La remontée des taux obligataires fait trembler les Bourses

Face à une inflation "extraordinairement élevée" aux Etats-Unis, la Banque centrale américaine est prête à durcir sa politique, ce qui commence à relever les taux d'intérêt des emprunts d'Etat. En Europe aussi, les banques centrales vont se retrouver face à dilemme : choisir entre garder des politiques monétaires ultra-accommodantes, au risque de voir l'inflation s'installer durablement, ou remonter leurs taux, ce qui pèse sur la capacité d'emprunts des Etats... comme des entreprises et des ménages.
Si les Etats ne sont plus en capacité d'emprunter à bons prix, les entreprises et les foyers vont en subir les conséquences.
Si les Etats ne sont plus en capacité d'emprunter à bons prix, les entreprises et les foyers vont en subir les conséquences. (Crédits : BRENDAN MCDERMID)

La flambée des prix de l'énergie et l'inflation persistante qu'elle entraine commence à peser sur le marché obligataire. A la veille des chiffres de l'inflation aux Etats-Unis, qui s'annoncent stratosphériques, Wall Street a fini en baisse lundi (le Nasdaq à -2,18% et le Dow Jones à -1,19%), la hausse continue des rendements obligataires ayant pesé sur les grandes valeurs de croissance. Si les Etats ne sont plus en capacité d'emprunter à bons prix, les entreprises et les foyers vont en subir les conséquences.

La tension sur le marché obligataire a été "le plus gros facteur ayant nui au marché boursier, car nous avons vu le Nasdaq mener la baisse", a indiqué Karl Haeling directeur pour les marchés des capitaux chez LBBW à New York.

Inflation contre emprunts d'Etats

Partout, les rendements des emprunts d'Etat continuent de grimper avec la crainte d'un emballement de l'inflation susceptible d'entraîner un resserrement monétaire de plus grande ampleur aux Etats-Unis. "Nous nous attendons à ce que l'inflation CPI (indice des prix à la consommation, ndlr) en mars soit extraordinairement élevée en raison de la hausse des prix causée par (Vladimir) Poutine", a indiqué Jen Psaki lors de son point presse quotidien.

Elle a précisé que la Maison Blanche s'attendait à observer une "grande différence" entre le chiffre général de l'inflation et celui de l'inflation dite "sous-jacente", qui exclut les prix de l'énergie et de l'alimentation, ceux-là mêmes qui ont bondi depuis l'invasion russe de l'Ukraine.

L'inflation ne devrait pas ralentir avant plusieurs mois, alertent les économistes. Le consensus Reuters table sur une hausse des prix à la consommation aux Etats-Unis de 8,4% en rythme annuel en mars, ce qui représenterait la plus forte hausse de l'indice depuis janvier 1982.

La banque centrale américaine (Fed), pour y faire face, a commencé mi-mars à relever ses taux directeurs, ce qui accroît le coût du crédit et doit donc ralentir la consommation et l'investissement pour alléger la pression sur les prix.

La confiance s'érode

La Fed a aussi averti qu'elle allait continuer à resserrer sa politique monétaire dans les mois à venir. Relever les taux directeurs pousse en effet les banques commerciales à proposer des taux d'intérêt plus élevés pour les crédits accordés à leurs clients, pour l'achat d'une maison, d'une voiture, ou encore d'une télévision, par exemple.

Mais la confiance continue de s'éroder. Les taux sur les bons du Trésor américain à 10 ans ont grimpé à 2,78% contre 2,70% à la dernière clôture. C'est leur plus haut niveau depuis janvier 2019.

Fin mars, en France, le taux d'intérêt des emprunts de l'État français à 10 ans a dépassé la barre des 1% pour la première fois depuis février 2018. Au début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui avait provoqué une ruée des investisseurs vers les obligations, actifs considérés comme moins risqués. Sur le marché de la dette, les taux d'intérêt évoluent en sens inverse du prix des obligations.

En Allemagne, l'inflation harmonisée aux normes européennes (IPCH) a atteint son plus haut niveau en plus de 40 ans, à 7,6% sur un an en mars, selon les chiffres définitifs publiés par Destatis.

De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) va tenter jeudi de clarifier sa réponse au casse-tête qui associe inflation galopante et craintes d'une récession liée à l'Ukraine.

Aussi, le pétrole a fortement chuté lundi pour terminer sous la barre des 100 dollars le baril, plombé par un confinement en Chine qui pèse sur la demande mondiale.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a perdu 4,18% à 98,48 dollars.

L'euro avançait légèrement (+0,06%) face au dollar américain, à 1,0884 dollars, s'éloignant un peu de son plus bas en un mois atteint vendredi.

Enfin, le bitcoin, fortement corrélé aux valeurs technologiques cotées à Wall Street cédait 6,22% à 40.442 dollars.

(Avec agences)

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Commentaires 6
à écrit le 13/04/2022 à 9:29
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Non ça c'est parce qu'ils ont Parkinson !

à écrit le 13/04/2022 à 6:45
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A souligner que ce n'est pas Poutine qui est la cause de la hausse des prix mais la décision de nos gouvernements de tenter de mettre la Russie hors du circuit économique mondial, ce qui montre leur aveuglement vis à vis du poids de la Russie dans l'...

à écrit le 12/04/2022 à 14:57
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Bref c'est la pagaille dans la mondialisation heureuse...

à écrit le 12/04/2022 à 14:31
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Je croyais que le mandat de la BCE était de maintenir une inflation de moins de 2 % ce qui n'est plus du tout le cas : nous aurait-on menti ?

à écrit le 12/04/2022 à 14:16
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Amusant de voir que la BCE ne fait rien pour lutter contre l'inflation (et s'en vante même : voir la sortie de Lane et de son collègue italien la semaine passée) ... mais que tout le monde s'en fout: les taux s'envolent quand même.

à écrit le 12/04/2022 à 10:58
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La guerre en Ukraine et ses sanctions contre la Russie va se retourner essentiellement contre les USA, l'UE, le DOLLAR, l'Euro, et globalement le capitalisme occidental qui n'est pas du tout bâti pour résister à une telle crise en rupture, par contre...

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