Les moins de 26 ans exonérés d'impôt pour stopper l'émigration en Pologne

Le gouvernement conservateur a mise en place depuis le 1er août des mesures d'exonération fiscale pour les jeunes de moins de 26 ans. Objectif : éviter le départ de ces jeunes actifs vers l'Allemagne.
(Crédits : DR)

Franciszek Filipowski, 19 ans, vient de trouver son premier job dans un restaurant végétarien à Varsovie et son jeune âge lui permet d'être exonéré d'impôt grâce à une mesure entrée en vigueur le 1er août.

"Le parti actuellement au pouvoir a supprimé l'impôt pour les moins de 26 ans et donne ainsi l'impression d'être sympathique aux jeunes gens qui vont aller voter", dit-il, admettant que la motivation électorale, à quelques mois des législatives, pourrait y avoir joué un rôle.

Dans l'esprit du gouvernement conservateur, la mesure, entrée en vigueur le 1er août, pourrait profiter à environ deux millions de jeunes (salariés, les jeunes entrepreneurs n'en bénéficient pas) et les encourager à rejoindre vite le marché du travail qui manque de plus en plus de main-d'œuvre, a expliqué à l'AFP un vice-ministre des Finances, Leszek Skiba. Ainsi, un jeune devrait toucher à la fin du mois 18% de plus, que son employeur ne retiendra plus pour le verser au fisc.

L'objectif affiché du gouvernement est également de réduire la migration des jeunes vers l'Ouest et ses hauts salaires.

"Come back to Poland"

"Difficile de tout prévoir, de promettre un coup de baguette magique, mais nous pensons que les jeunes qui se demandent s'ils doivent travailler en Pologne ou à l'étranger, verront que la différence avec l'Occident, concernant leur salaire net, diminue et ce sera pour eux une motivation pour rester en Pologne", dit M. Skiba.

Mieux, pense-t-il, "une partie de ceux qui sont déjà en Europe de l'Ouest, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France ou en Irlande, y verront un encouragement pour réfléchir à leur retour en Pologne".

Pour l'État, le coût total pourrait atteindre au total 2,5 milliards de zlotys, soit environ 580 millions d'euros, indique le vice-ministre. Une moitié de cette somme n'ira pas dans les caisses du gouvernement et l'autre moitié réduira les recettes des collectivités locales.

Un autre jeune homme interrogé par l'AFP, Jan Piotrowski, 23 ans, qui, après avoir travaillé depuis quatre ans dans le commerce et dans une banque, cherche maintenant un job dans le secteur logistique, se dit plutôt sceptique quant aux effets de l'opération.

Des mesures populistes ?

"L'idée a été lancée juste avant les élections au Parlement européen, donc j'y vois un élément populiste", remarque-t-il. "Je ne m'attends pas à une forte injection de cash. Plutôt entre cent et deux cents zlotys (23 et 46 euros)".

Piotrowski reconnaît "penser à l'émigration depuis deux ans" et dit qu'il ne changera pas d'avis pour une somme de ce niveau.

"Vraiment, je n'aime pas beaucoup la politique du gouvernement en place et je ne m'attends pas qu'elle change. Beaucoup de mes amis sont de cet avis. Les salaires en Pologne ne monteront pas en flèche. Les prix des logements sont élevés, les prix de l'alimentation augmentent aussi, lentement, mais sans s'arrêter", explique-t-il.

Le plan du gouvernement est également accueilli avec réserve par des experts économistes libéraux. Certes, il serait bon, dit Andrzej Sadowski, président du Centre Adam Smith, "si le gouvernement reconnaissait que les impôts nuisent à l'économie".

"La suppression de cet impôt ne change pas grand-chose" pour l'économie, estime l'expert.

"Pour un entrepreneur, ce qui est coûteux, ce n'est pas l'impôt sur le revenu, de 18%, mais les charges sociales ZUS, de 40%".

Reste que, selon lui, ce sont les entrepreneurs qui pourront profiter de l'opération.

"S'ils embauchent maintenant un jeune homme, ils pourront lui proposer un salaire sur lequel ils n'auront pas à payer l'impôt de 18%."

Sadowski n'exclut pas une motivation électorale, observant qu'"en Pologne, comme en France, le pouvoir fait souvent des cadeaux aux électeurs à l'approche d'un scrutin".

"Dans ce cas précis, estime-t-il, la mesure favorable aux jeunes est destinée à compenser l'effet négatif de l'augmentation des cotisations sociales ZUS pour les micro-entreprises" qui doit entrer en vigueur en janvier prochain.

Les partisans de la mini-réforme favorable aux jeunes évoquent un précédent en Suède.

En 2007, le gouvernement suédois de centre-droit avait réduit de moitié les charges patronales pour les moins de 26 ans, dans l'espoir de faciliter leur accès au marché du travail. Le gouvernement de centre-gauche l'a supprimé en 2016, l'estimant inefficace.

Commentaires 6
à écrit le 06/08/2019 à 15:43
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Il convient de prévoir une TAXE FIXE de 1 200 € par mois à payer par les employeurs DIRECTS OU INDIRECTS de ces travailleurs exploités en France, qu'ils soient roumains bulgares polonais ou autre de l'UE

à écrit le 06/08/2019 à 14:18
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C'est assez intéressant de voir la gesticulation de ce que l'on appel l'europe, et qui finalement n'a d'intérêt que de baisser la condition des gens. Lorsqe l'UE par le de concurrence déloyale, en sachant ce qui se passe y compris pour les impôts...

à écrit le 06/08/2019 à 14:12
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LEs politiciens européens sont des malades mentaux et j'euphémise... La pologne vend ses jeunes au travail détaché européen faisant que ceux-ci viennent travailler chez nous pour 300 euros par mois, que ces imbéciles ne se doutent pas que de ce f...

à écrit le 06/08/2019 à 14:02
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Si l'UE de Bruxelles n'a rien a redire, il faut généralisé le procédé jusqu’à l'explosion!

à écrit le 06/08/2019 à 11:05
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Sachant que l'année dernière, à la même période, le même gouvernement avait lancé des actions pour augmenter le taux de travailleurs détachés ... Et faisait des accords avec pays à forte population catholique dont les Philippines pour les remplacer p...

à écrit le 06/08/2019 à 10:50
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"devrait toucher à la fin du mois 18% de plus" c'est donc une "flat tax", IR pour tous à 18%, de 1 à 100 000€/mois ? Non, zlotys. Un taux fixe est intéressant pour les hauts et très hauts revenus (avec les tranches ça croit de façon presque quadratiq...

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