C'est un "vendredi noir " qui a surpris les marchés. L'annonce d'un nouveau variant du coronavirus qui serait plus contagieux et plus résilient aux vaccins, selon des informations encore très fragmentaires, a jeté un vrai coup de froid sur l'ensemble des places boursières mondiales.
Dans la foulée du décrochage des Bourses asiatiques, les marchés actions européens ont largement plongé dans le rouge ce vendredi, avec notamment un indice parisien CAC 40 qui termine en recul de près de 5 %. Wall Street a également suivi le mouvement avec un indice Dow Jones en retrait de 2,5% en fin d'après-midi et de près de 4% pour le Nasdaq, qui regroupe les valeurs des entreprises technologiques.
Un même vent de panique a soufflé sur les marchés obligataires avec le retour du « flight to quality » au bénéfice des actifs les moins risqués, comme les emprunts d'Etat. Les rendements des emprunts de référence, comme le bon du Trésor américain ou le Bund allemand, perdent ainsi plusieurs points de base. « C'est le retour du risque sanitaire qui était complètement sorti des radars des marchés, plus préoccupés par les risques d'inflation et de remontée des taux », résume un gérant, interrogé par La Tribune.
La surchauffe s'éloigne
De fait, le « bruit » provoqué par ce variant et la mise en place des premières ensemble avoir balayé l'inflexion de l'inflation en novembre, la reprise de l'activité industrielle avec une résorption progressive des goulots d'étranglements, des indicateurs ISM dans le vert, des Etats-Unis à la Chine, et la baisse du prix des matières premières. Le pétrole a notamment décroché de plus de 10 % vendredi. En clair, l'heure n'est plus à la surchauffe de l'économie mais bien à la normalisation, aidée, il est vrai, par la cinquième vague de l'épidémie.
« L'économie de la zone euro poursuit son rebond mais l'augmentation du nombre de cas de Covid-19 et l'émergence d'un nouveau variant représentent de nouvelles difficultés potentielles », ont ainsi déclaré vendredi en Espagne des responsables de la Banque centrale européenne.
Sa présidente, Christine Lagarde, anticipe même un ralentissement de l'inflation à partir de janvier, dans un entretien accordé à la presse allemande, tout en rappelant « qu'elle agira si nécessaire » pour ramener la hausse des prix à 2% en rythme annuel. Mais le scénario d'une hausse des taux dès 2022, déjà très hypothétique, s'éloigne encore un peu plus. D'autant que les marchés ont désormais bien intégré l'idée d'une totale dissociation du tapering (réduction des rachats d'actifs par la banque centrale) et du calendrier de la hausse des taux.
Consolidation utile
En attendant, cette chute des Bourses n'est pas forcément un motif d'inquiétude. « Nous attendions cette consolidation comme dans le désert des Tartares », nous confie un gérant. En clair, les fonds actions, qui ont toujours beaucoup de cash à investir, seront tentés de reprendre du risque et d'accroître leur exposition aux actions pour profiter de nouvelles opportunités de marché.
Certaines valeurs ont en effet été massacrées, comme celles liées au trafic aérien, mais même les banques, qui bénéficient d'un regain d'intérêt depuis un an, ont décroché. C'est d'ailleurs le même scénario d'ailleurs qui s'est répété tout le long de l'année ! Chaque tentative de consolidation a vite été rattrapée par l'appétence des investisseurs pour les actions.
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