Le groupe bancaire espagnol Santander a annoncé mardi qu'il allait proposer à ses clients particuliers affectés par la fraude Madoff de récupérer en intégralité leur mise de départ, pour un total de 1,38 milliard d'euros.  "Santander propose à ses clients particuliers de récupérer 100% de l'argent qu'ils ont investi", a déclaré un porte-parole. Cela signifie que les clients perdront uniquement les fruits de leur placement. Santander devient ainsi la première banque à proposer à dédommager, au moins partiellement, ses clients. La mesure ne s'appliquera qu'aux clients particuliers, et pas aux clients institutionnels, a précisé le porte-parole.

Santander avait annoncé en décembre que l'ensemble de ses clients étaient exposés pour un montant record de 2,33 milliards d'euros à la gigantesque fraude pyramidale du financier américain Bernard Madoff, voyant sérieusement écornée son image d'établissement solide dans la crise financière internationale. Jusqu'à ce scandale, Santander était en effet apparue comme une banque robuste, épargnée par les crédits à risque subprimes, se payant même le luxe d'acheter tout ou partie de trois autres banques en difficultés.

Les analystes du secteur relevaient que ce scandale, qui touchait au porte-feuille ses riches clients de sa banque privée, était du plus mauvais effet pour l'image de la banque. Surtout en Amérique latine, un des continents clés pour le développement de la banque, où résident bon nombres des clients affectés, selon des informations de presse.

La solution retenue par Santander pour rembourser ses clients "consiste en une substitution d'actifs, grâce à laquelle les clients de banque privée échangeront leurs investissements dans Optimal Strategic (le fonds de Santander exposé à la fraude, NDLR) avec des actions préférentielles du groupe", selon un communiqué de Santander. Selon des informations de presse, Santander était sur le point de faire une offre à ses clients.

"Le coût, avant impôt, pour le groupe, sera de 500 millions d'euros, entièrement provisionnés dans les comptes 2008", selon le communiqué. Plus tôt dans la journée, un cabinet d'avocats espagnol avait annoncé qu'il avait, conjoitement avec un cabinet américain, déposé une plainte en nom collectif contre Santander aux Etats-Unis. Santander a déclaré avoir "pris cette décision en raison des circonstances exceptionnelles dans ce dossier, et pour des raisons exclusivement commerciales", selon le communiqué.

Le président de la banque Emilio Botin avait déclaré lundi lors d'une assemblée générale du groupe, au cours de laquelle il avait été chahuté, que la banque étudiait les possibles actions légales qu'il pouvait lancer.