Compta en mode data : Supervizor lève 3 millions d'euros

La jeune pousse parisienne, qui édite un logiciel détectant erreurs et fraudes dans la comptabilité des entreprises, réalise son premier tour de table auprès de la société de gestion Odyssée Venture. La startup veut se développer à l'international et devenir la référence de l'émergente AuditTech.
Delphine Cuny
Alban Clot et Cyrille de Gastines, cofondateurs de Supervizor.
Alban Clot et Cyrille de Gastines, cofondateurs de Supervizor. (Crédits : DR)

Vous connaissiez sans doute la Fintech, les LegalTech et voici poindre dans un univers connexe l'AuditTech, la réinvention du contrôle de la comptabilité par la technologie. La startup parisienne Supervizor veut devenir la référence de ce jeune secteur, à l'aide de sa « technologie unique », à base de machine learning (apprentissage automatique), qui a « digéré plus de 40.000 comptabilités différentes », explique le cofondateur et responsable de la R&D, Cyrille de Gastines.

La jeune pousse, qui revendique 250 clients, représentant 5.000 sociétés (filiales comprises) utilisant sa solution d'autocontrôle comptable et fiscal, annonce ce jeudi sa première levée de fonds, de 3 millions d'euros, auprès de la société de capital-investissement Odyssée Venture.

« La levée de fonds va nous permettre d'accélérer en France et en Europe. Nous n'avons pas la force commerciale ou la notoriété de nos concurrents, grands éditeurs de logiciels ou Big Four de l'audit. Nous allons structurer notre force de vente directe et mettre en place des partenariats de vente indirecte, notamment avec de grands éditeurs d'ERP [logiciels de gestion, ndlr] », nous indique Alban Clot, cofondateur et responsable du marketing.

Le logiciel de Supervizor (installé dans les serveurs du client et non en mode cloud pour la confidentialité des données) est loué sous licence à un tarif variant en fonction du chiffre d'affaires de l'entreprise, soit 200 euros par mois pour une PME de 10 millions d'euros et 2.000 euros par mois pour une ETI de 500 millions d'euros. La startup assure avoir dans ses références aussi bien des PME que du CAC 40, grands groupes de médias, marques de luxe, ou une coopérative laitière de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

"Pas un outil pour fraudeurs"

Supervizor se défend d'être « un outil pour les fraudeurs » mais assure vouloir participer à « une relation apaisée entre l'administration fiscale et les entreprises », en donnant à celles-ci les moyens de se contrôler elles-mêmes, de détecter aussi bien les erreurs involontaires que les comportements frauduleux qui pourraient entraîner un désagréable redressement fiscal.

Les dirigeants de la startup, qui ont eux-mêmes une longue expérience de l'audit et du conseil, affirment que « les acteurs classiques, commissaires aux comptes, experts-comptables, avocats fiscalistes, sont dépassés » par les nouvelles méthodes de l'administration fiscale (fichier des écritures comptables, appelé FEC, à transmettre au contrôleur depuis 2014, nouvelle procédure à distance sorte de « cybercontrôle fiscal » depuis 2017, usage d'algorithmes sophistiqués de data mining pour disséquer la comptabilité des entreprises). Ils font valoir que leur logiciel a détecté des erreurs même dans des comptes certifiés par de grands cabinets.

« La profession des commissaires aux comptes n'est pas prête, son mode de fonctionnement va radicalement changer. La digitalisation du contrôle n'est pas un mouvement seulement français : nous voulons aller attaquer le marché à l'étranger et nous traduisons notre logiciel » indique Alban Clot.

La startup travaille avec « un grand groupe allemand du Dax 30 » (l'indice des valeurs vedettes de la Bourse de Francfort) et se rendra en juin à un grand salon professionnel pour prospecter. Le marché de la digitalisation de la fonction finance commence à se développer : la jeune pousse allemande Smacc (compta à la sauce IA) avait levé 3,5 millions d'euros en juin 2016 auprès de Cherry Ventures, Rocket Internet notamment. Dans le même temps, les Big Four multiplient les investissements en intelligence artificielle, KPMG travaille avec IBM Watson par exemple.

« Je connais bien les grands cabinets, j'ai travaillé 12 ans chez EY. Leur approche consiste à vendre des heures de prestation de conseil, pas une solution sous licence. Leur méthode est encore très manuelle, ils sont beaucoup moins agiles » avance Cyrille de Gastines.

Delphine Cuny

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Commentaires 2
à écrit le 31/03/2018 à 17:40
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Où est la "trouvaille" de déceler "erreurs" dans des comptes certifiés par des "grands cabinets" ? Tout le monde sait que les comptes de la SOCIETE GENERALE ont été certifiés à plus de 5 MILLIARDS près ... L'affaire KERVIEL n'est qu'une révélée pour...

à écrit le 30/03/2018 à 23:28
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A quoi sert les Experts comptables ? Normalement il ne faut pas qu’il y a d’erreurs ou de fraude sur les bilans A moins que ce produit est surtout pour le fisc ?( pour gagner du temps vu que des postes vont être supprimés)

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