Les risques liés à la guerre en Ukraine ne sont pas une menace pour les banques européennes (Autorité bancaire européenne)

Pour l’Autorité bancaire européenne, les risques liés à la crise en Ukraine ne représentent pas une menace pour les banques européennes. Un message rassurant qui succède à celui de la Banque centrale européenne, qui s’inquiète davantage des conséquences à long terme. Pour les agences de notation, mais aussi pour les analystes financiers, le secteur bancaire, notamment en France, a les moyens d’absorber des pertes de crédit supplémentaires.
Les banques européennes sont exposées à hauteur de 76 milliards d'euros sur la Russie.
Les banques européennes sont exposées à hauteur de 76 milliards d'euros sur la Russie. (Crédits : KAI PFAFFENBACH)

Vigilantes mais rassurantes : les autorités de régulation scrutent avec attention la situation des banques européennes depuis le début du conflit en Ukraine et la mise en place des sanctions à l'encontre de la Russie.

Le message est clair : pour l'heure, l'exposition des banques au risque russe est globalement limitée mais il ne faudrait pas que la guerre s'éternise trop. Jeudi 31 mars, Andrea Enria, en charge de la supervision du secteur bancaire à la Banque centrale européenne (BCE) a pointé une concentration de risques sur certains secteurs, notamment ceux qui sont touchés par l'envolée des prix de l'énergie et des matières premières ou par la dégradation de la situation économique en zone euro. A tel point que la BCE se déclare prête à intervenir « si la situation de risque de certaines banques devait se détériorer ».

88 milliards d'euros d'exposition à la Russie et l'Ukraine

Vendredi, c'est au tour de l'Autorité bancaire européenne de partager son inquiétude à plus long terme. Si les risques directs pour le système bancaire ne « constituent pas une menace fondamentale pour la stabilité financière », souligne l'EBA dans une étude, le régulateur ne cache pas ses inquiétudes sur les conséquences indirectes du conflit, qui pourraient peser sur les banques à plus long terme.

Les banques « seront affectées par une croissance économique plus faible » - les perspectives de croissance de la zone ont été pratiquement divisées par deux sur 2022 -, souligne le régulateur, sans compter la volatilité des marchés, les perturbations sur les approvisionnements, voire les cyberattaques.

Fin 2021, les banques européennes ont déclaré des expositions de 76 milliards d'euros pour la Russie et de 11 milliards d'euros pour l'Ukraine, selon l'EBA. En France, Société Générale est de loin la plus exposée, notamment via sa filiale bancaire Rosbank. Le groupe français a indiqué, début mars, être exposé en Russie à hauteur de 18,6 milliards d'euros, dont 15,4 milliards seulement pour Rosbank.

Deux autres gros acteurs européens du secteur sont également très exposés, la banque autrichienne Raiffeisen et le groupe italien UniCredit. ING, Deutsche Bank ou Intesa le sont également.

30 à 50% de pertes sur les expositions

Ce qui est certain c'est que les banques devront faire face à une baisse de leurs bénéfices, après un millésime 2021 exceptionnel, notamment au quatrième trimestre, avec des bénéfices souvent plus élevés qu'avant la crise sanitaire. « Les pressions sur la croissance économique pourraient affaiblir les perspectives commerciales et financières des banques, tandis que les revenus des services bancaires aux entreprises et des services d'investissement devraient diminuer. Cependant, la banque de détail devrait être plus résiliente et les marges d'intérêt nettes pourraient s'améliorer », prévient l'agence de notation Fitch.

Selon l'agence de notation, une première salve de pertes sur les expositions directes aux contreparties russes devrait se matérialiser dans les comptes du premier trimestre, « avec des pertes susceptibles de représenter 30 à 50% du montant des expositions ». Toutefois, précise Fitch, « dans la plupart des cas, les expositions directes sont faibles et l'impact devrait être amorti par d'importants bénéfices avant dépréciation ».

De son côté, l'agence de notation européenne Scope Ratings estime à 130 milliards d'euros de pertes supplémentaires la capacité d'absorption des banques françaises, compte tenu de leur stock de provision constitué en 2020 (provisions de précaution) et de leurs fonds propres excédentaires.

« Les banques ont la capacité d'absorber des pertes de crédit supplémentaires sans épuiser leurs positions en capital. Et même si les bénéfices n'atteignent pas le niveau exceptionnel de 2021, les modèles d'affaires sont diversifiés et la génération de revenus résiliente », résume Nicolas Hardy, en charge du secteur bancaire chez Scope Ratings.

Déprécier ou pas ?

Reste l'épineuse question de la dépréciation d'actifs sur les filiales, c'est-à-dire ramener ou non leur valeur comptable en valeur de marché, soit un niveau proche de zéro. Les banques concernées ne sont pas contraintes de le faire sur leurs comptes trimestriels, mais seulement sur les comptes semestriels. A ce jeu, c'est le premier établissement qui le fera qui imposera une règle aux autres. A moins que le régulateur intervienne d'ici là pour imposer une approche commune.

Pour l'heure, peu de banques européennes ont alerté sur leurs résultats trimestriels. En revanche, les analystes financiers commencent à revoir à la baisse leurs prévisions de résultats pour 2022. C'est le cas notamment d'UBS qui vient de réduire de 7% et de 5 % ses prévisions de résultats de Crédit Agricole SA, pour 2022 et 2023, en raison d'une activité plus faible en crédit dans la banque de détail et d'une baisse des revenus dans la banque d'investissement.

Mais les révisions sont loin d'être massives. La publication des résultats ou du chiffre d'affaires trimestriels au premier trimestre, début mai, aura donc valeur de test.

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Commentaires 9
à écrit le 02/04/2022 à 12:38
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Les banques devraient être volontaires et déprécier en un seul coup, comme le font les banques américaines dans ces cas là (si je me trompe pas). Cordialement

à écrit le 02/04/2022 à 9:25
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Bah logique vu qu'elles sont subventionnées par l'argent public

à écrit le 02/04/2022 à 3:24
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Seulement 88 milliards d'euros pour 447 millions d'euopéens soit un impôt futur de ~200 euros par habitant pour sauver l'épargne des européens ou plutôt protéger les banksters du chômage à l'instar de l'action du président Sarkozy durant la crise ...

à écrit le 02/04/2022 à 2:53
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Toute personne informee a minima, sait que bnp et sg ont des creances pourries qui depassent largement les depots. Quand ca explosera......

à écrit le 01/04/2022 à 19:24
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Cela veut dire n'ayer pas peur , toucher à votre fic dans banques . Toute façon vous avez 100 000 euros garanties ! enfin en principe .....

à écrit le 01/04/2022 à 18:14
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C'est toujours par un message rassurant qu'on nous annonce une catastrophe .Ne pas oublier que la France est le pays qui découvre !

à écrit le 01/04/2022 à 16:56
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C'est de la langue de bois US-Europe comme d'habitude. Cela montre que la finance Dollar-EURO-OTAN a les mêmes méthodes que la mafia. Politique de l'Autruche. Tout va bien Mme la marquise. Cette guerre va conduire à une dépression économique grav...

le 01/04/2022 à 18:55
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Vous lisez dans l'avenir ?

le 01/04/2022 à 23:37
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Vos espoirs risquent d'être déçus. En ce moment même, l'état russe prévoit une dépression économique aussi grave que celle de 1998.

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