Le capital-investissement se met au "vert"

Au cours des cinq prochaines années, 94% des fonds de private equity accorderont davantage d'attention aux problématiques environnementales et sociétales, dans le cadre de leurs investissements, selon une étude de PwC.
Les sociétés dans lesquelles le fonds Doughty Hanson est investi ont économisé 200.000 tonnes de dioxyde de carbone, en 2011.Copyright Reuters

Le private equity et l'investissement socialement responsable (ISR) sont deux notions qui, a priori, ne vont pas très bien ensemble. Car il paraît difficile de concilier les impératifs de retour sur investissement des fonds avec une démarche de respect de l'environnement et d'attention portée à l'emploi. De fait, la moitié des sociétés de capital-investissement n'ont adopté aucune politique en matière d'ISR, selon une récente enquête de PricewaterhouseCoopers (PwC), qui a interrogé 17 des 50 plus grands fonds d'investissement dans le monde. Et, parmi ceux qui se soucient d'ISR, les comportements sont très variés. Certains, comme Apax Partners, prennent systématiquement en considération les pratiques environnementales, sociétales et de gouvernance des entreprises dans lesquelles ils sont susceptibles d'investir. Mais bien d'autre le font seulement au cas par cas.

94% des fonds s'intéresseront à l'ISR au cours des cinq prochaines années

La donne va évoluer, sous la pression des investisseurs institutionnels, qui sont les actionnaires des fonds de private equity. Car, ces dernières années, nombre de « zinzins », notamment des fonds de pension publics pressés par les gouvernements, ont adhéré aux Principes pour l'Investissement Responsable des Nations Unies (UN PRI). Si bien qu'ils ne peuvent allouer leur argent qu'à des fonds de private equity signataires de cette même charte. Or, depuis l'éclatement de la crise financière, à l'été 2011, il est devenu difficile pour le capital-investissement de lever des fonds. « Beaucoup de sociétés de private equity jugent que l'ISR est une science encore trop imprécise pour qu'ils la prennent en considération. Mais, dans un environnement devenu très concurrentiel en matière de levées de fonds, les investisseurs institutionnels risquent de ne pas être aussi patients », prévient Malcolm Preston, responsable des études ISR chez PwC. D'ailleurs, 94% des fonds de capital-investissement sondés par PwC affirment qu'ils accorderont beaucoup plus d'attention à l'ISR au cours des cinq prochaines années.

L'ISR, un bénéfice de 18 millions d'euros pour le fonds Doughty Hanson

Un intérêt qui sera d'autant plus grand que certains fonds de private equity, comme le géant américain KKR et le britannique Doughty Hanson, ont d'ores et déjà chiffré les bénéfices des démarches ISR des sociétés qu'elles ont en portefeuille. Dans un rapport intitulé « Private equity et investissement responsable », et publié au titre de 2011, le fonds Doughty Hanson évalue à 18 millions d'euros, au total, les gains de chiffre d'affaires et les économies réalisés l'an dernier par les entreprises dans lesquelles il est investi. Celles-ci ont en effet réduit de 200.000 tonnes leurs émissions de CO2, diminué leur consommation d'eau de 260.000 mètres cubes et abaissé de 150.000 tonnes leur production de déchets. Et Doughty Hanson estime que le chiffre de 21 millions d'euros d'économies et de revenus supplémentaires par an est atteignable. Voilà le langage qu'il faut tenir au capital-investissement pour le convaincre de se convertir à l'ISR.


 

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Commentaire 1
à écrit le 15/04/2012 à 8:25
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Les résultats de l'enquête de PwC sont effectivement encourageant. Il convient néanmoins de souligner que les fonds de private equity ne sont pas seulement sensibles à un langage réduits aux termes d'"économies" et de "revenus supplémentaires". Ces a...

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