Paiements : la fintech britannique Checkout.com réduit sa valorisation de 70%

La société spécialisée dans le paiement en ligne vient d’ajuster sa propre valorisation qui passe ainsi de 40 milliards de dollars à 11 milliards. Une décision prise pour refléter les conditions actuelles de dégradation des marchés mais aussi de moindre croissance dans le commerce en ligne. Elle permet notamment aux salariés d’exercer plus facilement leurs stock-options.
Le fondateur et dirigeant de Checkout.com, Guillaume Pousaz, ne semble pas pressé d'entrer en Bourse.
Le fondateur et dirigeant de Checkout.com, Guillaume Pousaz, ne semble pas pressé d'entrer en Bourse. (Crédits : LT)

En dix ans, la plateforme de paiement Checkout.com est devenu un acteur incontournable dans le commerce en ligne. Mais le groupe, fondé et dirigé par le suisse Guillaume Pousaz, et basé à Londres, n'échappe pas à la violente correction qui frappe nombre de fintechs.

Selon le Financial Times, la direction du groupe a prévenu en novembre ses quelque 2.000 salariés que la valorisation du groupe a été réduite de 72% en novembre à 11 milliards de dollars, et que, par conséquent, le prix d'exercice des options d'achat d'actions a été ramené de 252 dollars à 65 dollars.

La réduction de ce prix interne est cependant distincte de la valorisation qui serait faite par les investisseurs et profite donc avant tout aux salariés qui bénéficient de stock-options. D'ailleurs, de nombreuses fintechs auraient fait de même ces derniers mois, afin de fidéliser leurs équipes qui sont souvent payées largement en stock-options.

Il n'en reste pas moins que cette réévaluation reflète un environnement dégradé pour les fintechs de paiement, à la fois avec la hausse des taux et un certain ralentissement du commerce en ligne. D'ailleurs, de nombreux fonds, comme Tiger Global, se sont mis en mode pause depuis la fin de l'été en attendant que l'orage passe. Faute d'apports nouveaux en capital, les fintechs elles-mêmes ont levé le pied sur la croissance pour se concentrer sur la rentabilité.

400 milliards de dollars partis en fumée en Europe

En janvier dernier, Checkout.com avait presque triplé sa valorisation à 40 milliards de dollars, lors d'une levée de fonds de 1 milliard de dollars en série D, auprès de fonds renommés, comme notamment Altimeter, Franklin Templeton, Qatar Investment Authority, le fonds souverain de Singapour GIC ou Tiger Global. Ils vont être contraints de revoir la valorisation de leurs participations dans leurs livres comptables en 2022.

Lors du dernier Web Summit à Lisbonne en novembre dernier, Guillaume Pousaz s'est d'ailleurs exprimé sur les valorisations des fintechs en rappelant que « c'était un sujet d'investisseurs et pas d'entrepreneurs » en reconnaissant que les multiples ne seront pas en 2022 ceux de 2021, avec une baisse globale de moitié sur les marchés actions. « Ce qui m'importe, c'est la croissance de mon chiffre d'affaires et de ma marge », a-t-il ajouté.

Depuis la dernière levée de fonds en janvier dernier, la plupart des grandes fintechs ont vu leur valeur de marché s'effondrer, notamment dans le domaine des paiements. C'est le cas de Klarna, le champion suédois du paiement fractionné, qui a perdu 85% de sa valorisation (de 85 milliards de dollars à 7 milliards) en juillet dernier lors d'une levée de fonds de 800 millions de dollars.

Rival de Checkout.com, le groupe néerlandais Adyen a vu un tiers de sa capitalisation en Bourse s'envoler, tandis que le géant américain Stripe aurait également réduit cet été sa propre évaluation interne de 28%, et annoncé dans la foulée la suppression de 14% de ses effectifs. Selon le fonds de capital-investissement britannique Atomico, qui dresse chaque année un état des lieux de la Tech, les entreprises européennes de la Tech ont vu 400 milliards de dollars de valorisation partir en fumée en un an depuis le pic de 2021.

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