ans, et fait la part belle à la numérisation, la transition écologique et les infrastructures. En outre, il bénéficiera de la solidarité européenne puisqu'il sera financé principalement par le plan de relance de l'Union (Next Generation) dont l'Italie est la principale bénéficiaire. Un total de 191,5 milliards d'euros sera versé à Rome, répartis en subventions pour 68,9 milliards d'euros et en prêts pour 122,6 milliards d'euros. Le fonds national apportera plus de 30 milliards d'euros.
Toutefois, ces investissements pourraient alimenter une inflation qui aujourd'hui s'affiche en août à 3,3%, au-dessus de la moyenne de la zone euro (3%). Mais pour le moment, cela n'inquiète pas la BCE, qui entend poursuivre sa politique monétaire accommodante.
La menace du variant Delta
L'autre inconnue, commune à tous les pays, reste la situation sanitaire avec la menace du variant Delta. L'Italie avait été le premier pays européen à être sévèrement touché par la pandémie au début de l'année 2020. L'espérance de vie a reculé de 1,2 an l'année dernière, et de 4 ans dans les provinces qui avaient été durement touchées, comme la Lombardie, l'un des centres névralgiques de l'économie de la la botte, selon les chiffres publiés ce lundi par l'Institut national de statistiques italien.
Pour poursuivre sa dynamique économique, le pays doit encore intensifier sa couverture vaccinale. A ce jour, selon l'institut, 71,65% de la population âgée de plus de 12 ans a reçu deux doses. Le gouvernement compte atteindre les 80% à la fin du mois.
(avec agences)