En Italie, les grandes manœuvres se poursuivent pour déployer la fibre

La Caisse des dépôts va devenir majoritaire au capital d’OpenFiber, qui déploie un réseau Internet fixe à très haut débit dans la Péninsule. Son objectif ? Le rapprocher ensuite de son rival FiberCop, la coentreprise des opérateurs Telecom Italia et Fastweb, afin de créer un grand réseau national de fibre optique.
Pierre Manière
En favorisant la création d'un unique réseau de fibre, Rome veut permettre à la population de bénéficier plus rapidement d'un accès à Internet à très haut débit.
En favorisant la création d'un unique réseau de fibre, Rome veut permettre à la population de bénéficier plus rapidement d'un accès à Internet à très haut débit. (Crédits : ALESSANDRO BIANCHI)

La France a son plan Très haut débit qui vise à apporter un Internet ultra rapide à tous d'ici 2022, et à généraliser l'accès à la fibre en 2025. L'Italie, elle, cravache pour mettre en place une initiative semblable. Il faut dire que la Péninsule est très en retard en matière de réseaux Internet fixe. La crise du coronavirus et les confinements, qui ont accouché comme en France d'un essor du travail à distance, ont montré leurs limites. Rome a donc mis sur pied un projet d'envergure dont l'objectif est d'accélérer le déploiement de la fibre optique pour permettre au plus grand nombre de bénéficier d'une bonne connexion Internet.

L'Etat est ici à la manœuvre à travers son bras armé : la Caisse des dépôts (CDP). Ce vendredi, celle-ci a indiqué qu'elle allait déposer une offre pour racheter au géant de l'énergie Enel ses 10% dans OpenFiber, lequel déploie un réseau de fibre à travers le pays. Cela fait, la CDP en deviendra l'actionnaire majoritaire, à hauteur de 60%. « Une fois conclue la transaction, la CDPE [la branche d'investissement de la CDP, Ndlr] obtiendra la majorité du capital de la société pour renforcer son soutien à une infrastructure stratégique de grande importance pour la digitalisation et la compétitivité du pays », précise l'institution dans un communiqué.

Vers un mariage entre OpenFiber et FiberCop

Cette initiative n'est que le premier étage de la fusée. La CDP ambitionne, dans un second temps, de fusionner OpenFiber à son concurrent FiberCop. Cette dernière est une coentreprise créée avec les opérateurs Telecom Italia et Fastweb. Le but de la CDP est d'accoucher d'une structure capable de déployer un grand et unique réseau de fibre à l'échelle nationale. Tous les opérateurs du pays pourraient in fine profiter de cette infrastructure pour raccorder leurs clients. L'objectif est d'éviter les doublons dans le déploiement de la fibre, de réaliser des économies, sachant que cette technologie est extrêmement coûteuse à installer.

Le rapprochement entre OpenFiber et Fibercop est déjà sur les rails. L'été dernier, Telecom Italia et la CDP ont signé une lettre d'intention visant à fusionner les deux entités. La Caisse joue pleinement son rôle de pivot. Outre ses parts dans OpenFiber, elle n'est autre que le deuxième actionnaire de Telecom Italia, à hauteur de 10%. Elle pourrait, d'ailleurs, accroître sa participation dans l'opérateur historique pour se rapprocher du niveau du géant français des médias Vivendi, qui en possède 24%.

Réduire les investissements

Pour les opérateurs, ce projet d'unique réseau de fibre semble, sur le papier, bienvenu pour limiter les investissements dans la fibre, alors qu'ils dépensent, en parallèle, beaucoup d'argent pour apporter la 4G et la 5G. Pour rappel, à l'automne 2018, au terme de folles enchères, ils ont dépensé une fortune - 6,55 milliards d'euros ! - pour leurs fréquences 5G. Un montant astronomique, qui découle de la volonté du gouvernement de récupérer un maximum d'argent auprès des opérateurs. Le problème, c'est que mécaniquement, l'argent investi dans les fréquences ne l'est pas dans le déploiement des réseaux. A l'époque, beaucoup d'analystes estimaient que l'Italie serait probablement en retard dans la 5G, une technologie pourtant amenée à devenir essentielle pour l'économie du pays.

En outre, la concurrence reste vive dans les télécoms italiennes. Surtout depuis l'arrivée, en 2018, de Xavier Niel et de son opérateur mobile Iliad Italia, qui casse les prix pour se faire une place sur le marché. Dans ce contexte, toute opportunité de diminuer les coûts de déploiement des réseaux, en particulier de la fibre, semble bonne à prendre.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 01/05/2021 à 15:45
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À quoi cela va servir ? À part pour créer un site chez soi . Tout est en train d'être interdit ,contrôlé . Si c'est juste pour payer ses impôts ou son EDF, l'ADSL classic suffit .

à écrit le 30/04/2021 à 15:02
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L'Italie, pays dans lequel néolibéraux et populistes marchent fièrement et ouvertement main dans la main droit devant vers un unique destin une seule et même idéologie ! Que c'est beau l'UERSS, empire prévu pour durer mille ans non ? Elections pi...

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