Ukraine : les Bourses européennes conservent leur sang froid

Après la chute de la veille, les principaux indices ont terminé la journée de mardi sur une note globalement stable. La crise ajoute de la volatilité aux marchés, mais sans les plonger dans un scénario noir. L’heure est plutôt à la consolidation prudente qu’à la correction. Les Bourses semblent d’ailleurs étrangement imperméables aux conflits armés ou aux fortes tensions géopolitiques.
L'indice boursier phare de la Place de Paris est resté stable au lendemain des déclarations de Vladimir Poutine sur l'Ukraine.
L'indice boursier phare de la Place de Paris est resté stable au lendemain des déclarations de Vladimir Poutine sur l'Ukraine. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Les conflits armés ont rarement empêché les Bourses de rebondir. La séance de mardi le démontre à nouveau. Après la forte tension hier sur les places européennes, au son du canon en Ukraine, l'annonce dans la soirée de lundi, par le président russe Vladimir Poutine, de la reconnaissance de l'indépendance de deux régions séparatistes d'Ukraine n'a pas provoqué un nouveau coup de torchon sur les places européennes.

Au terme d'une séance agitée, le CAC 40 s'est ainsi redressé après avoir plongé de 2 % en matinée, terminant sur un niveau stable par rapport à hier. De même, l'indice Stoxx des 600 premières capitalisations européennes n'a guère plus bougé. Même l'indice russe RTS a regagné 1,6 % mais il perd toujours près d'un tiers de sa valeur en trois mois. Les marchés américains sont en revanche orientés à la baisse après un week-end de trois jours.

Aversion au risque

« Nous étions déjà dans un scénario de plus forte volatilité des marchés. La situation actuelle en Ukraine ajoute encore un peu plus de volatilité, sans plonger pour autant les marchés dans un scénario catastrophique, loin de là », observe Benoît Peloille, stratégiste chez Vega Investments Managers. L'indice Vix de volatilité est actuellement autour de 30, contre une moyenne historique autour de 20. En revanche, la volatilité est plus forte sur les marchés des taux souverains, qui est davantage liée à la politique de resserrement monétaire de la banque centrale américaine qu'au conflit en Ukraine.

« Il y a cependant un changement de ton sur les marchés. La crise ukrainienne était perçue au début sous l'angle de la montée des prix des matières premières, dans un contexte déjà inflationniste. Nous observons depuis quelques jours que la question de la croissance et de l'aversion au risque commence à prendre le dessus, avec notamment une baisse des taux souverains », ajoute-t-il.

Les opérateurs se rassurent également sur le poids relativement modéré de la Russie dans l'économie mondiale pour ne pas anticiper un coup de frein à la croissance. Sauf, bien évidemment, en cas de conflit généralisé, auquel personne ne croit réellement.

Secteur pétrolier et bancaire

Avec une baisse de 5 % depuis janvier, la Bourse de Paris s'inscrit plus dans une logique de consolidation que de correction. Les gérants n'ont pas changé leur allocation et la prudence ou l'attentisme sont de mise. Deux secteurs seront particulièrement surveillés : les majors de l'énergie et les banques, toujours sensibles à une éventuelle crise financière en Russie, sous le coup de sanctions. Deux secteurs qui ont d'ailleurs porté la violente rotation sectorielle observé depuis décembre au détriment des valeurs de croissance.

Les valeurs les plus exposées à la Russie seront également très entourées. C'est le cas de Renault, principal actionnaire du constructeur automobile russe Avtovaz, de Danone, très présent en Russie, ou bien de Société Générale dont la filiale Rosbank est la première banque étrangère du pays. Cependant, l'exposition de la banque française à la Russie représente à peine 1,7% de l'exposition du groupe en cas de défaut. Rosbank reste également avant tout une banque domestique, avec peu de flux à l'international.

Quant à la question énergétique, même si le cours du Brent a légèrement grimpé à 97 dollars, le scénario de perturbations importantes dans les approvisionnements ne semble pas privilégié sur les marchés. Rappelons que l'Europe représente 40% des exportations russes de gaz et 50% des exportations de pétrole. Personne n'a véritablement intérêt à un blocage. En revanche, le prix du blé est sous tension.

Rebond après les conflits

Toutefois, les menaces demeurent pour les marchés. Une attaque de la Russie est toujours possible, ce qui pourrait accélérer une « fuite vers la qualité » et faire sensiblement baisser les taux souverains. Dans ce scénario, les prix de l'énergie pourraient à nouveau flamber, avec un impact sur l'inflation et contraindre les banques centrales à agir. C'est d'ailleurs le scénario de 2014 lors de l'annexion par la Russie de la Crimée avec une hausse des valeurs refuges, comme le bon du Trésor américain, le dollar, le yen et le franc suisse.

Reste que le mot d'ordre semble être : ne pas vendre dans la panique, selon le fameux adage boursier: « achetez au son du canon, vendez au son du clairon ».

« Les périodes de conflits sont davantage des scénarios de forte volatilité que des scénarios de forte baisse des marchés. Et chaque conflit des dernières années s'est traduit par un rebond des marché assez prononcé. C'est finalement assez contre intuitif », souligne Benoît Peloille.

Selon les données compilées par Ned David Research aux Etats-Unis, sur les 28 pires crises politiques survenues aux cours des 60 ans avant les attentats du 11 septembre, le Dow Jones était à un niveau plus élevé six mois après dans 19 cas. Au lendemain du 11 septembre, le Dow Jones a chuté de 17,5 % mais s'est redressé pour dépasser son niveau du 10 septembre le 26 octobre, soit six semaines plus tard.

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Commentaires 5
à écrit le 24/02/2022 à 6:04
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Bon ce matin les matières premières prennent entre + 3 à 5 %.. l'or & l'argent 2 % et n'ont toujours pas franchit les plus haut de 2020 ( covid ). Donc ne sont pas dans les cours ni l'impression monétaire monstrueuse, ni l'inflation, ni l' envahisse...

à écrit le 23/02/2022 à 9:31
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Quand je vous dis que les marchés financiers ne représentent plus qu'eux-mêmes et tant mieux que peu de citoyens se fassent avoir par les margoulins. On scrute et surveille une girouette pour savoir où aller. L'empire des faibles et des détraqués.

à écrit le 23/02/2022 à 8:52
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L'indice Russse certes en baisse mais avec du recul, toujours beaucoup plus haut que 2007.. 2011.. 2014.. et 2019 ! Il semble devoir rechercher comme plancher ses sommets d'avant covid donc en l'état ce n'est pas du tout la panique et puisque les ma...

à écrit le 22/02/2022 à 19:20
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Cette crise ukrainienne me conduit à boycotter la vodka...... .

le 23/02/2022 à 13:10
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De toute façon 90+ % des bouteilles de vodka sont frelatées et le peu qui ne le sont pas ont un goût de chaussette... Mieux vaut déguster occasionnellement un bon petit punch des îles.

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