La nouvelle présidente de l’AMF veut accroître la notoriété de l’Autorité en charge des marchés financiers

Marie-Anne Barbat-Layani, haut fonctionnaire qui a longtemps évolué dans le monde bancaire, a été officiellement nommée présidente de l’Autorité des marchés financiers (AMF), par décret présidentiel, après le feu vert des parlementaires. Elle devra convaincre de l’indépendance de cette autorité chargée de surveiller les acteurs financiers faisant appel à l’épargne et de protéger les épargnants, mieux s’adresser au public, notamment le plus jeune, et accompagner les innovations qui bouleversent le monde de la finance, notamment l’essor des cryptoactifs.
Marie-Anne Barbat-Layani, haut-fonctionnaire, ancienne du Trésor, connaît parfaitement les rouages de la finance et de la banque.
Marie-Anne Barbat-Layani, haut-fonctionnaire, ancienne du Trésor, connaît parfaitement les rouages de la finance et de la banque. (Crédits : Reuters)

C'est officiel. Par décret du Président de la République, en date du 26 octobre, Marie-Anne Barbat-Layani est nommée présidente de l'Autorité des marchés financiers. Elle succède ainsi à Robert Ophèle dont le mandat venait à expiration le 31 juillet dernier. C''est la première fois qu'une femme est nommée à la tête de cette autorité de supervision.

En revanche, son parcours professionnel apparaît totalement conforme au profil du haut fonctionnaire naviguant dans le monde de la finance. Enarque, inspectrice des Finances, elle occupe, après son passage au Trésor, de hautes fonctions au Crédit Agricole, avant de diriger la Fédération bancaire française (FBF) de 2014 à 2019 pour finalement revenir dans la haute fonction publique, au secrétariat général des ministères économiques et financiers (sic).

La nouvelle présidente connaît donc sur le bout des doigts de la monde la finance. C'est d'ailleurs ce que certains lui reprochent. Selon Les Echos, Thierry Philipponnat, fondateur de l'ONG Finance Watch, vient de démissionner du collège de l'AMF, après huit années de service, dont l'indépendance de cette autorité administrative pouvait être remise en cause avec cette nomination. Autrement dit, nommer à la tête d'un superviseur un ancien supervisé n'est de pas de nature à garantir l'indépendance de l'autorité administrative, explique-t-il en substance.

Mieux s'adresser au public

Cette question d'un éventuel conflit d'intérêts a d'ailleurs été soulevée lors des auditions de Marie-Anne Barbat-Layani devant les parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat. La haut-fonctionnaire a alors rappelé que les décisions de l'AMF n'étaient jamais prises par une seule personne, mais par un collège d'experts qui reflète une grande diversité d'intérêts. Une argumentation qui a d'ailleurs moyennement convaincu les parlementaires.

Sa première mission à la tête de l'AMF sera d'accroître la notoriété de l'institution, notamment auprès du public. « Lorsque vous tapez AMF sur Google, vous tombez sur l'Association des maires de France », avait-elle ainsi regretté auprès des parlementaires, selon l'AFP.

Lors de ces auditions, la nouvelle présidente a beaucoup insisté sur la nécessité de dépasser le caractère par essence très technique de la mission de l'AMF - superviser les acteurs qui font appel public à l'épargne et protéger les épargnants - pour mieux s'adresser au grand public, notamment les jeunes qui semblent de plus en plus attirés par les produits financiers, notamment les cryptomonnaies, et donc de plus en plus exposés aux fraudes et arnaques diverses qui pullulent sur les réseaux sociaux. L'AMF doit ainsi se faire respecter par les professionnels - faire peur et frapper fort, comme pourrait le faire une SEC à New York - et faire  preuve de pédagogie envers le public.

L'AMF devra également suivre, voire être à la pointe, des innovations qui secouent continuellement le monde de la finance. Elle aura montré un certain savoir-faire en la matière lors du mandat de Robert Ophèle, notamment dans le domaine des cryptos, voire même faire preuve de réactivité en adaptant rapidement la réglementation aux SPACs, ces véhicules d'investissement venus des Etats-Unis et qui ont connu en 2020 un certain succès (le soufflé est vite retombé cependant). Car derrière la supervision, il y a un enjeu de compétitivité entre les différentes places financières en Europe.

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