Macron ou Le Pen ? Le match laisse la Bourse indifférente

Le CAC 40 semble se jouer de la campagne présidentielle. Alors que les nuages macroéconomiques s’accumulent, malgré un début de saison de publication de résultats d’entreprises plutôt rassurant, les marchés donnent pour acquis une réélection d’Emmanuel Macron pour se concentrer sur les nouveaux risques, comme la stagflation ou la remontée des taux. En attendant, l’indice phare de la Bourse de Paris revient sur ses plus hauts depuis un mois.
Le CAC 40 revient sur ses plus hauts depuis un mois.
Le CAC 40 revient sur ses plus hauts depuis un mois. (Crédits : Regis Duvignau)

La Bourse est généralement peu influencée par la politique. Elle n'aime tout simplement ni les surprises ni les changements. C'est donc avec un certain soulagement que les marchés ont accueilli les résultats du premier tour de l'élection présidentielle qui a remis en selle la finale Macron/Le Pen de 2017.

La volatilité sur les actions a reflué, l'écart de taux entre le taux français à 10 ans et celui du Bund allemand s'est réduit pour se stabiliser autour de 50 points de base et l'euro a repris des couleurs.

Même les derniers sondages, qui prédisent un match plus serré que prévu entre les deux finalistes, ne se traduisent pas par une hausse significative de la volatilité. Si les marchés ne votent pas, il est clair que les investisseurs seraient néanmoins plus rassurés par une victoire d'Emmanuel Macron que par un succès de Marine Le Pen.

Tout, dans son programme, est de nature à créer un mouvement de défiance, même si son changement d'opinion sur l'euro a dissipé bien des craintes : la limitation de la circulation des personnes, la préférence nationale, une forte hausse des dépenses publiques, un chiffrage approximatif de son programme économique. Sans parler du risque toujours possible d'un « Frexit ».

Inversement, la relative orthodoxie économique d'Emmanuel Macron, son parcours aussi, est de nature à rassurer les marchés. Ce qui compte avant tout, pour les marchés, c'est bien la latitude laissée aux entreprises à faire des affaires et à dégager des profits. C'est pourquoi, aux Etats-Unis, l'anxiété à Wall Street liée à l'élection surprise de Donald Trump avait vite été balayée par l'annonce de baisses massives d'impôts sur les entreprises.

Focus sur les résultats... des entreprises

En réalité, l'attention de la Bourse est ailleurs. Elle suit avant tout le durcissement de la politique monétaire des banques centrales, la Réserve fédérale en premier lieu, confrontées à un réel choc inflationniste. Elle redoute ensuite un ralentissement économique beaucoup plus prononcé que prévu sous l'effet du conflit en Ukraine et du prix des matières premières (+25% depuis le début de l'invasion russe), voire un scénario de stagflation dans les prochains mois.

Enfin, elle s'attend à une révision des perspectives de croissance des résultats des entreprises, même si, pour l'heure, la saison des résultats trimestriels commence plutôt sous de bons augures. Les indices boursiers sont clairement portés par des publications en ligne ou au-dessus du consensus, comme Nestlé - globalement, les groupes qui disposent d'avantages concurrentiels et donc d'un « pricing power » (capacité à répercuter la hausse des prix). Mais chacun sait qu'un pic des profits a été atteint en 2021. « L'environnement macroéconomique incite à la prudence », résument les analystes de marché d'Edmond de Rothschild.

Sous les radars de la Bourse

L'actualité des marchés est tellement dense que cette campagne présidentielle est largement passée sous les radars de la Bourse. Pour preuve, l'indice CAC 40 n'a pratiquement pas bougé au lendemain des résultats du premier tour, alors qu'il avait bondi de 4% cinq ans auparavant à l'annonce de l'arrivée en tête d'Emmanuel Macron. Et sur un mois glissant, le CAC 40 s'est plutôt mieux comporté (+3%) que la plupart des indices européens (1,8% pour l'Euro Stoxx 50 ou -4% pour le Stoxx 600), ce qui témoigne d'une certaine résilience des investisseurs internationaux à l'égard de la France. Comme si l'élection présidentielle était un non-évènement ou qu'une défaite d'Emmanuel Macron n'était pas réellement envisagée.

Les marchés aiment les chiffres et se confortent aisément aux sondages. Pas un seul ne donne Marine Le Pen gagnante. Mieux, selon le baromètre de The Economist, très suivi sur les marchés, les probabilités donnent, au 21 avril, une réélection d'Emmanuel Macron à 94%, contre 6% pour Marine Le Pen.

Reste le « troisième tour », celui des élections législatives. « Au-delà du second tour de l'élection présidentielle, le scrutin législatif, qui devrait se dérouler dans trois mois, sera clef », prévient Kevin Thozet, membre du comité d'investissement de Carmignac. L'effondrement des partis traditionnellement forts dans les territoires (PS et LR) laisse en effet ouvert de nombreux scénarios. Ce qui laisse présager, après le second tour, une nouvelle phase de fébrilité... en pleine période de publications de résultats.

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Commentaires 4
à écrit le 22/04/2022 à 23:53
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Seules les élections américaines comptent. Ce sont les USA qui font la pluie et le beau temps sur la planète.

à écrit le 22/04/2022 à 6:40
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E. Prenant position, la tribune a défaut ou en complément de la bourse devient un organe d'opinion. Maintenant, en refusant une rupture idéologique, la presse hexagonale ne prend pas un risque mais encourage la guerre civile, car chacun le sait il n'...

à écrit le 22/04/2022 à 5:11
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"Business as usual" , qui peut croire que le résultat est déjà connu ?

à écrit le 21/04/2022 à 21:14
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D'un côté un de leur serviteur direct de l'autre l'extrême droite avec laquelle ils ont fait tant de fric autrefois, ils ont déjà gagné.

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