Prise de participation du chinois Cosco dans le port de Hambourg : un compromis trouvé « pour éviter le pire »

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, envisage de ceder 35% de l'exploitation d'un terminal du port d'Hambourg à l'armateur chinois, Cosco. Un projet qui a suscité une levée de boucliers dans les rangs de l'opposition comme au sein de la coalition, parmi les ministres ainsi qu'auprès de la Commission européenne. Si bien que, ce mardi, une source gouvernementale a annoncé un compromis abaissant la participation chinoise à 24,9%.
Hambourg est actuellement le premier port commercial d'Allemagne et le troisième en Europe derrière Rotterdam et Anvers.
Hambourg est actuellement le premier port commercial d'Allemagne et le troisième en Europe derrière Rotterdam et Anvers. (Crédits : Reuters)

Nouvel épisode dans l'affaire du port de Hambourg qui crée la polémique en Allemagne depuis une semaine à cause d'un projet de cession de l'exploitation d'un terminal de ce port situé au nord de l'Allemagne au groupe Cosco, premier armateur chinois.

Depuis la révélation par des médias allemands de cette ambition du chancelier, Olaf Scholz, ce dernier, ancien maire de Hambourg, est la cible de nombreuses critiques, même au sein de sa coalition. Concrètement, il s'agit de finaliser l'accord conclu il y a un an entre l'opérateur du port de Hambourg (HHLA) et l'armateur Cosco sur une prise de participation de 35% dans l'exploitation du terminal à conteneurs Tollerort (CTT). Si le gouvernement ne s'oppose pas à cette opération d'ici à fin octobre, la décision sera avalisée.

Large opposition même dans la coalition

Or, six ministères fédéraux - Economie, Intérieur, Défense, Finances, Transports et Affaires étrangères - ont donné un avis défavorable à cette cession, de même que les services de renseignements et de contre-espionnage se seraient, eux aussi, montrés réticents à accepter la vente d'une infrastructure jugée critique, selon les chaînes NDR et WDR qui ont révélé l'affaire.

Dans les rangs de la coalition, Omid Nouripour, le co-dirigeant des Verts, a estimé que cette cession « est bon ni pour notre économie, ni pour notre sécurité » et il a mis en garde contre la « répétition d'une erreur » déjà commise selon lui avec la Russie, qui avait acquis des réservoirs de gaz allemands. La cheffe de la diplomatie, l'écologiste Annalena Baerbock, très critique à l'égard de Pékin et Moscou, avait déjà mis en garde contre un tel projet, tout comme le ministre de l'Economie Robert Habeck.

La Chine « aurait une influence sur tous les grands ports européens et pourrait les monter les uns contre les autres », a de son côté réagi Johannes Vogel, vice-président du parti libéral FDP, dans un message retweeté par le ministre des Finances, Christian Lindner.

Même tonalité dans les rangs de l'opposition. « L'intention du chancelier de donner à la Chine une influence considérable sur cette infrastructure via l'entreprise publique Cosco serait une erreur stratégique », a fustigé sur Twitter le chrétien-démocrate Norbert Röttgen, chargé des relations internationales au sein de la CDU.

De 35% à 24,9% de participation

En dépit de ces mises en garde, M. Scholz insisterait « pour que l'acquisition se fasse malgré tout", affirment les deux médias. Mais, ce mardi, une source gouvernementale a indiqué que Berlin envisageait de réduire la participation chinoise à 24,9%, contre 35% initialement. Les ministères concernés « considèrent une limitation à 24,9% (de la participation, ndlr) comme une ''solution d'urgence'' pour éviter le pire, à savoir que Cosco obtienne, comme prévu initialement, une part de 35% » dans l'exploitation d'un terminal du port de Hambourg, a déclaré cette source, selon laquelle « la bonne solution » serait « une interdiction totale » de la cession. Limiter à 24,9% la cession permettrait de passer « d'une participation stratégique », avec minorité de blocage, à « une simple participation financière », note la source.

Un compromis lié au refus d'Olaf Scholz de bloquer cette transaction dont il justifie la nécessité par la crainte qu'Hambourg souffre d'un désavantage concurrentiel face à d'autres ports comme ceux d'Anvers en Belgique et de Rotterdam aux Pays-Bas qui ont noué des accords avec la Chine par le passé. Hambourg est actuellement le premier port commercial d'Allemagne et le troisième en Europe derrière Rotterdam et Anvers. Vendredi dernier, le chancelier a ainsi souligné que des prises de participation chinoises « existaient déjà dans d'autres ports d'Europe de l'Ouest ». Mais, « rien n'est décidé » et « de nombreuses questions restent à éclaircir », a-t-il assuré.

Avis défavorable de la Commission européenne

D'autant qu'il doit également affronter l'opposition de la Commission européenne qui a adressé une mise en garde à l'Allemagne, révélée samedi dernier. Selon une source proche du dossier à l'AFP, l'exécutif européen, saisi du dossier, a rendu un avis négatif au printemps, estimant que des informations sensibles sur l'activité portuaire pourraient être transmises à la Chine. L'UE accorde, en effet, une plus grande importance à la protection des infrastructures critiques depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'avis de la Commission est toutefois simplement consultatif, la décision finale restant entre les mains du gouvernement fédéral allemand.

(Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 26/10/2022 à 19:10
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Une prise de contrôle en règle de l'Allemagne par le PCC...

à écrit le 26/10/2022 à 9:21
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L Allemagne devient le fossoyeur de l Europe pour ses petits intérêts sur mercantiles … qu on se le dise Ce n est plus un partenaire fiable !! Perso je boycotte tous le made in germany comme l automobile dont nos csp csp + sont friands car ils tien...

à écrit le 26/10/2022 à 0:00
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Lamentable affairisme germanique … heureusement qu on a nos dockers. Grévistes ça nous protègent partiellement de conscience et l hégémonie du politburo chinois

à écrit le 25/10/2022 à 21:17
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C'est mal connaitre le secteur maritime du porte conteneur. Tous les compagnies ont un terminal privé dans les principaux ports du monde: Hong-Kong, Singapour, ... ça pose moins de problèmes quand il s'agit de CMA-CGM, MAERSK,...

le 26/10/2022 à 0:03
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Pas sûr que les cies occidentales en chine aient les mêmes coudées franches … et jouissent du memes traitements : il leur est interdits d avoir un % sur ce qu on autorise en Europe comme au piree , Anvers c ou Rotterdam …

le 26/10/2022 à 23:59
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@ cheng :Bien sûr en chine aussi !! Qui peut croire ça ? Vous …

à écrit le 25/10/2022 à 18:03
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"C'était le paradis et maintenant c'est devenu l'enfer", témoigne un couple de retraités qui vit face au port, dans le bruit des porte-conteneurs qui transitent jour et nuit. Derrière ce développement fulgurant, se cache l'entreprise chinoise Cosco. ...

le 25/10/2022 à 23:30
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Piraeus, Antwerp, Rotterdam maintenant Hambourg, la grande gare ferroviare à Duisburg (trains entre la Chine et l'Europe) pour ne mentionner pas les aéroports (Toulouse, heureusement on a réussi à faire rétirer la Chine la) - on ne voit pas un schéma...

à écrit le 25/10/2022 à 17:42
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Décidément les Allemands ont tout faux tout le temps. Pour sauver leur industrie ils sont prêts à tous les mauvais compromis. Peut on continuer à faire confiance à l'Allemagne? Aveuglement: Non!

le 25/10/2022 à 18:20
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Décidément les allemands cumulent les conneries si j’ose dire ; étrangle par les russes voila qu.ils se jettent dans les griffes du lion chinois. Quelle vision géopolitique .ont se plaint de nos politiciens et de leurs cécités ;force est de reconnaî...

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