Plan de relance européen : 16 heures de discussions, mais toujours pas d'accord

L'Eurogroupe se déchire notamment la création d'un instrument de dette commun, sous la forme d'euro-obligations parfois appelées "coronabonds", destiné à relancer l'économie sur le long terme une fois la crise passée.
(Crédits : Yves Herman)

Les ministres européens des Finances ne sont pas parvenus à s'entendre mercredi, après une nuit entière de discussions, sur une réponse économique commune face au coronavirus, les pays du Nord restant opposés à ceux du Sud, qui réclament un effort financier sans précédent.

"Après 16h de discussions, nous nous sommes rapprochés d'un accord, mais nous n'y sommes pas encore. J'ai suspendu l'Eurogroupe", qui continuera "demain, jeudi", a annoncé sur Twitter Mario Centeno, le président de l'Eurogroupe.

"Mon objectif reste le même: un filet de sécurité européen solide contre les retombées du Covid-19 (pour protéger les travailleurs, les entreprises et les pays) et s'engager dans un plan de relance important", a-t-il ajouté.

"Avec (le ministre des Finances allemand) Olaf Scholz, nous appelons tous les États européens à être à la hauteur des enjeux exceptionnels pour parvenir à un accord ambitieux", a pour sa part écrit le Français Bruno Le Maire sur le réseau social.

La visioconférence, qui a mardi après-midi, s'est poursuivie toute la nuit, pendant laquelle se sont multipliées les discussions en petits groupes pour tenter de sortir de l'impasse.

Cette rencontre constituait un test décisif pour l'unité des 27, qui continuent pourtant d'étaler leurs divisions, après l'échec d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement consacré à la crise le 26 mars.

"Réponse sérieuse"


Face à la pandémie, la réponse européenne à court et moyen terme doit s'orienter sur trois axes principaux, qui semblaient initialement remporter l'adhésion des ministres: jusqu'à 240 milliards d'euros de prêts du fonds de secours de la zone euro, un fonds de garantie pour les entreprises et un soutien au chômage partiel.

Mais les pays les plus affectés par le virus, en particulier l'Italie, continuent de réclamer, en plus, la création d'un instrument de dette commun -- sous la forme d'euro-obligations parfois appelées "coronabonds" ou "eurobonds" -- destiné à relancer l'économie sur le long terme une fois la crise passée.

Parmi ces pays figurent aussi l'Espagne et la France, ainsi que la Grèce, Malte, le Luxembourg ou l'Irlande, selon des sources concordantes.

"Les eurobonds représentent une réponse sérieuse et adaptée", avait insisté lundi soir le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, dont le pays est le plus touché en Europe (plus de 17.127 morts).

L'Italie, confrontée à l'opposition des pays du Nord de l'Europe (Allemagne et Pays-Bas en tête), avait déjà, avec Madrid, entraîné l'échec du sommet consacré à la riposte de l'Union fin mars.

La mutualisation des dettes constitue une ligne rouge pour Berlin et La Haye, qui refusent de s'engager dans un emprunt commun avec des Etats très endettés du Sud, qu'ils jugent laxistes dans leur gestion. Le Danemark, l'Autriche, la Suède et les pays baltes sont dans leur camp, a indiqué une source européenne.

 "Fonds de relance"

La France espérait offrir un compromis, en proposant un "fonds de relance" capable d'émettre de la dette commune aux Etats membres, mais limité aux services publics essentiels, comme la santé, ou aux filières menacées.

Plutôt que de débattre sur un hypothétique financement commun, les pays du Nord préfèrent pour l'instant se concentrer sur les instruments déjà existants pour contrer le choc économique, en particulier le Mécanisme européen de stabilité (MES), créé en 2012 lors de la crise de la dette de la zone euro.

Le MES pourrait octroyer des prêts à un Etat en difficulté allant jusqu'à 2% de son PIB -- soit jusqu'à 240 milliards d'euros pour l'ensemble de la zone euro --, avec des contreparties plus limitées que celles exigées jusque-là.

Rome, qui rejette toute conditionnalité à l'octroi de ces prêts, juge ce fonds "inadapté", M. Conte résumant sa position de façon tranchée: "MES non, eurobond oui".

La Banque européenne d'investissement (BEI) devrait également être à la manœuvre, via un fonds de garantie paneuropéen, doté de 25 milliards d'euros, qui permettrait de mobiliser jusqu'à 200 milliards d'euros supplémentaires pour les entreprises.

Enfin, les ministres doivent aussi valider le projet de la Commission européenne visant à créer un instrument pour garantir à hauteur de 100 milliards d'euros au maximum les plans nationaux de chômage partiel, renforcés ou créés en raison de l'épidémie.

Si un accord est finalement trouvé jeudi, les propositions des ministres devront encore être approuvées par les chefs d'Etat et de gouvernement.

Commentaires 25
à écrit le 09/04/2020 à 11:01
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Les LFI, NPA, PC, FN et consorts de sputnik ainsi que tous les extrêmes et les trolls (payés par qui ?) se déchaînent; La Tribune est censé un journal économique..... Alors le 9/4 à 11:01: faut-il acheter du BX4, faut-il vendre des futures ? (cac40 ...

à écrit le 09/04/2020 à 9:48
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Comment ne pas comprendre les Pays Bas et l'Allemagne, sans oublier le Portugal qui ont su faire et imposer des économies budgétaires draconiennes à leurs citoyens, alors que la France, comme s"habitude , n'en était pas capable, comme l'Italie ou l'E...

à écrit le 08/04/2020 à 23:29
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L'Allemagne doit sa réussite économique à sa culture industrielle bien ancrée, je ne crois pas qu'on puisse en dire autant des Pays-bas, grand hub de l'optimisation fiscale qui profite autant de l'argent des entreprises des pays du sud que celui de l...

à écrit le 08/04/2020 à 18:42
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C‘est assez bizarre, il y a un programme pour 540 milliard d‘euro sur la table, disponible à court terme, et la discussion se concentre sur des eurobonds encore à structurer. Et enfin, c‘est d‘abord une crise de santé et seulement en deuxième lieu un...

à écrit le 08/04/2020 à 18:36
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l'UE n'est qu'une zone de libre échange à monnaie unique. Libre à chaque pays d'en profiter comme l'Allemagne, laquelle a bien mieux géré la crise (1900 morts) que la France (10 000). Si les cancres Macron et Buzyn leur avaient demandé conseil, les a...

à écrit le 08/04/2020 à 17:28
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Les Pays-Bas, véritable paradis fiscal de l’Union européenne qui "réduit les recettes nationales, perturbe la concurrence loyale et a un impact négatif sur la croissance" selon Bruxelles, veux faire la leçon aux autres pays qu'elle prive d’importante...

à écrit le 08/04/2020 à 16:56
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de l'argent à distribuer à tout va à la Turquie, à l'Afrique, à l'Albanie, ..., çà finit toujours par se faire. Mais pour les états constitutifs de l'UE et donc pour ses habitants, c'est presque impossible . Il est permis de s'interroger. Certains ét...

à écrit le 08/04/2020 à 16:38
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La CE fonctionne un peu comme si à l'Assemblée Nationale, chaque région avait un droit de veto sur le budget de l'Etat...on imagine le bordel ! J'espère qu'on sortira de cette crise avec un changement majeur dans les finances européennes : la règle ...

à écrit le 08/04/2020 à 16:02
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Avant Covid19, l' UE était déjà incapable de s 'entendre pour cause d 'intérêts divergents de ses membres, signature de son échec économique. Mais si on critique l' UE, on est nationaliste et donc par des raccourcis, fasciste et c est jus...

à écrit le 08/04/2020 à 15:44
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Qui s'etonne de la tournure des evenements..! Les pays du nords ne venlent pas mutualiser les dettes des autres cigales du sud, et celà se comprend, car ça aura pour consequences : Faire monter les intérêts d'emprunts supp à ce qu'ils bénéficient a...

à écrit le 08/04/2020 à 15:32
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Il faut éteindre l écran et rédiger une lettre pour expliquer aux 26 que nous rembourserons que les détenteurs initiaux de notre dette , s ils en sont toujours en possessions .

à écrit le 08/04/2020 à 14:50
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Il y a peu, il semblait (à un français) incongru de rattacher la France dans les Pays du Sud, Grèce Italie Espagne.., ce qui n'est plus! Et on peut appeler de la dette sous tous les noms du Monde sensés la justifier aux oreilles de l'électeur, une de...

à écrit le 08/04/2020 à 14:40
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L'Europe sans l'Euro n'a pas de sens, c'est un retour en arrière donc la fin de l'union européenne. La probabilité de sa fin est de plus en plus grande. Beaucoup de pays ne jouent pas le jeu, ils ne veulent que profiter des subventions européennes...

le 08/04/2020 à 15:36
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La France a toujours eu au moins 20 ans de retard sur la G.B., attendons de voir la suite...

à écrit le 08/04/2020 à 13:07
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Beaucoup mélangent UE et zone euro. Le point de discorde est associé à la monnaie commune et non à l'UE. L'UE peut survivre à un éclatement de l'Euro même si elle perdrait toute la puissance de cette monnaie alternative au dollar et au yuan.

à écrit le 08/04/2020 à 10:54
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La question est: notre union si Imparfaite peut elle survivre dans sa forme actuelle? Quand l EU est la somme de 27 pays farouchement attachés à une pseudo indépendance comment peut on parler de sentiment européen quand on joue chacun solo dans son ...

à écrit le 08/04/2020 à 10:52
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L'Allemagne n'est pas à la hauteur malgré son statut de leader européen. Elle ne pense qu'à elle alors qu'elle a détruit les économies périphériques de l'Union. L'Union risque de sauter plus tôt que prévu. Que va t'il se passer lorsqu'il va y avoir...

le 08/04/2020 à 13:23
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l'Allemagne et les pays bas sont les grands gagnants de la zone. L'Allemagne a eu une monnaie 15-20% sous évaluée avec l'Euro avec ses voisins qui se sont pris le balancier dans l'autre sens. Ajouté à cela, la libre circulation des capitaux et ...

à écrit le 08/04/2020 à 10:49
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Par facilité irresponsable, ils veulent encore nous endetter pour nous maintenir en esclavage, au lieu de trouver le moyen d'augmenter la vitesse de circulation de la monnaie par la confiance!

à écrit le 08/04/2020 à 10:23
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L'UE est une farce

à écrit le 08/04/2020 à 10:11
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Les anglais ont eu raison de quitter ce bazar, les 27 ne sont jamais d'accord sur rien. Des pays disparates et égocentrés, ça ne peut pas marcher. L'UE, c'est du business mondialisé , point final.

à écrit le 08/04/2020 à 10:02
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j ai dit en 2009 que Merkel allait enterré l Europe c 'est entrain de se faire la seule option restent les coronabonds pas pour une hypothétique relance, mais pour financer les demains de l Europe... ne nous leurrons pas, la chine est entrain de ...

à écrit le 08/04/2020 à 10:00
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arretez avec ces dettes communes pas de controle, pas de dettes les pays du sud ne font pas de reformes et ne gerent pas leurs finances publiques, et quand ca derouille veulent utiliser l'argent commun qu'ils n'ont nullement l'intention de rembours...

à écrit le 08/04/2020 à 9:50
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On devrait faire une chanson à la gloire de l'UE avec les rengaines qui l'accompagnent: "Jamais les membres de l'UE n'ont été autant divisés" "Pas d'accord" "Les 27 (26) ne se sont toujours pas entendus" "prochaine réunion prévue le..." "les pays mem...

le 08/04/2020 à 10:17
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C'est excellent , il faut reconnaître que vous avez une écriture aiguisée

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