L'opération aura été plus longue et plus coûteuse que prévu. Mais Crédit Agricole a annoncé, vendredi soir, le succès de son offre publique d'achat (OPA) sur Credito Valtellinese (Creval), d'un montant de 855 millions d'euros. Selon les résultats provisoires de cette offre en cash, le groupe mutualiste détient désormais, via sa filiale italienne Credit Agricole Italia, 91,17% du capital de la banque lombarde.
La partie n'a pas été facile, malgré le soutien de plusieurs actionnaires, liés à Crédit Agricole Italia. Depuis l'annonce de l'OPA, en novembre 2020, des fonds d'investissement ont mené une véritable guérilla contre la banque française, jugeant l'offre initiale de 737 millions d'euros insuffisante, malgré l'intérêt du projet industriel. Même le conseil d'administration de Creval avait alors écarté fermement la proposition de la banque française, la qualifiant « d'opportuniste et de non sollicitée ».
Du coup, Crédit Agricole a été contraint de relever son offre pour la porter finalement à 12,5 euros l'action (dividende compris) pour l'ensemble des actionnaires, soit une hausse de 19%. Un prix qui reste cependant inférieur aux estimations des banques conseils de Creval. Le franchissement du seuil de 90% de titres apportés à l'offre va permettre à Crédit Agricole Italia de lancer un retrait de la cote de Creval pour faciliter l'intégration du réseau Creval dans Crédit Agricole Italia. Avec cette fusion, cette dernière table sur des synergies de 130 millions d'euros par an. Le retour sur investissement devrait être, selon la banque, de 10 % au bout de la troisième année.
Présence forte en Lombardie
Cette acquisition consolide les positions du groupe mutualiste en Italie, son deuxième marché de banque de détail, après la France, particulièrement dans la région Lombarde, la plus prospère du pays. Avec Creval, Crédit Agricole Italia devient la sixième banque en Italie, avec une part de marché estimée à 5% et trois millions de clients, mais avec une présence plus forte dans le nord industriel du pays.
Le groupe français a fait son entrée sur le marché de la banque de détail en Italie en 2007 avec le rachat de deux établissements du nord du pays, puis, dix ans plus tard, l'acquisition de trois caisses d'épargne en difficultés en Italie du Nord, pour 130 millions d'euros.
Une stratégie des « petits pas » qui pouvait interroger pour la deuxième banque européenne sur un marché bancaire italien en pleine consolidation. Mais c'est la stratégie adoptée depuis que Crédit Agricole, qui était en 2006, le premier actionnaire de Banca Intensa, s'est progressivement désengagé de sa participation dans la foulée de la fusion entre Intensa et Sanpaolo IMI.
Stratégie internationale prudente
En échange, Crédit Agricole avait récupéré une partie du réseau d'Intesa. Parallèlement, le groupe français est un acteur de poids dans la gestion d'actifs depuis le rachat par sa filiale Amundi, numéro un européen de la gestion, du gestionnaire Pioneer à UniCredit pour quelque 3,6 milliards d'euros. Chacun attend désormais de nouvelles initiatives du groupe mutualiste sur le marché italien. Les opportunités ne manquent pas.
La Banque Monte dei Paschi di Siena (BMPS) cherche notamment toujours un repreneur et Crédit Agicole pourrait être intéressé par des filiales ou des agences pour consolider sa position dans la région du Nord de l'Italie.
Après ses déboires en Grèce - même si l'aventure ne se termine pas trop mal avec la vente d'Emporiki en 2019 pour un milliard d'euros- et la vente de sa petite banque Abanca en Espagne, Crédit Agricole privilégie l'Italie et la Pologne pour le développement de la banque de détail à l'international.
Pour les autres pays, le groupe met l'accent sur les services financiers spécialisés, les services de financement des entreprises ou les partenariats ciblés et, bien sûr, sa filiale de gestion d'actifs Amundi, qui regarde désormais vers l'Asie.
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