Les marchés actions profitent d’une détente sur les taux

Selon le nouvel adage des marchés financiers, « les mauvaises nouvelles sont les bonnes nouvelles », les premiers signes de la récession à venir ont permis aux taux de refluer et donc de donner aux actions un nouvel élan. Le discours de la BCE s’est d’ailleurs montré moins agressif sur la poursuite de la politique de resserrement monétaire. Dans ce contexte, le CAC 40 à Paris résiste plutôt mieux qu’ailleurs et se rapproche des 6 .300 points. Sur le seul mois d’octobre, le CAC 40 a gagné près de 9%.
L'indice parisien CAC 40 a gagné près de 9 % sur le mois d'octobre.
L'indice parisien CAC 40 a gagné près de 9 % sur le mois d'octobre. (Crédits : Reuters)

Les marchés actions résistent malgré les alertes de plus en plus aiguës sur les risques de récession. Mais, aujourd'hui, les mauvaises nouvelles sur le front économique sont de bonnes nouvelles pour les marchés. Étrange paradoxe qui illustre parfaitement à quel point c'est désormais l'évolution des taux qui dicte la conduite des marchés actions. Il suffit d'un mauvais chiffre sur un indicateur d'activité ou de chômage pour que les taux baissent et les actions remontent. D'autant que le discours de la Banque centrale européenne (BCE) dans la foulée de sa décision, jeudi, de remonter, comme prévu, ses taux directeurs de 75 points de base, s'est légèrement adouci.

« La BCE était un peu plus relax que d'habitude », résume un gérant obligataire. Après deux hausses de 75 points de base de ses taux directeurs (le taux de refinancement est désormais de 2%, proche du taux neutre), la banque centrale a laissé entendre que la prochaine hausse de décembre ne serait pas forcément de 75 points de base également. « Nous ne sommes pas abonnés à ce qu'on a appelé des hausses jumbo », a d'ailleurs déclaré, vendredi, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, au cours d'une interview dans l'émission en ligne Ecorama, affirmant que les gouverneurs de l'institution ne sont « en rien obligés lors de notre prochaine réunion de reproduire la hausse à 75 points de base que nous avons (décidée) en septembre puis en octobre ».

Marché obligataire sous pression

Aux Etats-Unis, de plus en plus d'investisseurs manifestent l'espoir que le pic d'inflation est atteint, ce qui pourrait également provoquer une inflexion dans la politique monétaire américaine, lors de la prochaine réunion de décembre.

Reste que le marché obligataire reste tendu, avec une très forte volatilité sur les taux souverains, et un spread de crédit (écart de rendement par rapport au taux sans risque du Bund allemand) de 130 points de base sur la dette de qualité investment grade, soit finalement à un niveau assez proche d'un spread constaté lors d'une récession (150 points de base). Bref, pour les investisseurs, une grande partie de la hausse des taux est désormais derrière. Ce qui soulage mécaniquement les actions, notamment les valeurs de croissance.

Mais les marchés actions sont loin de la capitulation. Au contraire. Les indices boursiers reviennent à leurs niveaux de l'été, malgré la succession de hausses des taux, des niveaux d'inflation élevés et des tensions toujours persistantes sur les prix de l'énergie (soulagées, il est vrai, par un automne particulièrement doux).

Un CAC 40 résilient

Ainsi, le CAC 40, l'un des indices européens qui s'en sort le mieux, compte tenu notamment du poids de TotalEnergies et du secteur du luxe dans l'indice, flirte à nouveau avec les 6.300 points, et ne cède finalement que 8% sur un an (un an, c'est le monde d'hier). Il gagne même près de 9 % sur le seul mois d'octobre. De fait, jusqu'ici, les marchés actions ont échappé à la capitulation, malgré ce resserrement monétaire particulièrement brutal.

La Bourse a été également porté ces derniers jours par des résultats trimestriels moins catastrophiques que prévu, même s'il existe une grande dispersion des performances selon les secteurs. Aux Etats-Unis, le secteur de la Tech a été notamment durement touché, à l'exception, notable, d'Apple. A Paris, certains groupes, comme Sanofi, se sont même payés le luxe de revoir à la hausse leurs objectifs de croissance des bénéfices. Les plus fortes baisses sont souvent des titres qui ont beaucoup montés avant la publication.

Toutefois, il est difficile de se réjouir et de prévoir une fin d'année plus calme sur les marchés, même si les valorisations sont devenues plus attractives. Pour permettre aux marchés de réellement rebondir, il faut un catalyseur. Or, l'Europe va certainement souffrir, avec une forte probabilité de récession, et le manque de visibilité devrait perdurer. Seule une véritable inflexion des politiques monétaires pourrait donner un nouvel élan aux actions. Mais les banquiers centraux ont prévenu : la lutte contre l'inflation sera longue.

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