Le bitcoin s'envole pendant que les banques américaines angoissent

Durcissement monétaire face à l'inflation... ou assouplissement sur les taux face aux risques de faillites bancaires ? Dans ce climat d'hésitation émanant de la Réserve fédérale américaine et de peur de contagion suite à la faillite de la Silicon Valley Bank, le bitcoin tire son épingle du jeu. Le jeton décentralisé a atteint un record en neuf mois. L'actif numérique a pris plus de 30% depuis vendredi soir, surmontant, pour l'instant, le grand nettoyage qui risque de se poursuivre dans le secteur naissant de la finance décentralisée.
Jeanne Dussueil
Le bitcoin reste toutefois en baisse de plus de 60% par rapport à son sommet absolu atteint fin 2021 à 68.992 dollars.
Le bitcoin reste toutefois en baisse de plus de 60% par rapport à son sommet absolu atteint fin 2021 à 68.992 dollars. (Crédits : DADO RUVIC)

Les banques américaines pâlissent, le bitcoin résiste. La doyenne des cryptomonnaies fait mieux que de se relever, suite au retentissant scandale de la plateforme FTX : sur une semaine, à contre-courant du capital-risque américain secoué par la faillite de la Silicon Valley Bank, le jeton décentralisé a gagné près de 17%. Il retrouve ce mardi 14 mars des niveaux similaires à ceux de décembre 2020, avant la crise Covid qui lui avait fait connaître son apogée. Surfant sur une croissance de +7%, c'est aussi un record en neuf mois.

Après l' « hiver des cryptos » qui a fait chuter son cours de plus de 64% en 2022, pénalisé par la fin de « l'helicopter money » et la fin du risque, le bitcoin s'échangeait mardi à près de 26.000 dollars l'unité (+30% depuis vendredi soir). De quoi faire démentir les pronostics des banques centrales qui envisageaient une disparition progressive de la cryptomonnaie la mieux valorisée.

Cette fois-ci, l'actif qui s'échange via la blockchain réputée sécurisée, instantanée et inviolable profite, par contraste, de la crise d'angoisse qui sévit sur le marché du capital-risque américain, et plus spécifiquement sur le marché obligataire qui pâtit du durcissement monétaire opéré par la Fed. Dès lors, tous craignent l'effet contagion après le premier « bank run » (retraits massifs des épargnants) au sein de la Silicon Valley Bank (SVB). La banque qui finançait les levées de fonds des startups outre-Atlantique est en faillite. Et les établissements américains s'inquiètent du sort des dépôts de SVB, dont seuls 4% des 170 milliards de dollars détenus au total sont couverts par un mécanisme de garantie.

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Les raisons du retour de la confiance

Or, le bitcoin, en plus d'être un produit spéculatif comme les milliers de crypto-actifs créées, se présente aussi comme une alternative de financements pour attirer des investisseurs sur des projets technologiques. La confirmation du retour en grâce pourrait aussi se faire par l'intermédiaire de son plus célèbre fan, Elon Musk, qui n'exclut pas d'intégrer le jeton aux échanges de la plateforme Twitter qu'il a repris dans son giron.

Aussi, après s'être prononcée pour un nouveau relèvement des taux pour éteindre l'incendie de l'inflation, face aux craintes du monde bancaire, la Réserve fédérale américaine (Fed) réfléchirait à calmer le jeu, et à baisser son taux directeur.

Surtout, la Fed et le Trésor américain ont finalement garanti les dépôts des banques en faillite. Un scénario faisant écho à la crise de 2008 qui avait vu naître, un an plus tard, le protocole Bitcoin, en réaction à la politique de la planche à billets source d'inflation et d'instabilité, selon les défenseurs de l'actif numérique.

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Un nettoyage en cours

Pourtant les entreprises des crypto-monnaies sont elles aussi les victimes collatérales du durcissement monétaire. A l'image de la Signature Bank, une des banques préférées du secteur des cryptos, qui a également mis dimanche la clef sous la porte, quelques jours après Silvergate, autre établissement prisé des adeptes.

Ce weekend, l'USDC, une cryptomonnaie dite stable car censée être indexée sur le dollar, a vu son cours chahuté car son émetteur, Circle, a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars dans les caisses de la banque en faillite SVB.

En réalité, malgré les scandales et les nombreuses critiques, le bitcoin reprend régulièrement sa place comme un placement alternatif face à l'inflation que les banques centrales peinent à refluer partout dans le monde.

Déjà il y a un mois, il avait atteint son plus haut niveau en six mois (24.800 dollars), porté, comme d'autres actifs jugés risqués, par l'amélioration des perspectives économiques et par l'apaisement des craintes sur la régulation du secteur des cryptos. Un analyste anticipait alors : « le prochain grand test se situe autour de 24.500 à 25.500 dollars, une rupture de ce seuil pourrait convaincre les derniers sceptiques que l'avenir est radieux », selon Craig Erlam, analyste senior chez Oanda, cité par l'agence Reuters. C'est désormais chose faite.

Le bitcoin reste toutefois en baisse de plus de 60% par rapport à son sommet absolu atteint fin 2021, à 68.992 dollars.

Jeanne Dussueil

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