Assurance-vie : les assureurs relèvent le rendement de leurs fonds en euros

Plusieurs assureurs ont annoncé des hausses significatives du rendement net du fonds en euros au titre de 2022, le plus souvent au-dessus de 2 %, quitte à puiser dans leurs réserves. L’emblématique association AFER annonce un taux juste au-dessus de ce seuil psychologique, à 2,01%, faute de provisions suffisantes. Les assureurs doivent à la fois éviter des rachats trop importants, avec des moins-values à la clé, et favoriser une collecte nouvelle pour renouveler plus vite le portefeuille obligataire avec de meilleurs rendements. D’autant que la concurrence du Livret A sera une menace pour les fonds en euros en 2023.
Selon les premières estimations, l'assurance-vie devrait connaître une collecte nette de près de 14 milliards d'euros en 2022.
Selon les premières estimations, l'assurance-vie devrait connaître une collecte nette de près de 14 milliards d'euros en 2022. (Crédits : DR)

Après une décennie de baisse continue, le rendement des fonds euros de l'assurance-vie va connaître, au titre de 2022, une très nette augmentation à la faveur de montée des taux, d'une inflation inédite et d'un taux du Livret A qui a doublé à 2% le 1er août dernier et qui devrait dépasser les 3 % en février prochain.

L'association AFER, qui regroupe 753.000 adhérents et qui, généralement, donne le ton du marché, vient ainsi d'annoncer le taux 2022 de son fonds euros à 2,01%, soit une augmentation de 30 points de base par rapport à celui de 2021. Augmentation qui peut paraître modeste au regard des annonces déjà effectuées par la concurrence, avec une hausse moyenne de l'ordre de 50 à 60 points de base. Certes, ce sont souvent ceux qui souhaitent donner un coup de projecteur sur leurs fonds en euros qui communiquent les premiers, mais pas forcément les leaders du marché.

Le cap des 2 %

Pour l'heure, le seul gros opérateur qui a communiqué (et encore sur des taux moyens) est le bancassureur Sogecap, filiale de Société Générale, avec un « rendement moyen servi aux clients de 2,17%, en hausse de 81 points de base par rapport à 2021 ». Autre hausse importante dans l'univers bancaire : Milleis (ex-Barclays) qui double son rendement net de son contrat, le faisant passer de 0,95% à 2,15%. Mieux encore, les Assurances du Crédit Mutuel (ACM) viennent d'annoncer un taux moyen servi sur ses contrats de 2,3%, en augmentation de 100 points de base !

Cela traduit peut-être un mouvement plus général chez les bancassureurs, qui étaient traditionnellement à la traîne sur les rendements des fonds en euros, et qui vont sans doute puiser dans leurs réserves (provision pour participation aux bénéfices, PPB) pour recoller au marché et éviter un risque de forte décollecte.

Chez les mutuelles, on retrouve globalement cet effort pour faire passer le taux au-dessus des 2 %, comme chez GMF ou MAAF (2,05%, soit +55 points de base) ou la MAIF qui dope son rendement net de 80 points de base à 2,1%. La mutuelle MASCF se distingue clairement avec un taux net de 2,5% en 2022, contre 2,1% un an plus tôt.

«Les assureurs ont enfin pris conscience du risque de décollecte sur le fonds en euros », estime le consultant Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures, « alors que la remontée des taux est durable, tout comme l'inflation ». Pour ce spécialiste de l'assurance, le taux moyen des fonds en euros devrait se stabiliser autour de 1,8 à 1,9% en 2022, contre 1,08% en 2021 sur son échantillon de contrats individuels (1,3% selon la Banque de France).

Pour l'heure, France Assureurs ne constate pas encore d'accélération de la décollecte sur les fonds en euros (qui totalisent 1.374 milliards d'euros de capitalisation à la fin novembre), qui représente quand même environ 2 milliards d'euros par mois (2 milliards en septembre, 2,6 milliards en octobre), sauf au mois de novembre où la décollecte a été limitée à 300 millions d'euros.

Puiser dans les réserves

Dans ce contexte, la plupart des assureurs ont décidé de piocher dans les provisions pour participation au bénéfice (PPB) des fonds en euros pour améliorer les rendements, et ils le disent clairement. Ainsi, MACIF explique qu'il est logique « de restituer une partie de cette réserve qui appartient à ses adhérents », alors que les taux remontent très vite, trop vite pour permettre aux assureurs de reconstituer leurs portefeuilles obligataires.

Mais tous les assureurs n'ont pas constitué les mêmes réserves. Alors que les bancassureurs sont connus pour avoir des PPB confortables, d'autres assureurs ont des marges de manœuvre plus étroites. C'est le cas notamment de l'AFER, qui ne peut plus délivrer un taux parmi les plus élevés du marché. Son président, Gérard Bekerman, le reconnaît bien volontiers : « nous sommes partis un peu tard (sur la PPB, NDLR), il faut rattraper le terrain perdu », a-t-il dit lors de la présentation de son taux 2022.

Alors que les marchés ont connu un krach obligataire sans précédent en 2022, les assureurs sont confrontés à une gestion délicate de leurs fonds en euros, massivement investis en obligations, alors même qu'ils ont freiné la collecte depuis des années sur ce support pour privilégier auprès de leurs clients les supports en unités de compte (au capital non garanti). Résultat, le renouvellement du portefeuille des fonds en euros sera très ralenti (faute de collecte nouvelle) avec le risque de devoir matérialiser des moins-values pour faire face aux rachats (décollecte).

Gestion délicate

D'où la volonté des assureurs de doper le taux du fonds en euros, et même pour certains, comme BNP Paribas Cardif, de lever certaines restrictions à la collecte sur le fonds en euros. Surtout qu'un nouvel élément risque de bouleverser les arbitrages des ménages en matière d'épargne : le taux du livret A. Ce dernier est déjà à 2 % depuis le 1er août et devrait être porté à 3 % au 1er février prochain.

Certes, les assureurs, comme Gerard Bekerman, le répètent à l'envie : « l'assurance-vie ne considère pas le Livret A comme un concurrent ». Mais les chiffres sont têtus et les modèles démontrent, comme le souligne Alain Tourdjman, responsable des études chez BPCE, « une forte corrélation entre le livret A et le fonds en euros ». Surtout quand le taux du Livret A approche le seuil psychologique de 3 à 3,5%, qui déclenche chez les épargnants une plus forte sensibilité au taux. Le match ne fait donc que commencer.

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Commentaires 2
à écrit le 13/01/2023 à 8:05
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wow, 2% avec une inflation a 8%, ca fait envie; vaut mieux acheter de l'or, et en plus ca permet de ne pas financer le systeme social des ultraneo socialistes ultra neo tolerants dans la bienveillance juste

le 14/01/2023 à 16:31
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Accord pas soucis avec gendarmerie nationale paris

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