
Patriotisme économique, souverainisme, protectionnisme, défense des intérêts nationaux... depuis plusieurs années, toutes ces expressions reviennent régulièrement dans la bouche des responsables politiques sur le Vieux continent. Emmanuel Macron, chantre de la "Startup Nation" et de la mondialisation heureuse, a évoqué à plusieurs reprises dans des discours importants le concept de souveraineté depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au point que certains observateurs se demandent si cette stratégie est purement politique ou s'il s'agit d'une réelle conversion.
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La pandémie qui a jeté une lumière crue sur les failles de l'Europe en matière de santé et son étroite dépendance aux pays asiatiques a remis sur le devant de la scène ce dossier brûlant. Du Rassemblement national (RN) à la France Insoumise (LFI), tout le spectre politique en France use du terme de souveraineté pour tenter d'attirer les voix des électeurs victimes de la crise sanitaire et de ses répercussions économiques.
Ailleurs en Europe, la souveraineté fait largement débat. En Ecosse ou en Espagne, la voix des indépendantistes se fait régulièrement entendre dans les urnes. Derrière ces enjeux, la solidarité européenne n'est jamais très loin. Il semble pour autant que ce concept de souveraineté est loin de faire l'unanimité au sein de l'Union européenne. D'après une vaste enquête dévoilée ce lundi premier mars par les fondations Jaurès et Ebert menée auprès de 8.000 personnes, 46% des sondés expriment une opinion positive. Ils sont plus souvent centristes ou de droite, membres des catégories supérieures et âgés de 50 ans et plus. A l'opposé, 31% n'ont pas d'avis sur la question et 17% font état d'un sentiment négatif.
La souveraineté, une idée plus soutenue à l'Est et au centre
Les résultats collectés par l'institut Ipsos auprès de 8 pays font apparaître une véritable ligne de fracture au sein du Vieux continent. A l'Est, cette idée est plutôt jugée positivement dans la majeure partie de la population. En Pologne, Roumaine, Lettonie, le taux de réponses positives dépasse les 60%. Chez nos voisins allemands, la souveraineté est également très bien accueillie avec 73% de réponses favorables. Tous ces pays de l'ancien bloc de l'Est partagent une vision relativement positive de ce concept utilisé à toutes les sauces par les politiques.
A l'opposé, cette idée est loin d'être bien acceptée par les populations de l'Europe du Sud. Une minorité de répondants en Italie (21%), en Espagne (28%) ou en France (29%) approuvent cette souveraineté. Autour de la Méditerranée, cette notion apparaît bien plus souvent "dépassée" que dans les pays à l'Est ou en Allemagne. Dans ce dernier groupe de pays, c'est même l'inverse. Une partie importante des répondants (autour de 30%) évoquent la "modernité" de cette idée.
Une notion plus souvent associée à la droite
Sur le plan politique, une majorité (58%) n'attribue pas de couleur partisane à cette notion. En moyenne, près d'un quart des répondants affirment (23%) que la souveraineté est associée à la droite, et seulement 6% l'associent à la gauche quand 13% expliquent que "cela ne leur évoque rient du tout". Derrière ces moyennes, il existe de forts clivages entre les pays. Si en Italie (35%), en France (30%) ou en Pologne (28%), cette idée est souvent associée au clan conservateur, cette proportion est beaucoup moins marquée en Roumanie (16%), en Lettonie (18%) et surtout en Allemagne (5%). De l'autre côté du Rhin, 77% des personnes interrogés indiquent que la souveraineté n'est "ni de gauche ni de droite".
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Méthode : Pour répondre à ces questions, Ipsos a interrogé du 28 décembre 2020 au 8 janvier 2021 par Internet 8.000 Européens dans 8 pays. Il s'agit de la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, la Lettonie, la Suède, la Roumanie et la Pologne. Dans chacun de ces pays, un échantillon représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus a été sondé avec la méthode des quotas.
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