Les allocations familiales des étrangers menacées en Autriche

À partir de janvier 2019, l’Autriche indexera les allocations familiales au niveau de vie des pays dans lesquels vivent les enfants concernés. La Commission veut maintenant se saisir de la question. Un article de notre partenaire Euractiv.
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz, président du Parti populaire autrichien (ÖVP).
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz, président du Parti populaire autrichien (ÖVP). (Crédits : Reuters)

Les allocations familiales concernent environ 1,75 million d'enfants, dont 330 000 ne vivent pas avec leurs parents mais dans leur pays d'origine. Dans la majorité des cas, il s'agit d'États d'Europe de l'Est, où le niveau de vie est beaucoup plus bas qu'en Autriche.

Par conséquent, Vienne a décidé d'aligner les allocations familiales sur l'indice du coût de la vie des pays d'origine.

Le FPÖ, parti libéral autrichien, s'est fait le relais de ce thème lors de sa campagne électorale. La ministre de la Famille, Juliane Bogner-Strauß de l'ÖVP (parti conservateur chrétien), a défendu cette décision.

Étant donné que les allocations familiales servent à rembourser une partie des frais de subsistance des enfants et que ces coûts varient considérablement en Europe, le système est désormais « plus équitable » grâce à l'indexation des prestations assure le parti. « Nous exportons actuellement 250 millions d'euros d'allocations familiales par an, alors que dans des pays comme la Roumanie ou la Slovaquie, le coût de la vie est nettement inférieur à celui de l'Autriche », soutient la ministre autrichienne.

Bruxelles insiste sur la notion d'équité

Les ONG ainsi que l'opposition critiquent vivement l'indexation. Elles s'inquiètent notamment pour les familles du personnel infirmier du pays, principalement issu de Slovaquie, de Hongrie, de Croatie, de Roumanie et de Bulgarie. Toutes ces nationalités couvrent à elles seules 95 % du personnel infirmier de garde en Autriche. Des dizaines de milliers d'aides-soignants qui travaillent 24 heures sur 24, et ne rentrent chez eux que tous les 14 jours, seront donc privés d'une partie de leurs allocations familiales.

Günther Oettinger, commissaire européen au Budget, a prêté main forte aux opposants au projet, en argumentant que cette nouvelle réglementation avait peu de chances de succès.

En outre, la Commission européenne estime que l'indexation prévue par l'Autriche n'est pas totalement conforme au droit communautaire. « Les États membres sont libres d'organiser leurs systèmes de sécurité sociale, mais pour les aspects transfrontaliers, il existe des règles garantissant l'égalité de traitement et prévenant la discrimination », a fait observer Bruxelles.

En dépit de la réduction, une salariée hongroise qui travaille en Autriche, par exemple, touchera toujours un peu plus que si elle travaillait dans son pays d'origine. Pour un enfant, l'État hongrois verse une allocation familiale de 35 euros par mois, contre 100 euros pour l'Autriche.

Néanmoins, si l'amendement de la loi résiste à l'examen, cela pourrait intéresser d'autres États européens, qui risquent alors de lui emboîter le pas.

Une publicité du FPÖ jugée raciste

Le FPÖ a récemment suscité la colère. Leur mouvement ouvrier a fait de l'indexation des allocations familiales le sujet phare de leur dernière publicité.

L'image représente une femme noire et voilée supposée toucher des allocations familiales pour ses enfants en Afrique, avec le slogan : « Finies les allocs pour vos enfants à l'étranger ! ».

Il se trouve que ces informations sont erronées sur le plan factuel, car les ressortissants de pays tiers ne perçoivent pas d'allocations familiales. L'indexation concerne essentiellement des enfants de travailleurs invités venus d'Europe de l'Est ou de Turquie.

Othmar Karas, membre du Parlement européen, s'est exprimé au nom de l'ÖVP, parti populaire autrichien. Pour lui, ces images « révèlent d'une manière effrayante et répugnante l'esprit sous-jacent du FPÖ ». Ce à quoi l'eurodéputé libéral Harald Vilimsky a rétorqué que le FPÖ « se préoccupait de mettre la population locale au premier plan de l'action politique ».

| Lire aussi : L'Autriche envisagerait de supprimer le droit d'asile sur le sol européen

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Par Herbert Vytiska, Euractiv.de (traduit par Méline Gadji)

(Article publié le mercredi 31 octobre 2018 à 11:51, mis à jour 12:06)

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Commentaires 12
à écrit le 06/11/2018 à 20:43
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Ça serait bien de supprimer les allocations pour les enfants dans le monde entier : si ça peut aider « des enfants à ne pas souffrir «  et à responsabiliser « plus « les parents «  géniteurs «  Avoir un enfant est une décision importante , ce n’est ...

à écrit le 05/11/2018 à 19:11
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La même chose pour la france des allocations aux niveaux de leurs pays au si pas de résidence en france supprime

à écrit le 05/11/2018 à 11:55
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Dans la majorité des pays en dehors de l'UE c'est déjà le cas pour les visas de travail, l'employeur (ou son employé) étant en plus chargé d'assumer la couverture maladie et le plus souvent les frais de scolarité des enfants.

à écrit le 05/11/2018 à 11:26
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Bravo ! Si c'est ça être en populiste facho et je ne sais quoi d'autre alors c'est ok pour moi ! On croit rêver ! Je pensais que c'était finit depuis très longtemps !!!!

à écrit le 05/11/2018 à 9:51
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Je suis surpris que l'on donne encore des allocations a des étrangers, alors que l'on a des nationaux en difficultés!!

le 05/11/2018 à 12:01
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Tout simplement parce que leur pays a besoin des étrangers pour maintenir son niveau de vie. Les autrichiens, comme les allemands, ne font plus de gosses (1.46 enfant/femme). Mais ils ont toujours et de plus en plus, besoin d'infirmières, de gard...

le 05/11/2018 à 15:04
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On ne maintient pas son niveau de vie en dépensant plus, ni en arnaquant les pays voisins par l'exploitation humaine.

le 06/11/2018 à 2:39
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P't'être parce qu'ils paiyent des impôts et cotisent aux differentes caisses de prevoyance

à écrit le 05/11/2018 à 9:02
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Pourquoi montrer ainsi du doigt la seule Autriche? Parce que son gouvernement est de droite? L'Allemagne rencontre les mêmes problèmes, le maire de Duisbourg, Link, dénonce ainsi les hordes de Tziganes qui déclarent être venus s'établir dans sa ville...

à écrit le 05/11/2018 à 8:53
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la question est pourquoi des gens qui ne vivent pas dans un pays avec leur gosse touchent quand meme des allocations? faut arreter de se foutre des gens, ca va mal finir

le 05/11/2018 à 11:27
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La question est: pourquoi des gens dont L'Autriche à besoin pour faire tourner son économie ne peuvent t'il pas s'installer en famille dans le pays? Réponse: parce que le gouvernement d'extrême droite refuse de leur délivrer des permis en séjour.....

le 05/11/2018 à 13:47
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les pays cites sont des peco....... selon les traites fondateurs ( je vous suggere ' textbook on EC law' de josephine steiner), les gens peuvent bouger d'un pays a l'autre a la condiction qu'ils ne soient pas a charge du pays accueillant, ce qui es...

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