Ikea évince ses dirigeants soupçonnés de surveillance illégale

Ikea France a annoncé vendredi le départ de quatre dirigeants, dont son ancien patron, tous soupçonnés d'être mêlés au scandale de surveillance illégale de salariés et de clients qui salit depuis février l'image de la filiale hexagonale du géant suédois de l'ameublement.
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Ikea fait le ménage dans ses dirigeants soupçonnés de surveillance illégale de salariés et de clients. "Un ancien directeur général de Ikea France, une ancienne directrice des ressources humaines, un ancien directeur financier et l'actuel directeur gestion du risque de Ikea France vont quitter leur fonction et le groupe Ikea". a indiqué l'entreprise dans un communiqué. Ces départs sont justifiés par "des pratiques contraires aux valeurs et standards éthiques (qui) ont été malheureusement constatées au sein de Ikea France", et sont prises "très au sérieux", souligne Ikea France.

Les noms des dirigeants concernés n'ont pas été détaillés. Mais trois cadres avaient déjà été mis "en disponibilité": l'ancien directeur général de 1996 à fin 2009, Jean-Louis Baillot, le responsable de son département gestion du risque, Jean-François Paris, et Claire Hery, une ancienne DRH.

Accord avec des enquêteurs privés

L'affaire avait éclaté en février, avec des révélations du Canard enchaîné accusant la filiale française du groupe suédois d'avoir "fliqué" des salariés et des clients, en se procurant des renseignements sur leurs antécédents judiciaires, policiers, ou leurs comptes en banque. Selon l'hebdomadaire satirique, la "direction risque" d'Ikea avait passé un accord avec des enquêteurs privés lui fournissant des informations issues du fichier policier Stic ou de celui des cartes grises ou des permis de conduire.

Les données recueillies concernaient, d'après le Canard, des salariés avant embauche, des syndicalistes, voire des clients en cas de différend commercial. Les renseignements auraient ensuite été transmis par mail à toute une série de cadres dirigeants. Ikea France s'était rapidement dissociée de ces "comportements contraires à l'éthique": la société avait fait son mea culpa, lançant une enquête interne et un vaste chantier de réforme de son mode de gouvernance afin de redorer son image. Elle n'avait en revanche pas accédé aux demandes du syndicat FO, qui indiquait avoir "tout lieu de croire que ces pratiques relèvent d'une politique d'entreprise" et réclamait la mise à l'écart de huit membres du personnel en plus des trois déjà écartés.

Opération reconquête de la confiance

"Nous mobilisons maintenant toutes nos forces pour gagner la confiance de nos collaborateurs et de nos clients et pour assurer une croissance soutenue, basée sur la culture et les valeurs d'Ikea. Donner et prendre des responsabilités constitue un élément essentiel de notre succès", a commenté vendredi l'actuel directeur général d'Ikea France, Stefan Vanoverbeke, réaffirmant sa "pleine confiance en toutes nos équipes". La filiale du groupe suédois assure qu'elle "a mis en place un plan d'action solide" pour empêcher que de telles actions se reproduisent et "continue à apporter son entier concours à la justice".

Les remous provoqués par l'affaire sont en effet loin d'être terminés. Au-delà des dégâts en termes d'image, il faut maintenant compter avec les suites judiciaires. Les syndicats FO et CFDT notamment ont déposé des plaintes contre X. De premières perquisitions ont eu lieu mi-mars au siège social d'Ikea France à Plaisir, dans les Yvelines, ainsi qu'au domicile de M. Paris. Et le parquet de Versailles a finalement ouvert une information judiciaire le 13 avril, pour infraction à la législation sur les fichiers informatiques et violation du secret professionnel.

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