Les résultats des banques françaises ? Du bon (un peu) et du moins bon (beaucoup)

Les quatre principales banques françaises ont publié leurs comptes du premier trimestre. Si elles ont continué à améliorer leur solvabilité, certaines sont en revanche en butte à des litiges ainsi qu’à la crise russo-ukrainienne.
Christine Lejoux
La crise russo-ukrainienne a contraint la Société générale à une dépréciation de 525 millions d'euros, qui a débouché sur une baisse de 13,3% de son bénéfice net au premier trimestre. REUTERS.

La Société générale et le Crédit agricole ont clos, ce mercredi 7 mai, le "bal des trimestriels" des grandes banques françaises. L'heure est donc au bilan. Et force est de constater que, de par leur ampleur, les mauvaises surprises - à commencer par la dépréciation de 525 millions d'euros passée par la Société générale, au titre de la crise russo-ukrainienne - l'emportent sur les éléments de satisfaction. Tour d'horizon des publications de résultats trimestriels des quatre principaux établissements de crédit en France.

 1. Les bonnes nouvelles

 - L'amélioration de la solvabilité :

Le point commun aux quatre principales banques françaises, à l'issue du premier trimestre ? Toutes ont de nouveau amélioré leur ratio de solvabilité [capital et bénéfices mis en réserve, rapportés aux crédits consentis ; Ndlr]. Celui de BNP Paribas est passé de 10,3% au 31 décembre 2013 à 10,6% à la fin mars, la Société générale a porté le sien de 10% à 10,1% dans le même intervalle, le ratio de BPCE (Banque Populaire Caisse d'Epargne) a progressé de 40 points de base, à 10,8%, et celui du Crédit agricole ressort à 11,7%, contre 11,3% en janvier.

 C'est donc un euphémisme de dire que les banques françaises satisfont aux exigences de la nouvelle réglementation dite de Bâle III, qui réclame un ratio de 9% au minimum. Et il s'agit d'autant plus d'un bon point pour les banques françaises que celles-ci, comme leurs rivales européennes, seront prochainement soumises à de sévères tests de résistance de la part de la Banque centrale européenne (BCE) et de l'Autorité bancaire européenne (EBA), tests destinés à évaluer la solidité du système bancaire européen.

 - La baisse du coût du risque :

C'est une surprise, et une bonne, dans un contexte macro-économique toujours peu porteur. Le coût du risque, c'est-à-dire les provisions pour risque de non-remboursement de crédits, a sensiblement diminué pour la plupart des banques françaises, au premier trimestre. Il a chuté de 10,5% chez BPCE, de 28% à la Société générale, et de 20% chez CASA - le véhicule coté du Crédit agricole -, qui a du coup publié le 7 mai un bond de 30% de son bénéfice net, à 868 millions d'euros. Exception confirmant la règle, BNP Paribas a subi, elle, une envolée de 20% de son coût du risque, en raison, notamment, de la conjoncture économique morose en Italie, l'un des principaux marchés domestiques du groupe.

 Pour autant,

"la baisse de 10,5% de notre coût du risque ne concerne qu'un trimestre, et elle tient surtout à nos activités hors de France. Nous ne constatons pas encore de baisse du coût du risque en France",

a tenu à nuancer François Pérol, président du directoire de BPCE, lors d'une conférence téléphonique, mardi 6 mai. Battant ainsi en brèche l'idée selon laquelle le "retournement économique" promis par François Hollande serait pour demain. "L'économie française n'est plus en récession mais elle n'est pas non plus véritablement en reprise", a insisté François Pérol, soulignant, comme Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, que la demande de crédits "demeurait faible."

2. Les mauvaises surprises

- La crise russo-ukrainienne :

C'est peu dire que les analystes financiers ont été déçus par les résultats publiés mercredi 7 mai par la Société générale. Les experts interrogés par l'agence Reuters tablaient sur un bénéfice net de 911 millions d'euros. Or la banque a clos le premier trimestre sur un résultat net de…315 millions d'euros seulement, en baisse de 13,3%. La faute à une dépréciation d'écart d'acquisition de 525 millions d'euros, passée sur ses activités en Russie. Et ce, en raison de la chute de 10% du rouble depuis le début de l'année, du ralentissement de la croissance économique et de la hausse de la prime de risque sur ce pays, liée aux tensions avec l'Ukraine, ce qui pèse sur la valorisation des actifs de la Générale en Russie, à commencer par sa filiale Rosbank.

 De fait, sans même tenir compte de la dépréciation de 525 millions d'euros, le bénéfice net de la Société générale en Russie a chuté de 79,5% au cours des trois premiers mois de l'année, à 7 millions d'euros, le coût du risque ayant quasiment doublé. La Société générale, qui a porté à 99,4% sa participation dans Rosbank en avril, n'en assure pas moins que les perspectives demeurent "porteuses" dans ce pays. La banque en dira davantage sur ses objectifs en Russie le 13 mai, lors de la présentation de son plan stratégique à moyen terme. Dans la même veine, si le coût du risque a grimpé de 20% chez BNP Paribas au premier trimestre, c'est également à cause d'une provision de 100 millions d'euros passée en Europe de l'Est, tensions entre la Russie et l'Ukraine obligent.

 - Les litiges :

Les possibles sanctions dont BNP Paribas pourrait faire l'objet aux Etats-Unis ont presque totalement éclipsé les résultats trimestriels publiés par le groupe, le 30 avril. En délicatesse avec le département américain de la Justice et le procureur de New York, en raison de paiements en dollars réalisés entre 2002 et 2009 dans des pays soumis à des sanctions économiques de la part des États-Unis, comme l'Iran et Cuba, BNP Paribas n'exclut pas que la pénalité finale infligée par les autorités américaines "excède très significativement" la provision de 1,1 milliard de dollars déjà constituée par la banque. Mais le risque de poursuites pénales, dont le New York Times s'est fait l'écho, est plus grave encore pour les ambitions du groupe en Amérique du Nord, compte tenu de l'effet désastreux que celles-ci auraient en termes d'image et, surtout, d'activité.

Ce litige relatif à des paiements en dollars dans des pays soumis à un embargo américain concernerait d'autres banques françaises, selon des articles publiés début mars par la presse d'outre-Atlantique. François Pérol, président du directoire de BPCE, a indiqué que sa banque n'avait "rien de significatif à déclarer à ce sujet." De son côté, Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale, a précisé, mercredi 7 mai, "qu'il n'y avait pas de fait nouveau" en la matière, au premier trimestre. Quant à Jean-Paul Chifflet, le directeur général de CASA a reconnu que le Crédit agricole procédait actuellement à une revue volontaire des transactions en dollars dans les pays en question.

 

 

Christine Lejoux

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Commentaires 3
à écrit le 09/05/2014 à 16:58
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Article plus factuel qu'actuel. Les banques françaises sont les premières du monde par leur chiffre d'affaire et cet égard les sommes mentionnées pour dépréciations ne se regardent que comme des opérations courantes relativement modestes. Il convient...

à écrit le 08/05/2014 à 8:51
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Il faut un nouvel impôt pour aider les banques, voir des dons.

à écrit le 08/05/2014 à 2:15
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"Quant à Jean-Paul Chifflet, le directeur général de CASA a reconnu que le Crédit agricole procédait actuellement à une revue volontaire des transactions en dollars dans les pays en question." En cas de litige, CASA se tirera une balle dans le pie...

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