Logement : le Portugal met fin aux « visas dorés » pour les investisseurs étrangers

Pour lutter contre la crise du logement et freiner la spéculation immobilière, le gouvernement portugais a adopté jeudi un train de mesures qui prévoit notamment la fin des « visas dorés » pour des riches investisseurs étrangers. Selon l'office européen des statistiques Eurostat, le prix d'achat des logements a bondi au Portugal de plus de 75% entre 2010 et 2022, tandis que les loyers ont augmenté de près de 25%. Par ailleurs, le pays compte quelque 730.000 logements vacants ou délabrés.
Pour le Premier ministre Antonio Costa, les prix de l'immobilier sont beaucoup trop élevés pour le marché portugais.
Pour le Premier ministre Antonio Costa, les prix de l'immobilier sont beaucoup trop élevés pour le marché portugais. (Crédits : PIROSCHKA VAN DE WOUW)

« Rien ne justifie le régime spécial des visas dorés ». Le Premier ministre portugais, Antonio Costa, s'est exprimé à l'issue d'un conseil des ministres, où a été adopté un plan pour freiner la spéculation immobilière. « Le droit au logement est absolument essentiel et mon devoir est que ce droit soit garanti », a ajouté le responsable socialiste.

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Des autorisations de résidence accordées à de riches investisseurs depuis 2012

En un peu plus de dix ans, grâce à ces visas dorés ou « autorisations de résidence pour investissement », le Portugal a capté près de 6,8 milliards d'euros en échange de quelque 11.758 permis de résidence accordés à des candidats prêts à débourser au moins 500.000 euros pour un achat immobilier, investir au moins un million d'euros ou créer dix emplois. Le Portugal octroie ces permis depuis fin 2012, quand il se trouvait sous perfusion financière de l'Union européenne et recherchait des capitaux étrangers.

Ce plan, qui va être soumis au Parlement où les socialistes disposent d'une majorité absolue, prévoit également des avantages fiscaux pour les propriétaires acceptant de placer des locations saisonnières sur le marché résidentiel et une fiscalité favorable pour le marché locatif de longue durée.

Les annonces du gouvernement comprennent aussi d'autres mesures plus controversées telles que la location obligatoire d'appartements vacants depuis plus de deux ans dans les régions les plus peuplées ou encore la possibilité pour les municipalités des grandes villes de décider ou pas d'octroyer de nouvelles licences selon les besoins en matière de logement résidentiel.

« Au cours de ces dix dernières années, les loyers ont connu une hausse très supérieure à l'inflation... Les prix actuels sont beaucoup trop élevés pour le marché portugais », a déjà pu faire valoir le chef du gouvernement.

Le prix d'achat des logements a bondi au Portugal de plus de 75% entre 2010 et 2022

Selon l'office européen des statistiques Eurostat, le prix d'achat des logements a bondi au Portugal de plus de 75% entre 2010 et 2022, tandis que les loyers ont augmenté de près de 25%. Par ailleurs, le pays compte quelque 730.000 logements vacants ou délabrés, selon le gouvernement.

Toutes ces mesures ne font pas l'unanimité. Ainsi, des dizaines de personnes ont manifesté jeudi après-midi dans plusieurs villes du pays contre les mesures visant les locations saisonnières touristiques. « Cela va conduire de nombreuses familles au chômage », s'était inquiété le maire de Lisbonne Carlos Moedas qui s'est joint aux manifestants dans la capitale portugaise.

Le Portugal a réalisé en 2022 une bonne performance budgétaire

Le Portugal a réduit son déficit public de 2,9% du PIB en 2021 à 0,4% en 2022, dépassant largement l'objectif du gouvernement qui comptait ramener le déséquilibre des finances de l'Etat à 1,9% du PIB. Grâce à cette bonne performance budgétaire, le gouvernement a réduit la TVA sur certains produits alimentaires de première nécessité. Par ailleurs, l'inflation au Portugal a commencer à ralentir depuis qu'elle a atteint 10,1% en octobre dernier, son plus haut niveau en 30 ans. Etablie à 7,8% sur l'ensemble de l'année dernière, la hausse des prix devrait se limiter cette année à 4% selon le gouvernement, ou à 5,8% d'après la Banque du Portugal. Néanmoins, sur le marché de l'emploi, le taux de chômage devrait rester élevé, à 7% cette année et 6,9% en 2024, avant retomber à 6,7% en 2025.

(Avec AFP)

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