Les réfugiés, futur moteur économique des pays riches de l’UE

Une nouvelle étude révèle que les pays riches de l’UE qui accueillent des réfugiés peuvent en tirer un véritable avantage économique. Le rapport n’analyse cependant pas le cas des pays européens les plus pauvres.
Le rapport indique que les gouvernements doivent se tourner vers l'avenir et s'assurer que les enfants ne sont pas laissés pour compte à l'école.

Les réfugiés ont beaucoup à offrir en tant que travailleurs, entrepreneurs, innovateurs, contribuables, consommateurs et investisseurs, révèle un rapport réalisé par la Fondation Tent et le Open Political Economy Network (OPEN) publié le 18 mai.

Selon l'auteur du rapport, Philippe Legrain, c'est la première étude internationale et complète sur la manière dont les réfugiés peuvent contribuer à des économies avancées. Elle s'appuie que des estimations du Fonds monétaire international sur l'impact économique des demandeurs d'asile et des réfugiés sur l'Union européenne.

« Les réfugiés sont souvent perçus comme un fardeau que l'on se partage ou que l'on esquive, alors qu'en réalité ils représentent une véritable opportunité qu'il faudrait accueillir », explique Philippe Legrain, fondateur d'OPEN et chercheur émérite à l'institut européen de la London School of Economics. « Avec des investissements de départ adaptés, les réfugiés qui travaillent, quelles que soient leurs compétences, ont beaucoup à offrir à l'économie, aux entreprises et au secteur public. »

>> Lire : Ankara menace à nouveau d'inonder l'Europe de réfugiés

À travers différents graphiques, la situation dans les pays européens les plus riches tels que l'Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Suède, et le Royaume-Uni est analysée.

« Accueillir des réfugiés n'est pas seulement une obligation juridique et humanitaire : c'est un investissement qui peut avoir des retombées économiques importantes », indique le rapport.

Dépenses

Le FMI estime que les dépenses publiques pour les réfugiés et les demandeurs d'asile en Europe passeront de 0,08 % du PIB en 2014 à 0,19 % en 2016. La plus forte hausse devrait être enregistrée en Suède, où elles atteindraient 1 % du PIB. Les dépenses de l'Allemagne devraient quant à elles passer de 0,08 % à 0,35 % du PIB.

La Commission européenne propose aussi de réallouer 1,7 milliard d'euros du budget européen (soit 0,01 % du PIB de l'UE) à la crise des réfugiés, ramenant ainsi le total des dépenses à 9,2 milliards d'euros (0,07 % du PIB de l'UE) en 2015-2016.

Les États-Unis, le Canada et l'Australie, concentrent leur investissement initial sur les réfugiés réinstallés, en dépensant entre 7 400 et 9 100 dollars par personne. L'UE reçoit principalement des demandeurs d'asile et dépense jusqu'à 12 000 euros pour chacun d'eux la première année.

Retour

Alors que les migrants qui viennent pour travailler et trouvent un emploi dès qu'ils arrivent deviennent immédiatement des contributeurs nets à l'économie, les réfugiés représentent généralement un coût budgétaire net, mais c'est aussi le cas pour les citoyens du pays en question. Les réfugiés peuvent donc même devenir des contributeurs nets avant les locaux, affirme l'auteur du rapport.

Selon lui, une fois que les réfugiés commencent à travailler, cet investissement peut engendrer sept fois plus de dividendes. Certains réfugiés se lancent dans des emplois difficiles, dangereux ou ennuyeux que les natifs refusent, tels que le nettoyage de bureau, ou le soin aux personnes âgées, qui est le domaine où la croissance de l'emploi est la plus rapide des économies avancées. Cela permet aux citoyens du pays de prétendre à des emplois plus qualifiés et mieux payés.

>> Lire : L'UE pense à réallouer son surplus budgétaire à la crise migratoire

Le rapport montre entre autres que dans l'ensemble, les États-Unis sont beaucoup plus efficaces que les pays européens pour intégrer les réfugiés dans le monde du travail.

Le FMI calcule que cette dépense supplémentaire pour les demandeurs d'asile et les réfugiés dopera le PIB de l'UE de 0,09 % en 2016 et de 0,13 % en 2017. D'ici à 2017, l'impact le plus fort se fera ressentir en Autriche, où le PIB devrait augmenter de 0,5%, suivie de la Suède (0,4 %) et de l'Allemagne (0,3 %).

Facteur démographique

Sans migration, le nombre de personnes en âge de travailler dans l'UE par personne en âge de partir à la retraite chuterait de 3,5 en 2015 à 2,5 en 2030. C'est en Allemagne que les changements démographiques sont les plus extrêmes.

Sans migration, la population active diminuerait d'un sixième d'ici à 2030 (8,7 millions de personnes), alors que la population de personnes âgées augmenterait de plus d'un quart (4,7 millions de personnes). Au total la population de l'Allemagne diminuerait de 5 millions d'habitants. L'Allemagne n'aurait donc plus que deux personnes actives pour chaque personne à la retraite.

Les décideurs politiques et les professionnels devraient donc arrêter de voir les réfugiés comme un fardeau et comprendre que les accueillir peut avoir des retombées économiques considérables qui augmenteront à mesure qu'ils évoluent dans leur nouveau pays.

Recommandations

Le rapport conseille de replacer les réfugiés dans des régions où il y a de l'emploi, et non pas là où les loyers sont peu chers, mais où le marché du travail est dans l'impasse. Par ailleurs, les gouvernements devraient faire appliquer vigoureusement les lois anti-discrimination. Les pays ayant des marchés du travail trop rigides, qui privilégient les citoyens au détriment des immigrants devrait ouvrir leur marché et faciliter la recherche d'emploi des réfugiés.

Permettre aux réfugiés de créer des entreprises est une autre raison que les gouvernements devraient prendre en compte pour alléger les lourdeurs administratives qui étouffent les entreprises. Le rapport indique que les gouvernements doivent se tourner vers l'avenir et s'assurer que les enfants ne sont pas laissés pour compte à l'école.

Les réfugiés peuvent aussi apporter des bénéfices sur le plan du développement, notamment en envoyant de l'argent dans leur pays d'origine.

Les preuves montrant que les réfugiés peuvent contribuer à l'économie des pays riches ne manquent pas, mais le besoin de recherche à ce sujet et d'expérimentations politiques est urgent afin d'améliorer leur intégration.

>> Lire : Une étude allemande pointe les bénéfices économiques de la migration

« Accueillir les réfugiés n'est pas seulement la bonne décision d'un point de vue morale, mais aussi d'un point de vue économique », a résumé Ruma Bose, présidente de la Fondation Tent.

« À plus d'un titre, les pays qui accueillent des réfugiés aujourd'hui y gagneront beaucoup à l'avenir. Les décideurs politiques doivent reconnaître le talent, l'énergie et le dévouement remarquables de ces nombreuses personnes qui fuient la guerre et la violence, et savoir apprécier le travailleur, contribuable, entrepreneur, et innovateur qu'ils deviendront un jour », a déclaré Peter Sutherland, représentant spécial de l'ONU pour la migration et le développement international.

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Georgi Gotev, traduit par Marion Candau d'Euractiv.

(Article publié le 19 mai 2016)

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Euractiv

Commentaires 12
à écrit le 23/05/2016 à 12:05
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bien sur, vous pouvez le croire ,le dire et l'écrire ... Mais malheureusement depuis 30 ans notre pays est soumis a une forte immigration et il ne me semble pas que notre pays le France est un bonne santé économique, ou avons 5 000 000 de gens sans e...

à écrit le 21/05/2016 à 16:38
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"Les réfugiés ont beaucoup à offrir en tant que travailleurs, entrepreneurs, innovateurs, contribuables, consommateurs et investisseurs..." et puis quoi encore, quand ils arrivent ils n'ont plus un rond, les passeurs se sont fait payés. En plus, il f...

à écrit le 21/05/2016 à 9:57
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C'est cette vision purement économique du monde qui nous a mené à notre perte. C'était la vision de Rome avant sa chute : importation massive de main d'oeuvre pour s'enrichir. L'idéologie que l'homme n'existe que pour produire des richesses est pourt...

à écrit le 21/05/2016 à 7:37
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Il faut tenir compte de la notion de capital humain. Pour l'Algérie, les rapatriés ont apporté leur capital humain, ce qui a réduit celui de l'Algérie. Tout dépend de la population qui entre en France, des cadres ou des marginaux qui fuient la misère...

à écrit le 20/05/2016 à 20:49
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et on a chiffré le coût des attentats et de la délinquance apporté par ces populations ? je note que l'article parle de réfugiés et non pas de migrants

à écrit le 20/05/2016 à 20:21
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Cette étude doit être dans le vrai : on a oublié le coup de fouet donné à l'économie française dans les années 1960 avec l'arrivée des rapatriés d'Algérie. Ou le miracle économique allemand des années 1950, qui est dû en partie à l'arrivée de 13 mil...

à écrit le 20/05/2016 à 17:18
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on se fout des gens, hein? on publie des etudes prouvant que l'immigration est un atout ( en ajoutant en petit ' pour les gens qui travaillent') personne ne doute que le RU tourne grace a bcp de non britons, que le canada a des asiatiques et des in...

à écrit le 20/05/2016 à 16:45
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Pas une nouveauté ! On sait déjà que l'immigration est un atout...quand les migrants apportent une plus-value au pays. Quand ils viennent uniquement pour pomper les ressources, c'est un boulet plus qu'indésirable :-)

à écrit le 20/05/2016 à 16:24
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Euractiv c'est de la soupe remplaciste à gogo, avec des théses à faire exploser le Fn ou l'équivalent un peu partout.

à écrit le 20/05/2016 à 16:02
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Je dirai simplement à ce Monsieur que ce qui est bon pour les pays en déclin démographique: Allemagne, Italie, Espagne, ne l'est pas pour la France ou l'Irlande. Avec un volant constant de plus de 7 à 8% de chômage endémique en France depuis plus de...

à écrit le 20/05/2016 à 15:52
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Situation sans fin! Promouvoir l'arrivée massive d'étrangers afin de compenser la baisse de la population active au lieu de favoriser les femmes à faire des enfants... Bravo les mecs! Donnez les 12 000 euros pour la première année de chaque clandest....

à écrit le 20/05/2016 à 15:47
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Quelle rigolade ! On croit rêver ! La nostalgie des "ritals, portos..." qui refait surface, comme si il s'agissait du même contexte ! Informatique, Robotique, délocalisation, mondialisation ... à part ça il faut d'urgence importer des chômeurs non fo...

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