Superprofits : le Portugal va également taxer la distribution alimentaire

Le gouvernement portugais a adopté jeudi en conseil des ministres un projet de loi visant à taxer les « profits excédentaires » des secteurs de l'énergie mais, aussi, de la distribution alimentaire, afin de modérer l'impact de l'inflation, au plus haut depuis les années 90.
Pour le Premier ministre portugais, Antonio Costa, les entreprises « doivent payer pour les bénéfices obtenus de façon injustifiée en raison de cette crise d'inflation. »
Pour le Premier ministre portugais, Antonio Costa, les entreprises « doivent payer pour les bénéfices obtenus de façon injustifiée en raison de cette crise d'inflation. » (Crédits : Reuters)

Alors que le débat fait rage sur la taxation des superprofits en Europe, le Portugal s'apprête à taxer ceux des producteurs des secteurs de l'énergie et de la distribution alimentaire afin d'en reverser une partie aux ménages touchés par l'inflation. Dans son communiqué, l'exécutif socialiste n'a pas précisé à quel taux seront prélevés ces « contributions de solidarité temporaire ».

Lisbonne a déjà indiqué avoir l'intention de taxer à hauteur d'au moins 33% les « profits extraordinaires » des secteurs du pétrole brut, du gaz naturel, du charbon et du raffinage. Depuis, le Premier ministre portugais Antonio Costa avait évoqué la possibilité d'élargir cette contribution aux entreprises de grande distribution alimentaire.

Une inflation à son plus haut niveau depuis mai 1992

« Le projet de loi que nous allons présenter en vue de la taxation des bénéfices inattendus concernent un ensemble d'entreprises qui n'appartiennent pas seulement au secteur énergétique, mais aussi à celui de la distribution, et qui doivent payer pour les bénéfices obtenus de façon injustifiée en raison de cette crise d'inflation », avait-il déclaré fin octobre, lors d'une débat parlementaire consacré au budget 2023.

Le texte approuvé jeudi, et qui sera soumis au vote du Parlement, où les socialistes disposent de la majorité absolue, « a pour but d'atténuer les effets économiques directs générés par les prix élevés appliqués par ces secteurs sur les budgets des institutions publiques, des consommateurs et des entreprises ». Les prix à la consommation au Portugal ont continué de progresser en octobre de 10,1% sur un an, soit la plus forte hausse depuis mai 1992, selon des données publiées la semaine dernière par l'Institut national des statistiques.

Une journée de mobilisation de la fonction publique ce vendredi

Un inflation qui ne permet pas au Portugal, comme de nombreux pays en Europe, d'échapper aux mouvements sociaux. Ainsi, le fonctionnement des écoles, des hôpitaux ou la collecte de déchets étaient perturbés vendredi par une journée de grève des fonctionnaires, qui réclament des hausses de salaires plus importantes que celles accordées par le gouvernement. Cette journée de mobilisation a été convoquée à une semaine du vote final du budget de l'Etat pour 2023, qui sera aisément adopté par la majorité absolue dont dispose le gouvernement socialiste d'Antonio Costa.

Pour aider les ménages à faire face à l'inflation, la loi de finances prévoit une revalorisation des salaires des fonctionnaires de 2 à 8%, ainsi qu'une hausse du salaire minimum (de 705 à 760 euros sur 14 mois) ou une révision des barèmes de l'impôt sur le revenu.

C'est « insuffisant » et « le gouvernement a les moyens d'aller plus loin », a estimé le responsable du syndicat de la fonction publique, qui réclame des « hausses de 10% ».

« Pas de profiteurs de crise » en France, selon l'Inspection générale des Finances,

Après un premier rapport sénatorial n'ayant pas observé de « phénomène généralisé de hausses abusives », l'Inspection générale des Finances (IGF), service du ministère de l'Economie, a tranché au terme d'une mission de plusieurs mois : « Il y a tout simplement des prix des intrants qui augmentent, donc le prix du blé qui augmente, donc en bout de chaîne le prix de la baguette qui augmente », synthétisait le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Le consommateur a bien remarqué la hausse de prix en rayons: jusqu'à +60% pour les huiles, +22% pour la farine ou +20% pour les pâtes, énumère l'IGF, pour qui ces hausses de prix sont « sans précédent depuis 40 ans », mais il n'est pas le seul à en souffrir, selon le rapport. Pour mettre en évidence le phénomène, les services de Bercy ont comparé l'Excédent brut d'exploitation (EBE) entre le premier semestre 2019 (avant Covid-19 et inflation) et le premier semestre 2022 des entreprises du secteur de l'agriculture, de l'agro-industrie et de la distribution. Verdict : cette rentabilité « se dégrade très légèrement » dans les supermarchés, « baisse significativement » dans l'industrie agro-alimentaire, et progresse dans l'agriculture, « principalement sous l'effet d'une hausse des prix de vente de la production ».

(Avec AFP)

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