La microfinance veut retrouver tout son crédit

Le think tank Convergences 2015 lance un « appel mondial pour une microfinance responsable », après les scandales des deux dernières années.
La microfinance a permis la création de 19.000 entreprises en France, en 2011. Copyright Reuters

La microfinance tente de se refaire une virginité. Le think tank Convergences 2015 et le Microfinance CEO Working Group, qui rassemble plusieurs institutions de microfinance (IMF), lancent en cette fin de semaine un « appel mondial pour une microfinance responsable. » Pour mémoire, les IMF, nées il y a une trentaine d?années, ont pour vocation de prêter de l?argent à des particuliers et à des TPE (très petites entreprises) qui n?ont pas, ou plus, accès au système bancaire classique, faute de garanties suffisantes. « Tous les signataires (de l?appel) doivent améliorer leurs pratiques (?), servir leurs clients de manière responsable », insiste Convergences 2015. Le think tank exige des IMF qu?elles prennent des « engagements mesurables » en matière de bonne gouvernance et qu?elles les mettent en ?uvre avant la fin 2013.

Une vague de scandales

Si la microfinance s?efforce de se racheter une conduite, c?est parce que certains de ses acteurs ont écorné son image, au cours des deux dernières années. A commencer par SKS Microfinance, l?un des leaders du microcrédit en Inde. En 2010, SKS s?introduit en Bourse. L?occasion, pour les investisseurs, de constater une spectaculaire progression de ses bénéfices en quelques mois seulement. Et pour cause : SKS a poussé nombre d?Indiens pauvres à se surendetter. Une situation qui entraînera une vague de suicides dans l?Etat d?Andhra Pradesh, au sud de l?Inde, à l?automne 2010.
La crise de la microfinance atteint son apogée en 2011, quand Muhammad Yunus, fondateur de la première IMF, la Grameen Bank - ce qui lui avait valu d?obtenir le prix Nobel de la paix en 2006 -, doit démissionner, soupçonné de pratiquer des taux d?intérêt excessifs.

19.000 micro-entreprises créées en France, en 2011

Des scandales d?autant plus dommageables que la microfinance présente une véritable utilité. Et pas seulement dans les pays les plus pauvres, où elle s?est certes d?abord développée. Mais également dans les pays du Nord, où la microfinance a considérablement essaimé depuis la crise financière de 2008 et la récession économique de 2009. Les microcrédits accordés par l?Adie (Agence pour le droit à l?initiative économique), France Active et France Initiative - les trois principaux acteurs du microcrédit professionnel en France ? ont en effet permis de créer 19.000 entreprises en 2011, et aidé au développement de 12.000 TPE existantes. Ce qui a débouché sur la création de 57.000 emplois directs, l?an dernier, se félicite Convergences 2015. De fait, en France, près des deux tiers des bénéficiaires du microcrédit professionnel sont des chômeurs, qui tentent de revenir à l?emploi en créant leur propre société.

Un taux de survie élevé

Les institutions de microfinance ne se contentent pas de les aider financièrement, sous forme de prêts à taux zéro, mais les accompagnent dans leurs démarches administratives, la gestion de leur comptabilité, etc. Si bien que, trois ans après leur création, 75% des TPE financées par le microcrédit sont toujours en vie, contre 66% seulement en moyenne pour les entreprises françaises, selon Convergences 2015.

 

 

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