Le CAC 40 poursuit son ascension vers son pic de 2007

Le CAC 40 a gagné plus de 10% depuis le début de l'année, affichant l'une des meilleures performances boursières dans le monde. Il se rapproche du pic de 2007 à 6.168 points, mais reste encore loin du sommet historique de 2000 à 6.922 points.
La rotation sectorielle en faveur des valeurs cycliques et au détriment des valeurs de croissance a particulièrement,profité à l'indice phare de la Place de Paris.
La rotation sectorielle en faveur des valeurs cycliques et au détriment des valeurs de croissance a particulièrement,profité à l'indice phare de la Place de Paris. (Crédits : LT)

L'indice phare de la place parisienne poursuit son ascension. Le CAC 40 a ainsi terminé la séance de mardi à 6.131 points, à quelques encablures de son pic de juin 2007 (6.168 points), avant les premiers craquements annonciateurs de la pire crise financière depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais comparaison n'est pas raison. Certes, les politiques monétaires ultra-accommodantes des banques centrales ont artificiellement gonflé le prix de certains actifs, comme les valeurs de croissance ou de technologie.

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Mais ces dernières se sont réajustées ces dernières semaines. La multiplication de mini-crises financières pourrait également alerter sur le risque de bulles financières. Mais tant la faillite retentissante de Greensill, spécialisé dans l'affacturage « inversé » que les déboires du fonds d'investissement Archegos Capital, dont l'effet de levier excessif devrait coûter des milliards de dollars à des poids lourds de la finance, comme Crédit Suisse et Nomura, n'ont pas le caractère systémique que pouvait avoir, en 2007, la démultiplication de produits financiers complexes à base de créances immobilières pourries.

Des ressorts à la hausse plus tangibles

Finalement, les ressorts de la dynamique de hausse du CAC 40, et dans une moindre mesure des places européennes, apparaissent plus tangibles. Tout d'abord, il y a un effet de base. En 2020, la crise sanitaire a particulièrement frappé de nombreux secteurs de la cote, souvent surpondérés dans l'indice CAC 40 par rapport aux autres grands indices, notamment américains.

Les sociétés foncières, les banques ou le groupe pétrolier Total ont perdu énormément de valeur, avec des baisses de 20 à 40 %. En revanche, le secteur du luxe, de la santé et certaines valeurs industrielles ont bien amorti le choc. Mais jamais l'écart de valorisation entre les valeurs de croissance et les valeurs cycliques n'a été aussi important qu'en 2020. L'effet de rattrapage était donc attendu dès les prémisses d'une reprise économique.

Une rotation sectorielle qui profite au CAC 40

L'annonce de l'arrivée des vaccins a provoqué une rotation sectorielle, qui s'est accélérée à partir de février,qui a particulièrement bien profité au CAC 40 compte tenu de sa composition. De fait, les secteurs value ont gagné une partie du terrain perdu, comme en témoigne le rally sur les banques, et les secteurs plutôt défensifs, comme le luxe, se sont bien maintenus malgré tout. Au total, le CAC 40 gagne plus de 10 % depuis le début de l'année, signant l'une des meilleurs performances boursières dans le monde.

Tous secteurs confondus, exceptées les stars américaines du Nasdaq, ont finalement profité de cette embellie boursière. L'aversion au risque des investisseurs est en effet faible et les flux entrants sur les fonds actions sont largement positifs, au détriment des fonds obligataires dont les performances sont sous pression avec la remontée des taux longs aux Etats-Unis.

Liquidités abondantes

Ce mouvement de hausse des indices boursiers devrait continuer de profiter des liquidités abondantes sur les marchés; dont seule une infinitésimale fraction se tourne vers des actifs hautement spéculatifs, comme les cryptomonnaies, nouveau "dada" de l'épargnant américain. D'autant qu'en France, un surplus d'épargne, estimé à 160 milliards d'euros d'ici la fin de l'année par la Banque de France, attend d'être réinvesti en partie en actions, voire dans l'immobilier. En effet, seuls les français les plus aisés ont accumulé cette épargne et leurs besoins de consommation sont, par nature, plus faibles que la moyenne des ménages.

Des indicateurs au vert

Enfin, malgré les ratés européens de la campagne de vaccination, les indicateurs macroéconomiques sont plutôt au vert, sans parler des résultats annuels des grandes sociétés cotées, globalement meilleurs qu'attendu.

Les indicateurs PMI manufacturiers sont notamment en hausse, ce qui laissent présager d'un rebond de l'activité en sortie de crise sanitaire. Mieux, le Fonds monétaire a révisé, ce mardi, à la hausse ses prévisions de croissance mondiale à 6 %en 2021, contre 5,5% en janvier. Or, les valeurs du CAC 40 sont essentiellement des grandes entreprises très tournées vers l'international et elles devraient profiter structurellement de ce rebond.

Enfin, même si la reprise escomptée est déjà intégrée dans les cours de Bourse, certains secteurs particulièrement massacrés l'an dernier, comme le transport aérien et l'aéronautique, le tourisme ou l'hôtellerie, recèlent toujours un potentiel de hausse, dans l'hypothèse d'un retour « à la normale » des modes de consommation. C'est du moins ce qu'indique la reprise de la consommation en Chine. Les banques également, toujours largement décotées, pourraient poursuivre leur rattrapage, surtout à l'aune d'une repentification de la courbe des taux (taux longs plus élevés que les taux courts).

Un ciel pas totalement dégagé

Dès lors, peut-on espérer un CAC 40 au-dessus des 6.200 points dans les prochains jours ? L'hypothèse n'est plus exclue. Pour autant, le ciel n'est pas totalement dégagé. La valorisation des actions européennes commence à être élevée, particulièrement sur le CAC 40. Par conséquent, son potentiel de hausse apparaît dès lors plus limité, en l'absence de nouveaux catalyseurs.

Mais ce sont surtout les Etats-Unis qui inquiètent. L'annonce d'un nouveau plan d'investissement de 2.200 milliards de dollars, financé certes par des hausses d'impôts sur les sociétés, en plus du plan « covid » de soutien à la consommation de 1.900 milliards de dollars, risque de faire repartir à toute vitesse la machine productive américaine, les taux longs et le dollar ! Autant d'attraits qui pourraient réorienter les flux financiers aux Etats-Unis au détriment de l'Europe, qui se débat toujours sur les modalités de son plan de relance. La Banque centrale européenne se déclare consciente de ce risque de déconnexion des deux grandes économies mais sa marge de manœuvre est mince. Ce retour du balancier risque alors de peser sur la performance des actions européennes et françaises dans les prochains mois.

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Commentaires 8
à écrit le 07/04/2021 à 10:10
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N'est-ce pas le moment d'encourager l'actionnariat populaire et d'aspirer cette épargne improductive? La hausse des cours se fait dans des volumes faibles, ce qui ne me parait pas rassurant en période de reprise hésitante.

à écrit le 07/04/2021 à 10:04
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De plus en plus déconnectée de l'économie réelle, on peut même parler de détachement total maintenant non ? Et de ce fait plus d'intérêt de parler de ce truc au final, si ce n'est pour continuer de constater que notre classe dirigeante est totalemen...

le 07/04/2021 à 11:53
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En quoi est-ce déconnecté de l'économie réelle ? Cela signifie que la valorisation en Bourse des 40 plus grandes entreprises françaises n'a pas augmenté entre 2007 et aujourd'hui, soit en 24 ans (nonobstant le fait que la composition du CAC40 à un p...

à écrit le 07/04/2021 à 9:33
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C'est logique, puisque les problèmes sont règlés..., Ou alors, on nous expliquera la suite et ce qui nous attends après, il est préférable de prendre du recul pour prendre de bonnes décisions.

à écrit le 07/04/2021 à 3:28
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Avec ce qui s'annonce, le soufflet va vite retomber.

à écrit le 06/04/2021 à 19:53
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Le CAC compartiment A, le CAC A!

à écrit le 06/04/2021 à 19:45
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La France a accepté de sacrifier ces vieux pour cette courbe.

à écrit le 06/04/2021 à 19:39
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Pas pour longtemps, attendez et regardez ce qui est à l’horizon, plus trop loin.

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