Epargne : le taux du livret A va atteindre 2%, son plus haut niveau depuis dix ans

Bercy a entériné la proposition du gouverneur de la Banque de France de doubler le taux du Livret A. François Villeroy de Galhau avait laissé entendre mercredi qu'il sera augmenté à partir du 1er août à 2%, contre 1,5% actuellement, et 0,5% en janvier dernier. L’accélération de l’inflation justifie cette hausse, qui ne sera pas sans conséquence pour les autres produits d’épargne, y compris le fonds en euros de l’assurance-vie.
La collecte nette sur le Livret A a reculé en mai dernier mais elle reste dynamique.
La collecte nette sur le Livret A a reculé en mai dernier mais elle reste dynamique. (Crédits : Dado Ruvic)

Le taux du Livret A doublera bien au 1er août pour atteindre 2%, et celui du Livret d'épargne populaire (LEP) grimpera à 4,6%, a annoncé jeudi le ministre de l'économie Bruno Le Maire, entérinant ainsi la proposition faite par le gouverneur de la Banque de France. « Sur le Livret A comme sur le LEP, nous avons fait le choix de suivre les recommandations du gouverneur de la Banque de France », a expliqué jeudi le locataire de Bercy au quotidien Le Parisien.

François Villeroy de Galhau avait transmis à Bercy, comme il est d'usage chaque semestre, sa proposition de doubler le taux du Livret A. Mercredi, au micro de France Info, le gouverneur de la Banque de France avait soufflé : « C'est possible » à propos de cette hausse, sachant que la décision finale revient à Bercy.

Par ricochet, le taux du Livret d'épargne populaire (LEP), réservé aux ménages modestes mais que beaucoup ne possèdent pas, va passer de 2,2% à 4,5%, ce qui représente une rémunération exceptionnelle pour une épargne liquide, proche de l'inflation (5,8% en juin).

Pas de coup de pouce

La dernière hausse du Livret A remonte au 1er février dernier lorsque ce taux a été remontée de 0,5% à 1%. Le gouvernement avait alors donné un petit coup de pouce à l'épargne des Français, alors que la recommandation de la Banque de France, basée sur la formule de calcul de révision semestrielle du taux (moyenne arithmétique des taux à court terme et de l'inflation) portait sur un taux de 0,8%.

Cette dérogation à la formule avait été justifiée par les prévisions de hausse des prix qui auraient de toute façon entraîné une nouvelle hausse du taux au 1er août. Cette fois-ci, pas d'effort supplémentaire, mais l'application stricte de la formule qui, selon les estimations du Cercle de l'Epargne, aboutit à un taux de 1,94%, soit avec l'arrondi, 2%, c'est son plus haut niveau depuis dix ans.

Au-delà de la formule, la fixation du taux reste toujours un geste politique de haute voltige où Bercy doit arbitrer entre la protection de l'épargnant, le coût de la ressource pour le financement du logement social et l'équilibre des bilans bancaires, mais aussi le souhait de relancer la consommation. Premier impact de l'inflation ou désir de vacances, la collecte nette a été, en mai, en retrait à 1,37 milliard d'euros, selon les chiffres de la Caisse des dépôts publiés ce mercredi, ce qui porte les encours à près de 360 milliards d'euros.

Vers de nouvelles offres, plus attractives

Pour les collecteurs d'épargne, le taux du Livret A joue un rôle de taux directeur pour une large gamme de produits d'épargne, comme les livrets bancaires, mais aussi pour des produits de long terme, comme le fonds en euros de l'assurance-vie. Difficile en effet, du point de vue commercial, de proposer à un assuré un taux servi sur le fonds en euros inférieur à celui du Livret A ! « Il est très inhabituel qu'un produit court et très liquide soit mieux rémunéré qu'un produit long », note Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Epargne.

« Il faut éviter de créer des distorsions sur le Livret A mais aussi se préparer à l'hypothèse où l'inflation rebaisse dans les prochains mois », estime un banquier qui redoute des hausses et baisses à répétition. En clair, il est toujours plus facile d'augmenter les taux du Livret A que de les baisser.

Cette hausse du taux du Livret A donne ainsi le coup d'envoi à de nouvelles offres plus attractives sur les livrets bancaires. Ce sont surtout les établissements spécialisés dans le crédit, toujours en quête de diversification de leurs ressources, qui mènent pour l'instant l'offensive commerciale, comme PSA Banque avec son livret Distinguo.

Mais les banques traditionnelles devraient suivre le mouvement pour maintenir leur offre d'épargne compétitive, d'autant qu'elles regorgent de dépôts à vue qui pourraient vite partir vers des supports mieux rémunérés. Et même si cela a un coût, il est en partie compensé par la hausse de leur marge sur intérêt.

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Commentaires 4
à écrit le 19/07/2022 à 16:16
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Naïveté des Français, tellement ignares en économie...et qui ne voient pas que nos gouvernants ont trouvé la "parade" pour financer les multiples largesses faites ces derniers temps aux consommateurs en leur faisant croire qu'ils ne leur reprennent r...

à écrit le 17/07/2022 à 19:42
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Quand La Tribune relaie la propagande du Gouvernement. Le taux du Livret A à 2% avec une inflation officielle (celle bricolée par l'INSEE) à 6% cela représente une perte de 200 euros/an pour les ménages qui ont une épargne de 5 000 euros! Voilà com...

à écrit le 14/07/2022 à 18:03
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Avec une inflation à 6%, un taux nominal de 2% (Livret A) signifie une rémunération réelle négative de -4% ; un taux nominal de 4,5% (LEP), une rémunération réelle négative de -1,5%... Et il faudrait parler de "rémunération exceptionnelle" ?!

à écrit le 13/07/2022 à 19:03
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La question importante porte sur le taux réel : taux du livret A -taux d'inflation. Avec une inflation instantanée à plus de 5%, on est à 3%. Où est l'esprit du livret A ? Protéger contre l'inflation, une promesse neutralisée ? Ou pire, définit...

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