Crédit Agricole se désengage (en partie) d'Arabie Saoudite

La Banque verte va céder au prince Al-Walid pour 1,3 milliard d'euros un bloc de 16,2% de Banque Saudi Fransi. Elle conserve 14,9% de cette participation héritée d'Indosuez.
Delphine Cuny
Cinquième banque saoudienne en matière d'actifs, la Banque Saudi Fransi est active dans la banque de détail et privée, de financement et d'investissement et la finance islamique. Crédit Agricole en est actionnaire depuis 1996. (Crédits : BSF)

[Article publié à 10h30 et mis à jour à 15h30]

La rumeur avait circulé en mars dernier. Le Crédit Agricole cherche bien à sortir d'Arabie Saoudite : la Banque verte, qui mène une gestion active de ses participations - en témoigne son désengagement récent d'Eurazeo -, vient d'annoncer un accord en vue de céder 16,2% du capital de Banque Saudi Fransi pour environ 1,3 milliard d'euros à Kingdom Holding, la société du prince saoudien Al-Walid. Le milliardaire est notamment propriétaire de l'hôtel George-V à Paris et a été reçu par le président Emmanuel Macron à l'Elysée la semaine dernière ; il est l'un des actionnaires de référence de la banque américaine Citigroup.

La filiale de banque d'investissement CACIB de Crédit Agricole S.A, l'entité cotée de la banque mutualiste, réduit ainsi sa participation dans Banque Saudi Fransi (BSF) à 14,9%. Cette participation est dans le giron du Crédit Agricole depuis 1996 : il en a hérité au rachat d'Indosuez, qui avait participé à la création de cette banque franco-saoudienne en 1977 par décret royal. L'essentiel du capital était d'ores et déjà aux mains d'intérêts saoudiens (69,9%).

Une sortie totale à terme ?

Cinquième banque d'Arabie Saoudite, la BSF est un établissement solide et hautement rentable. Cependant, la présence au Moyen-orient n'est pas vraiment stratégique, en comparaison avec l'Italie, le deuxième grand marché de Crédit Agricole, où il discute du rachat de trois petites caisses régionales

Quid de l'avenir du Crédit Agricole en Arabie Saoudite ? La banque française assure qu'elle « entend poursuivre sa collaboration avec [BSF] en tant qu'actionnaire et partenaire stratégique », ainsi qu'avec Kingdom Holding qu'elle présente comme  « le nouvel actionnaire de long terme de BSF ».

Elle indique en outre que sa filiale CACIB « se réserve par ailleurs la possibilité de céder hors marché au maximum 5% supplémentaires sous réserve que les termes d'une éventuelle transaction soient au moins aussi favorables à CACIB que ceux de la cession à KHC. » Et CACIB s'est « engagé à maintenir une participation d'au moins 9,9% dans la BSF » dans les douze mois suivant l'opération.

« Le Crédit Agricole a contribué depuis 40 ans en capital et en expertise afin que la BSF devienne l'une des meilleures banques d'Arabie Saoudite. La BSF est un actif de premier plan et une banque proposant une gamme complète de services de qualité. À l'avenir, CACIB entend rester un partenaire stratégique de BSF », fait valoir le directeur général de CACIB, Jean-Yves Hocher.

Cette cession s'inscrit « dans le cadre de sa stratégie de réduction du poids de ses participations minoritaires » et va améliorer les ratios de solvabilité de la banque : l'impact positif est estimé à 20 points de base sur le ratio de fonds propres Common Equity Tier One (CET1) de Crédit Agricole S.A, et de 5 points de base sur celui du groupe (incluant toutes les caisses régionales).

L'action Crédit Agricole S.A. grimpe de 1,66% ce mardi après-midi à deux heures de la clôture.

Delphine Cuny

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