Crédit Agricole distribue un super dividende en 2021

Le groupe Crédit Agricole a traversé la crise sanitaire sans trop de heurts, avec notamment des revenus en hausse dans tous ses métiers. Du coup, Crédit Agricole SA propose un dividende de 0,8 euro par action, en nette hausse, pour compenser en partie l’absence de dividende en 2020. Pour cela, il a mis au point un dispositif complexe pour rester dans le cadre des restrictions imposées par le régulateur européen.
Pour Philippe Brassac, directeur générale de Crédit Agricole SA, les effets positifs du soutien à l'économie et de la sortie de crise devraient apparaître plus nettement au second semestre.
Pour Philippe Brassac, directeur générale de Crédit Agricole SA, les effets positifs du soutien à l'économie et de la sortie de crise devraient apparaître plus nettement au second semestre. (Crédits : DR)

La crise semble avoir « glissé » sur les résultats du groupe Crédit Agricole en 2020. Certes, Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole SA, structure cotée du groupe mutualiste, détenue à 56% par les caisses régionales de Crédit Agricole, n'a cessé de répéter ces derniers mois que « cette crise n'est pas comme les autres » car elle est décidée par l'Etat et que ce dernier soutient l'économie, « sans reporter le risque à plus tard, comme nous l'entendons souvent ».

N'empêche, les chiffres du groupe sont bons, surtout au regard du contexte, grâce à des revenus plus élevés et une charge du risque plus faible que prévu. « Nous avions anticipé dès le début de la crise que nous pouvions soutenir l'économie et absorber le coût du risque en limitant le recul de nos résultats d'un tiers », avance Philippe Brassac, lors de la présentation, mercredi soir, des résultats du groupe.

Dépréciation sur l'Italie

Pari tenu : le résultat net du groupe recule de 35% à 4,7 milliards d'euros et celui de Crédit Agricole SA de 45% à 2,7 milliards, après une dépréciation de goodwill sur Crédit Agricole Italie de près de 900 millions. De plus, la comparaison avec 2019 est plutôt défavorable en raison d'un profit exceptionnel, un an plus tôt, sur un litige fiscal. Les revenus du groupe sont stables et les frais de gestion contenus, ce qui se traduit par un résultat d'exploitation en hausse et des coefficients d'exploitation autour de 60%, dans la moyenne des banques européennes.

Enfin, le groupe a amélioré sa solvabilité, avec un ratio CET1 record de 17,2% à la fin de 2020. Intégré dans un groupe largement capitalisé, Crédit Agricole SA peut se permettre d'afficher un CET1 moins important (13,1%) et d'afficher par conséquent une rentabilité des fonds propres de 9,3%, le niveau le plus élevé des banques françaises cotées.

Doublement des provisions

Enfin, la charge du risque a doublé d'une année sur l'autre, tant au niveau du groupe qu'au niveau de Crédit Agricole SA. Mais ce coût du risque apparaît globalement inférieur à celui des autres grandes banques françaises, soit 39 points base pour le groupe (dont 93% sur des encours sains) et 62 points de base sur Crédit Agricole SA (dont 77% sur des encours sains). « Le coût du risque, c'est le flux mais l'important, c'est le stock de provisions », souligne Jérôme Grivet, directeur général adjoint en charge des finances. A ce jeu, le groupe est bien doté et le taux de couvertures des créances douteuses atteint 84%.

Face à cette crise, « le Crédit Agricole a fait le job », estime Philippe Brassac. Comme en témoignent les 31,5 milliards de PGE distribués (27,5% du total), l'augmentation de 5% des crédits aux entreprises (hors PGE) et les 550.000 moratoires accordés (avec un taux de 98% de reprise des échéances). Et le message pour 2021 est clair :

« nous sommes engagés à soutenir nos clients et l'économie et nous allons continuer à le faire et à participer jusqu'au bout à la réussite des mesures de soutiens pour essayer de «ponter » l'économie au-dessus de la crise sanitaire », avance le directeur général.

Pour autant, le dirigeant ne s'attend pas à une hausse du risque :

« l'engagement public aura son effet positif en attendant que toutes les activités reviennent à la normal. Le coût du risque est à la fois le coût du risque immédiat, plutôt plus faible que d'habitude, et le coût du risque résiduel anticipé que nous connaîtrons une fois la crise terminée et que l'Etat aura pris sa facture. Nous sommes dans une année 2021 où les effets positifs devraient apparaître plus nettement au second semestre mais nous avons tous les éléments pour estimer un coût du risque moins élevé en 2021 », juge Philippe Brassac.

Montage complexe pour le dividende

C'est donc avec le sentiment du devoir accompli que Crédit Agricole SA souhaite se montrer généreux sur le dividende versé en 2021. Il est ainsi proposé à 0,8 euro par action, soit un rendement d'environ 8%, un montant sensé rattraper une partie de ce qu'aurait du être versé en 2020. « Nous avons optimisé les possibilités de versement », se réjouit Philippe Brassac, et ce dans le respect des contraintes du régulateur grâce à un montage complexe dont le groupe a souvent le secret.

Les règles de la Banque centrale européenne (BCE) sont en effet toujours contraignantes : la réglementation impose qu'un groupe bancaire ne puisse pas avoir un dividende qui représente une sortie de cash supérieur à 20 points de base de ratio CET 1 et 15% de la somme des résultats de l'année 2020 et 2019. En revanche, il n'existe aucune contrainte sur la distribution de dividende sous la forme d'actions.

Les caisses régionales rémunérées en actions

C'est l'astuce : l'actionnaire majoritaire de Crédit Agricole SA, la SAS La Boétie, s'est engagé par avance à prendre ses dividendes sous la forme d'actions nouvelles, permettant ainsi de dégager suffisamment de marge financière pour proposer aux actionnaires minoritaires (dont quelque 800.000 petits porteurs) un versement en cash.

Les effets dilutifs seront ensuite compensés, dans les douze mois, à la fois par le démantèlement complet du système Swtich (un mécanisme interne qui permet au Crédit Agricole SA « d'acheter » de la solvabilité aux caisses régionales), qui permettra d'augmenter les profits de la structure cotée, et par un programme de rachat d'actions.

Une façon pour Crédit Agricole de récompenser la loyauté de ses actionnaires au terme de cette crise et de muscler une valorisation, toujours en retrait par rapport à ses comparables boursiers.

Lire aussi : Le Crédit Agricole lance une marketplace emploi pour les jeunes

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Commentaires 4
à écrit le 13/02/2021 à 14:17
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ha! bon Alors les taux des prêts vont baisser. Les frais bancaires aussi ?

à écrit le 12/02/2021 à 12:55
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Que c'est beau... la rente, en exploitant le travail des autres!

le 12/02/2021 à 13:56
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Oui chaque crise est une aubaine . Pour investir . Il ne faut pas s'en cacher . Plus de 80% de plus-value pour ma part

le 13/02/2021 à 12:14
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Vous avez l'air étonné, malgré les crise économique aucune banque, assurance, ou hyper marché n'a fermé sa porte, seul les petits commerces/entreprises étranglés ferment...

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