Financement aéronautique : comment rouvrir les vannes ?

Le financement du secteur aéronautique était en panne. La Fédération bancaire française et le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales ont pris langue pour débloquer la situation.
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Pas de visibilité sur les commandes d'un côté, moins de réponse favorable aux demandes de financement de l'autre. Voilà les raisons principales du rapprochement de la Fédération bancaire française (FBF) et du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS). Aucun accord contraignant n'a été scellé pour l'instant, mais les deux fédérations ont décidé de faire cause commune.

Des commandes sur six mois

Il s'agit pour les deux parties de faire un pas en avant pour débloquer la situation dans laquelle se trouvent aujourd'hui les fournisseurs et sous-traitants des constructeurs aéronautiques. Jusqu'à maintenant, ils pouvaient prétendre à des commandes fermes de trois mois de la part de leurs maîtres d'?uvre. Le GIFAS va désormais préconiser aux constructeurs de signer des commandes de six mois à leurs fournisseurs. Ce qui devrait rendre les banques plus enclines à prêter. Car celles-ci étaient amenées à refuser d'octroyer des financements, justement par manque de visibilité sur l'activité des PME du secteur et de leur carnet de commandes.
La FBF fera quant à elle passer le message à ses adhérents pour soutenir la filière. Dans un communiqué, Frédéric Oudéa son président déclare que "les banques françaises sont mobilisées pour financer les PME, notamment dans le secteur de l'aéronautique, qui a des perspectives de croissance".
Banquiers et industriels du secteur souhaitent par ailleurs avoir "une meilleure connaissance réciproque des contextes de chaque profession". Ils devraient ainsi partager leurs données et leurs points de vue concernant les besoins en fonds de roulement des entreprises de la filière aéronautique, et les conditions de financement et le contexte financier dans lequel les banques travaillent.

Tendance à la réduction du financement aéronautique

Cette déclaration de bonnes intentions s'inscrit, depuis le deuxième semestre 2011, dans une tendance de réduction de cette activité pour les banques françaises. Le financement aéronautique est en effet un financement de long terme, pénalisant dans le cadre de la réforme Bâle 3, et qui demande de mobiliser des ressources importantes en dollars, ressource devenue rare et chère.
Société Générale a ainsi annoncé la réduction de cette activité l'an dernier. Sa banque de financement et d'investissement se dit cependant toujours "impliquée dans le financement du secteur aéronautique à travers le conseil, l'origination et la structuration d'opérations avec un focus sur les solutions faisant appel aux marchés de capitaux". Et BNP Paribas poursuit son activité de financement aéronautique, mais a délaissé le segment de l'aviation d'affaires.
Par conséquent, certains avionneurs ont commencé à requérir les services de banques américaines et asiatiques, qui grappillent donc des parts de marché aux banques françaises, jusqu'alors présentes sur environ un tiers des deals mondiaux.

Un coup de calcaire

Tom Enders, alors encore PDG d'Airbus, avait d'ailleurs poussé un coup de gueule au sujet de la fermeture du robinet du crédit et incité à une entente entre banquiers et industriels en septembre dernier dans le Figaro : "À court terme, nous sommes inquiets de voir qu'à nouveau l'accès au crédit bancaire pourrait se raréfier, en particulier les financements de long terme émis en dollars par certaines banques européennes. Cependant, les instituts européens sont loin d'être les seuls acteurs dans ce domaine. De grandes banques américaines et chinoises restent très actives. Il existe d'autres sources de financement, notamment les marchés financiers. Il est important que tous les acteurs travaillent ensemble pour assurer que toutes les compagnies aériennes puissent continuer à avoir accès au crédit pour financer leurs achats."
Or le GIFAS explique que la cadence de production est très élevée en ce moment et que c'est justement aujourd'hui que les entreprises du secteur ont besoin de financements pour soutenir l'augmentation de leur activité. "Les fournisseurs et les sous-traitants de la filière doivent pouvoir travailler sur la base d'engagements fermes de commandes dans la durée et améliorer ainsi leurs demandes de financements nécessaires de leur fonds de roulement", confirme le communiqué.

Crédit Agricole CIB, banque de l'année pour le financement aéronautique

Le Crédit Agricole poursuit quant à lui son activité de financement aéronautique et met en avant son leadership dans ce domaine. Crédit Agricole CIB a reçu plusieurs récompenses sur cette activité et se place depuis deux ans en tête du classement "Aviation 100 Bank of the Year" de la revue Airline Economics (voir le top 10 ci-dessous). Le magazine précise que la banque verte a financé ou co-financé pour 3.58 milliards de dollars de deals au premier semestre 2011. Après une réduction de 30% de son activité au deuxième semestre, due à la crise et au coût du refinancement en dollar, elle aura participé sur l'année à 6.1 milliards de dollars de financements.
Dans son rapport annuel, la banque signifie que l'aéronautique et l'aérospatial représentent 3% du total de ses engagements commerciaux, une proportion stable par rapport à 2010.

 

Classement des 10 meilleures banques de l'année 2011 pour le financement aéronautique
1. Crédit Agricole CIB
2. Citi
3. JP Morgan
4. Deutsche Bank
5. Goldman Sachs
6. Bank of America
7. DVB
8. BNP Paribas
9. Standard Chartered
10. Natixis Transport Finance

Source: Airline Economics de janvier 2012

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