Goldman Sachs sous le feu des critiques des sénateurs américains

Les dirigeants de Goldman Sachs se sont efforcés mardi de se défendre devant une commission du Sénat américain qui l'accuse d'avoir participé à la formation de la bulle du marché immobilier et d'avoir engrangé des milliards de profits aux dépens de ses clients.

Au cours de cette audition, les responsables de la puissante banque d'affaires et d'investissement ont affirmé que celle-ci avait pratiqué de la gestion du risque classique et n'avait pas parié sur une baisse globale du marché immobilier.

Fabrice Tourre, le salarié français du groupe accusé d'avoir conçu le produit financier complexe au centre des poursuites engagées par la Securities and Exchange Commission (SEC) contre la banque, a déclaré pour sa part qu'il n'avait dissimulé aucune information importante aux clients.

Lors d'un échange verbal tendu, le sénateur Carl Levin, qui préside les auditions, a demandé à Dan Sparks, ex-directeur de l'activité de crédit immobilier de Goldman Sachs, s'il avait ressenti le besoin d'informer ses clients lorsque la banque pariait contre leurs propres positions.

Il a fait allusion à une opération particulière que l'un des supérieurs de Dan Sparks avait lui-même qualifié de "merdeuse".

Dan Sparks n'a pas répondu directement sur ce point et précisé que l'adjectif ne correspondait pas à sa propre description de l'opération.

Dans un communiqué, la sous-commission a estimé que Goldman Sachs avait contribué à gonfler la bulle immobilière en concevant des produits obligataires regroupant des créances à risques entre 2004 et 2007, avant d'incorporer ces titres dans des produits complexes.

"DES CLIENTS CONSIDÉRÉS COMME DES SOURCES DE PROFIT"

Lorsque le marché immobilier s'est retourné, Goldman Sachs est devenu vendeur à découvert, pariant ainsi sur la baisse pendant toute l'année 2007, a ajouté la commission, qui reproche à la banque de ne pas avoir révélé ses positions à ses clients et d'avoir vendu à certains d'entre eux des titres dont elle souhaitait se débarrasser.

L'ancien candidat à la présidence John McCain, membre de la sous-commission, a reconnu ne pas savoir si Goldman Sachs avait agi illégalement mais il a ajouté n'avoir "aucun doute" sur le fait que la banque n'avait pas agi de manière éthique.

A la Bourse de New York, l'action Goldman Sachs gagnait 1,33% à 17h45 GMT dans un marché en nette baisse.

Les sénateurs ont concentré leurs attaques sur une transaction particulière, dans laquelle Goldman Sachs est accusé de ne pas avoir révélé des informations capitales aux investisseurs et à un analyste.

C'est ce même produit, dénommé Abacus 2007-AC1, qui vaut à la banque d'être accusée de fraude par la Securities and Exchange Commission (SEC).

"Le comportement de Goldman démontre qu'il a souvent considéré ses clients non pas comme des clients valables mais comme des sources de profit", a déclaré Carl Levin. "Son comportement remet en question le fonctionnement de Wall Street dans son ensemble."

Les dirigeants de Goldman Sachs se sont défendus en expliquant que la banque n'avait pas prédit l'évolution du marché immobilier mais qu'elle avait simplement pratiqué une gestion classique de ses risques.

"Des jugements parfois justes et parfois faux"

Un vif débat a eu lieu en interne sur l'évolution du marché immobilier mais n'a abouti à aucune conclusion définitive, a expliqué le directeur financier, David Viniar.

Il a ajouté que la banque avait décidé de réduire son exposition et qu'elle avait cédé certaines positions à des investisseurs qui les jugeaient intéressantes.

"Comme nos jugements, leurs jugements se sont parfois révélés justes et parfois faux", a-t-il poursuivi.

Goldman Sachs n'a réalisé que des profits limités dans les crédits immobiliers résidentiels en 2007 et a perdu de l'argent sur ce marché en 2008, a-t-il précisé.

La SEC a engagé le 16 avril une procédure à l'encontre de Goldman Sachs et de Fabrice Tourre, en reprochant à la banque de ne pas avoir informé les investisseurs du fait qu'elle avait autorisé le gestionnaire de "hedge funds" Paulson & Co à choisir des titres incorporés dans le portefeuille d'Abacus en pariant sur leur dépréciation.

Paulson & Co est soupçonné d'avoir engrangé plus d'un milliard de dollars de plus-values grâce à cette opération, soit à peu près le montant global des pertes subies par les investisseurs ayant misé sur Abacus.

Le groupe et son fondateur, John Paulson, n'ont toutefois pas été mis en cause directement par la SEC.

Fabrice Tourre a affirmé que la transaction Abacus "n'était pas conçue pour échouer".

D'autres salariés et dirigeants de Goldman Sachs devaient être entendus par la commission sénatoriales, parmi lesquels le PDG Lloyd Blankfein.

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Commentaires 2
à écrit le 28/04/2010 à 9:00
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G.S. est l'organisme financier le plus dangereux de la planète (Subprime, conseils à la Grèce et à l'Italie, manipulateurs, dirigeants placés dans les plus hautes instances (Paulson), et le futur Président de la BCE, devant succèder à Trichet. Aucun ...

à écrit le 28/04/2010 à 6:14
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Le fait qu'ils aient perdu un peu d'argent en 2008 aide a sauver leur image, mais que la part importante du risque immobilier ait ete concentree en Californie devrait peut-etre faire reflechir en terme de strategie politique... Et du coup on en oubli...

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