Pékin accusé de piratage : les relations avec les Pays-Bas se dégradent, sur fond de tensions autour des semi-conducteurs

Les services de renseignement néerlandais ont annoncé, mardi, avoir découvert un logiciel espion dans un réseau informatique utilisé par l'armée néerlandaise et qui proviendrait directement de Pékin selon eux. Une accusation tout de suite démentie par la Chine mais qui devrait encore accroître les tensions entre les deux pays.
cette nouvelle affaire va encore dégrader les relations entre la Chine et l'Union européenne alors même que ces dernières ne sont déjà pas au beau fixe.
cette nouvelle affaire va encore dégrader les relations entre la Chine et l'Union européenne alors même que ces dernières ne sont déjà pas au beau fixe. (Crédits : Jason Lee)

Rien ne va plus entre Pékin et La Haye. Mardi, les services de renseignement des Pays-Bas ont fait état de la découverte d'un logiciel espion dans un réseau informatique utilisé par l'armée néerlandaise, et ont accusé une entité du gouvernement chinois d'être derrière ce piratage. Les services de renseignement affirment que le logiciel espion exploitait une vulnérabilité connue dans des systèmes fournis par la société de cybersécurité, Fortinet.

Un doigt pointé sur Pékin, qui n'a pas du tout plus au gouvernement chinois. Il a condamné en retour, ce mercredi, les accusations qu'il considère comme « malveillantes (et) sans fondement ». Le gouvernement chinois « s'oppose depuis toujours fermement à toutes les formes de cyberattaque et lutte contre elles conformément à la loi », a assuré l'ambassade de Chine aux Pays-Bas dans un communiqué.

« Nous ne permettons à aucun pays ou individu d'utiliser des infrastructures chinoises pour se livrer à de telles activités illicites », a insisté l'ambassade sur le réseau social WeChat.

Lire aussiLe plan de l'Europe pour sécuriser son approvisionnement en métaux stratégiques

La Chine accusée de toute part en occident

Ces affirmations surviennent après l'annonce la semaine dernière par les Etats-Unis de la neutralisation d'un réseau de cyberpirates agissant pour le compte de la Chine, selon Washington. Le groupe actif depuis 2021 était, selon les autorités américaines, apte à paralyser aux Etats-Unis des secteurs tels que les communications, les transports ou encore le gouvernement américain lui-même.

La Chine condamne régulièrement ce type d'accusations, se disant elle-même victime de nombreuses cyberattaques de la part des Etats-Unis. Pékin, qui rappelle régulièrement les moyens techniques et de surveillance conséquents dont disposent les Américains, accuse les Etats-Unis d'être « le plus grand empire de piratage informatique au monde ».

Reste que cette nouvelle affaire va encore dégrader les relations entre la Chine et l'Union européenne alors même que ces dernières ne sont déjà pas au beau fixe. Dernier événement en date, fin janvier, les commissaires européens à la Concurrence et au Commerce, Margrethe Vestager et Valdis Dombrovskis, ont présenté un paquet de cinq initiatives, avec notamment le renforcement du mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe entré en vigueur fin 2020, dont l'action doit être plus coordonnée. Mais Pékin estime être directement visé par cette mesure. « L'image de l'UE dans les secteurs de l'économie et du commerce international est en jeu », a ainsi réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin, appelant Bruxelles à ne pas prendre de mesures « anti-mondialisation »« La communauté internationale est très inquiète de l'unilatéralisme protectionniste de l'UE dans les secteurs économique et commercial », a-t-il ajouté alors qu'il était interrogé sur ces nouvelles règles, avertissant sur le fait que « les tendances actuelles ne vont faire qu'intensifier ces inquiétudesNous espérons que l'UE respectera le libre-échange, la libre-concurrence et la coopération ouverte, qui sont des normes fondamentales de l'économie de marché », a-t-il encore indiqué.

Plus tôt, la Chine avait d'ailleurs augmenté d'un cran la pression sur le Vieux continent en annonçant que le pays allait stopper l'exportation d'une série de technologies liées à l'extraction des terres rares. Ainsi, l'Empire du Milieu, sur fond de rivalité croissante avec les Etats-Unis, entend priver ses partenaires commerciaux de plusieurs matériaux afin de dominer les enjeux d'indépendance technologiques.

Lire aussiCes trois représailles chinoises qui menacent l'UE après l'arrêt des exportations de machines à fabriquer les puces d'ASML vers la Chine

Les semi-conducteurs au centre des querelles

Mais derrière ces passes d'armes entre les deux puissances, un sujet tient particulièrement à cœur à Pékin : l'accès aux semi-conducteurs, véritables cerveaux de nos appareils électroniques.

Pour cause, le gouvernement néerlandais a récemment révoqué une licence de son géant ASML d'expédition vers Pékin de ses machines de photolithographie permettant de produire des puces de pointe, et que ASML est pratiquement le seul à produire. Entrée en vigueur le 1er janvier, cette décision a cependant été prise il y a plusieurs mois dans un contexte d'alliance entre les Pays-Bas, les Etats-Unis et le Japon. Juste après cette officialisation, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a fustigé ce qu'il a qualifié de « comportement d'intimidation » de Washington. Une telle action « viole gravement les règles du commerce international », a-t-il dénoncé avant d'avertir que les États-Unis « subiraient inévitablement les conséquences de leurs propres actions ». Et pour cause, Pékin, en retard sur le développement de semi-conducteurs de pointe, dépend en grande partie des machines d'ASML.

De son côté, le fabricant européen ne se réjouit pas non plus de la nouvelle. Car la Chine continentale est le troisième marché du fabricant européen après Taiwan et la Corée du Sud, et est même devenue son premier marché au troisième trimestre, représentant 46% de son chiffre d'affaires. Les exportations néerlandaises vers la Chine n'en finissent d'ailleurs plus de grimper. En octobre, elles ont encore augmenté de 29,5%, selon des chiffres officiels cités par le South China Morning PostMais suite à cet embargo sur certaines machines, selon l'entreprise, les ventes au premier trimestre de cette année devraient ralentir par rapport au rythme fixé au quatrième trimestre de l'année dernière, avec une prévision de 5 à 5,5 milliards d'euros.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 07/02/2024 à 11:48
Signaler
Aucun système actuel ne sera jamais sécurisé. Avec les ordinateurs quantiques peut être.

à écrit le 07/02/2024 à 10:50
Signaler
Bonjour, l'Union européenne devrait développer un système de communication tactique et stratégie.. Après tous , le système allemand "Enigma" était en sont temps des plus performant... A l'aire du numérique, ils est plus que temps de protéger nos co...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.