Le London Stock Exchange attaque le marché de la compensation en rachetant LCH.Clearnet

Xavier Rolet, le directeur général du groupe London Stock Exchange entend acquérir jusqu'à 60% de la chambre de compensation franco-britannique LCH.Clearnet. Une initiative qui lui permet d'accélérer la stratégie de diversification du groupe vers les activités de compensation.
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Après l'échec de la fusion avec TSX, l'opérateur des bourses de Toronto et de Montréal, Xavier Rolet n'aura pas mis longtemps pour repartir de l'avant. Le directeur général du Groupe London Stock Exchange, qui réunit les Bourses de Londres et de Milan, a dévoilé ce vendredi qu'il s'apprétait à acquérir le contrôle de LCH.Clearnet, la chambre de compensation franco-britannique. Une initiative saluée, notamment en Bourse. Le LSE, qui met ainsi un coup d'accélérateur à sa stratégie de diversification, convoite 50% à 60% du capital de la chambre née de la fusion de la London Clearing House et de l'organisme français Clearnet, pour un montant maximal de 463 millions d'euros. Et d'ores et déjà, l'opérateur londonien a reçu le soutien d'une majorité des actionnaires actuels de LCH.Clearnet.

« C'est un beau retour », commente Jean de Castries, directeur général du cabinet de conseil Equinox Consulting. « En acquiérant l'expertise de LCH.Clearnet, le groupe LSE se positionne sur des sujets d'avenir, comme la compensation des produits dérivés échangés de gré à gré ». Après l'éclatement de la crise financière en 2008, les difficultés d'AIG, la chute de Lehman Brothers ont poussé les régulateurs et les politiques à se préoccuper de pans de marché dont certains ne soupçonnaient même pas l'existence jusqu'alors. Celui des credit default swaps notamment, ces contrats de couverture contre le risque de défaut d'un émetteur de dette dont il est aujourd'hui question s'agissant de la restructuration de la dette grecque.

La compensation rendue obligataire

Aux Etats-Unis, la loi Dodd-Frank, en Europe, la directive EMIR ont vocation à obliger les intervenants sur ces marchés de gré à gré à passer par des chambres de compensation pour sécuriser leurs échanges. Les chambres de compensation s'interposent entre acheteurs et vendeurs, prenant ainsi leur charge le risque de contrepartie. Elles évitent ainsi que le défaut d'un seul intervenant n'entraine l'ensemble du marché dans un phénomène boule de neige.

Pour ce, elles exigent pour toute transaction un dépôt initial de garantie et procèdent, au fur et à mesure de l'évolution des cours, à des appels à de nouveaux dépôts (ce qu'on appelle des appels de marge). En outre, elles disposent de fonds de secours, alimentés par leurs membres, permettant couvrir les pertes la défaillance de l'un des participants, puis leurs fonds propres. Le dernier exemple en date aura été la gestion, notamment par LCH.Clearnet, de la faillite de MF Global, en octobre dernier.

Des services pour le gré à gré

« LCH.Clearnet concentre notamment 50% du marché des swaps de taux. La chambre de compensation a également développé une plate-forme pour les CDS, qui pour se développer davantage face à des concurrents tels que ICE Clear, doit maintenant attirer les intervenants anglo-saxons », explique Jean de Castries. Avec le LSE, ce pourrait être plus facile. « Avec LCH.Clearnet dans son portefeuille, Xavier Rolet vient de prendre l'avantage sur Nyse Euronext ».

Les dirigeants des entreprises de marché ont effet beaucoup misés sur l'évolution de la régulation. Ils ont eux-mêmes milité auprès des régulateurs pour que l'essentiel des transactions passent par des marchés réglementés, transparents. En mai 2010, Nyse Euronext (aujourd'hui actionnaire de LCH.Clearnet à hauteur de 9%) avait fait part de ses ambitions dans la compensation, allant jusqu'à dénoncer ses contrats avec LCH.Clearnet.

Entre-temps, Nyse Euronext, candidat au rachat de LCH.Clearnet en partenariat avec le fournisseur de données de marché Markit avant de se retirer de la course, a mis la priorité sur son projet de fusion avec Deutsche Börse. Reste que Bruxelles a interdit ce mariage. De fait, Nyse Euronext, qui développe déjà des services, doit se concentrer à nouveau sur ces aspects.

Quelle stratégie pour Nyse Euronext

« Dans le domaine de la compensation, Nyse Euronext a perdu une bataille, mais pas la guerre », nuance toutefois Jean de Castries. « Nyse Euronext a encore la possibilité, s'il le souhaite, de revenir en étudiant la faisabilité d'une société commune avec Deutsche Börse dans la compensation ». Une possibilité que d'autres excluent. Quoi qu'il en soit, il lui faudra décider rapidement et notamment s'agissant de la compensation des transactions sur ses propres marchés. Une question qui n'est pas sans importance en termes de revenus pour LCH.Clearnet.

Le LSE, qui espère boucler l'opération d'ici au quatrième trimestre 2012, pourrait bien avoir pris une longueur d'avance alors que la directive EMIR doit entrer en vigueur au 1er janvier 2013. A moins que Bruxelles ne s'empare du sujet. Xavier Rolet, comme Jacques Aigrain, le président de LCH.Clearnet n'ont toutefois pas manqué d'appuyer le caractère ouvert de cette prise de contrôle et du partenariat qui en résultera, en terme d'accès pour les plates-formes concurrentes comme de gouvernance. Pour eux, le schéma proposé pourrait être une réponse face à des modèles dits en silo.

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