Deutsche Bank abandonne Postbank. La première banque allemande a annoncé vendredi 24 avril au soir qu'elle entendait « déconsolider » sa filiale Postbank, rachetée en 2008. Le Conseil de surveillance du géant bancaire a également annoncé sa volonté de « réduire » les activités de financement des entreprises (« Corporate Banking & Securities »). Deutsche Bank se concentrera donc désormais sur la banque de transaction, la gestion de fortune et la banque privée où il y aura des « investissements. »

Scandale et faible rentabilité

La banque a, de plus, annoncé qu'elle avançait au dimanche 26 avril l'annonce de ses résultats trimestriels prévus initialement mercredi et qu'elle convoquait une conférence de presse lundi 27 avril. Il y a fort à parier que les résultats de Deutsche Bank, confrontée à une rentabilité médiocre et à des scandales en série. Il a déjà été annoncé que 1,5 milliard d'euros avait été provisionné pour faire face aux divers procédures judiciaires qui menacent la banque. Jeudi, la Deutsche Bank avait été condamnée à une amende de 2,5 milliards de dollars pour manipulation des taux dans le cadre du scandale du Libor.

Nouvelle étape dans l'histoire de la banque

Cette annonce marque une nouvelle étape dans l'histoire de la Deutsche Bank. Après avoir visé des rendements « de plus de 20 % » dans les « années folles » de 2002 à 2008, la banque allemande avait voulu, en rachetant la Postbank à la Deutsche Post juste avant la faillite de Lehman Brothers en 2008 disposer d'un ancrage stable, d'un « matelas de protection » contre les crises boursières. Postbank, avec 14 millions de clients, est la troisième banque de détail allemande, la première du secteur privée. Seulement, le marché bancaire de détail allemand, dominé par les très prudentes caisses d'épargne (Sparkassen) et banques mutualistes (Volks- und Raiffeisenbanken), est un marché très exigeant et fort peu rentable. La pression est devenue encore plus forte avec les taux de dépôt négatifs imposés par la BCE qui rend le rendement de l'épargne allemande fort coûteux.

Comment "déconsolider" Postbank ?

Comment se débarrasser de la Postbank ? Selon le syndicat Ver.di cité par la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), une entrée en Bourse de plus de la moitié du capital de Postbank serait envisagée. Une autre option avait été évoquée ces derniers jours : la cession des 94 % du capital qui appartiennent à Deustche Bank à Santander ou BNP Paribas, deux banques qui sont présentes en Allemagne, mais pas réellement sur le marché de la banque de détail. Dans le très difficile marché allemand, il est quasiment impossible de partir de zéro, la seule façon de s'implanter est de racheter une banque forte. Ainsi Crédit Mutuel avait, en 2010, racheté Targo Bank à Citigroup.

"Dernière chance" ?

En tout, selon la FAZ, le bilan de la Deutsche Bank, actuellement de 1.700 milliards d'euros, serait réduit de 400 milliards d'euros. La banque n'a cependant pas réellement fait de choix sur son modèle économique : elle a coupé à la fois dans son activité de détail et dans son activité de banque d'investissement. Ce « compromis » est, selon l'éditorialiste du quotidien allemand, « la dernière chance de la Deutsche Bank. »