Fidelity, premier géant de la finance à sauter le pas du Bitcoin

Le gestionnaire d'actifs américain crée une entreprise à part, Fidelity Digital Assets, proposant des services comme l'exécution d'ordres et la conservation pour les crypto-actifs, destinés aux investisseurs professionnels comme les hedge funds. Une première de la part d'un grand groupe financier traditionnel.
Delphine Cuny
Notre objectif est de rendre les actifs nativement numériques, comme le bitcoin, plus accessibles aux investisseurs explique la patronne de Fidelity Investments.
"Notre objectif est de rendre les actifs nativement numériques, comme le bitcoin, plus accessibles aux investisseurs" explique la patronne de Fidelity Investments. (Crédits : Fidelity)

Ce n'est pas forcément celui qu'on attendait, après des mois de rumeurs concernant Goldman Sachs, mais c'est un indéniable signe de l'institutionnalisation des crypto-monnaies, ou crypto-actifs comme il est convenu de les appeler : la firme d'investissement américaine Fidelity a annoncé lundi 15 octobre la création d'une nouvelle entreprise, Fidelity Digital Assets, proposant aux investisseurs institutionnels des services financiers autour des crypto-actifs. La vénérable institution de Boston, fondée il y a 72 ans, prend de court les géants de Wall Street en sautant le pas la première.

"Notre objectif est de rendre les actifs nativement numériques, comme le bitcoin, plus accessibles aux investisseurs" explique la Pdg de Fidelity Investments, Abigail P. Johnson, dans un communiqué. "Nous allons continuer d'investir et d'expérimenter, à l'avenir, avec de rendre cette classe d'actifs émergente plus facile à comprendre et utiliser pour nos clients."

Les services proposés par Fidelity Digital Assets sont la conservation des "bitcoins, ethers et autres crypto-actifs", autrement dit "le stockage à froid, en chambre forte, hors ligne", ainsi que l'exécution des ordres, avec ses outils de courtage intelligents, le tout réservé à des "investisseurs institutionnels sophistiqués tels que les hedge funds, les family offices et les intermédiaires de marchés". Ils auront aussi un service client dédié 24/7.

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D'un incubateur Blockchain à des services pour crypto-actifs

Fidelity Digital Assets est issu de l'incubateur Blockchain lancé en 2013 par la firme, qui a également collaboré avec la plateforme d'échanges Coinbase et les experts du MIT Digital Currency Initiative.

"Nous avons commencé à étudier la Blockchain et les actifs numériques il y a plusieurs années. Ces efforts nous ont permis de comprendre et de faire progresser notre réflexion sur les crypto-devises", fait valoir Tom Jessop, le responsable de Fidelity Digital Assets. "La création de Fidelity Digital Assets est la première étape d'une vision à long terme consistant à créer une plate-forme complète de services de qualité institutionnelle pour les actifs numériques."

La firme bostonienne, qui travaille pour 13.000 institutions financières et brasse 7.200 milliards de dollars d'actifs, dont 2.600 milliards sous gestion, souligne que s'il existe de nombreux fournisseurs de services pour les particuliers dans l'univers des crypto-actifs, il reste un vide à combler du côté des investisseurs professionnels, dont beaucoup attendraient, "sur la touche".

"Dans nos discussions avec les institutions, celles-ci nous disent que pour s'engager de façon significative dans les actifs numériques, elles ont besoin d'une plate-forme de confiance pour accéder à cet univers. Ces institutions exigent un niveau de service et de sécurité sophistiqué. Avec Fidelity Digital Assets, nous construisons une infrastructure évolutive pour les actifs numériques qui répond aux attentes de ce que ce que l'on attend de Fidelity, en tirant parti des capacités uniques de la Blockchain pour créer une offre complètement nouvelle", affirme Tom Jessop.

L'arrivée de cet acteur prestigieux va-t-elle achever de convaincre ces institutionnels tentés mais frileux ? La volatilité du Bitcoin et des principales autres crypto-devises comme l'Ether peut demeurer un frein pour les plus conservateurs. Cependant, "qu'il s'agisse de la popularité croissante en tant que réserve de valeur, ou la relative non-corrélation avec les marchés financiers, du potentiel d'alimenter des paiements internationaux à moindres coûts ou de l'émergence de protocoles pouvant générer de nouvelles industries", Fidelity souligne qu'il peut y avoir de multiples motivations de s'intéresser à cette nouvelle classe d'actifs.

Delphine Cuny

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